Le 27 mai 1916, mort du général Gallieni, tous les Français sont touchés de la disparition de cet officier de grande valeur. Après sa démissionné de son poste de ministre de la Guerre pour des problèmes de santé, notamment un cancer de la prostate, il meurt des suites d'une intervention chirurgicale dans une clinique de Versailles. Après des funérailles nationales organisées le jeudi 1er juin 1916 aux Invalides avec le défilé des troupes qui ont pris part à la bataille de l’Ourcq et qui reviennent du front pour un dernier hommage. Conformément à ses dernières volontés, il est inhumé auprès de son épouse dans le cimetière de Saint-Raphaël. Plus tard, il sera élevé à la dignité de Maréchal de France à titre posthume le 7 mai 1921
Subventions (CM du 28 mai 1916)
«Le Conseil, après lecture d’une circulaire de Mr le Préfet vote une subvention de 100 francs à l’œuvre d’assistance aux militaires tuberculeux. Et ouvre un premier crédit de 100 francs mis à la disposition de Mr Leblond, 1er adjoint, pour envois divers aux soldats de St-Leu prisonniers en Allemagne. Et enfin vote une subvention de 50 francs à l’œuvre d’assistance aux mutilés de la guerre ».
Mort du maréchal lord Kitchener, ministre de la guerre anglais, alors qu’il se rendait en Russie, avec tout son état major, à bord du croiseur cuirassé « Hampshire » qui a été coulé par les allemands le lundi 5 juin 1916. La France, frappée par la mort de Gallieni, s’associe au deuil de l’Angleterre.
juin 1916. Pendant que la majorité du public attend avec impatience la grande offensive qui doit abattre nos ennemis, le moral des habitants de Taverny (et je puis ajouter des Français en général) n’est pas des plus brillants. (8)
11 & 12 juin 1916 : « la Journée des prisonniers de guerre » 180 francs d’insignes vendu. (Quête avec remise d’insignes dans l’arrondissement de Pontoise). (4)
Le changement de l’heure, après des discutions passionnées, le projet Honnorat est adopté et entre en vigueur le 15 juin 1916 à titre d’essai jusqu’au mois d’octobre prochain. (Ce qui mettait la France et l’Angleterre à la même heure).
Voici comment s’est produit l’escamotage d’une heure dans la nuit du 14 au 15 juin 1916. A 11 heures du soir, ou plutôt pour parler réglementairement, à 23 heures, les aiguilles des pendules publiques furent placées sur 22 heures. A Taverny, la pendule de la mairie annonçait le 14 juin « 19 heures » à 20 heures… (8)
25 juin 1916 : « la Journée serbe ». La vente d’insignes a produit 197 francs (4)
Depuis, le 25 juin 1916, nous constatons que le bombardement devient de plus en plus dense. (8)
Le 28 juin 1916, vers 12h30, nous avons entendons plusieurs détonations plus puissantes qu’à l’habitude. Certains jours, soit que le vent soit favorable, nous entendons plus distinctement le grondement continu du bombardement (8)
La bataille de la Somme (1er juillet - 18 novembre 1916)
Joffre lance alors l’attaque franco-anglaise sur la Somme. Si elle n’est pas décisive, elle épuise néanmoins l’armée allemande. (6)
C’est ainsi que le samedi 1er juillet de 18h à 22h, le bruit de la canonnade ne cesse pas une minute. Quoique nous nous entendions au début de l’offensive franco-anglaise dans la Somme, les habitants de Taverny sont graves et soucieux en prêtant l’oreille pour mieux entendre. Nous avons tous confiance mais ce bruit infernal entendu à plus de 90km fait penser à ceux qui se trouvent sur le champ de bataille. Depuis plusieurs semaines, les conversations du public se rapportaient principalement à ce grand coup. Certaines personnes se rendaient à Montigny-Beauchamp, pour voir défiler les transports de troupes, de matériel et de munitions qui montaient en Picardie. Les employés de chemin de fer et les soldats nous racontaient les préparatifs de la grande offensive. Bref, ce ne fut pas une surprise pour nous lorsque les journaux annoncèrent le début heureux de l’offensive sur un front de 40 kilomètres. (8)
1er juillet le prix du lait est passé de 0.30 à 0.40 francs le litre. La population proteste. Un fermier voisin a augmenté de 5 centimes de plus par litre le prix du lait pris à sa ferme et de 10 centimes celui du lait livré : du coup les laitiers et nourrisseurs Domontois ont suivi. Mais la population dit que le moment est mal choisi, que le fourrage abonde et peut servir uniquement à la nourriture du bétail à défaut de « recoupette ou issue dont la cherté sert de prétexte ». On demande à la préfecture de ramener le lait à son prix initial. A la suite de quoi, on décide de munir le garde-champêtre d’une arme défensive (revolver). (4)
2 juillet 1916 le maire de Domont s’est rendu à Paris au siège d’un office de placement de médecins (ceux de Domont étant sous les drapeaux). La plupart des médecins disponibles exigent un logement et une garantie d’affaires journalières pour se déplacer. On a trouvé une doctoresse russe qui accepte de venir, à condition d’avoir un logement meublé. Une lettre de la sous-préfecture a donné l’assurance que Mme Agafonoff est en possession du diplôme de médecin et qu’elle est autorisée à exercer en France. (4)
En juillet 1916 : Le prix du gaz passe de 0.25 à 0.30 francs le mètre cube pour les usages domestiques et de 0.20 à 0.25 francs pour les usages industriels, à cause de « la crise du charbon » (4)
A Taverny, la fête nationale est bien triste. A part les monuments publics qui sont pavoisés de quelques drapeaux, le pays semble aussi morne. Après 24 mois de lutte, nous comptons plus de 50 tués à Taverny, sans tenir compte des disparus. Comment ne pas haïr la guerre, nous qui avons vu partir ces hommes et jeunes gens en pleine santé quittant leur famille et leur situation pour défendre la France. (8)
A Paris, le 14 juillet est consacré à la mémoire des morts pour la patrie. Le président de la république Raymond Poincaré, après avoir passé en revue les troupes belges, anglaises, russes et française, remit des diplômes aux familles des tués à l’ennemi. La cérémonie eut lieu au Grand Palais des Champs Elysées. Le président prononça un grand disc ours fort touchant. Les troupes alliées défilèrent dans les rues de Paris, ce fut du délire ; des fleurs furent jetées au passage des Russes, Ecossais, Canadiens, Annamites, cyclistes et lanciers belges, australiens, hindous, fusiliers marins, tirailleurs algériens, chasseurs à pieds etc. … Après ce défilé, Paris rayonne. Un élan de patriotisme et de confiance fait contraste avec l’an passé. De nombreux drapeaux français et alliés flottent partout. Les vendeurs et vendeuses de décorations de la journée de Paris 1916 font des affaires. De nombreuses jeunes filles décorent les soldats alliés, sans oublier les blessés et les mutilés qui remercient d’un sourire. La foule discute les dernières nouvelles. En France, tout se termine par des chansons mais cette fois la chanson patriotique domine. A certains carrefours, le soldat chante avec la midinette le succès du jour : « Ils ne passeront pas », « On les aura ». Un peu plus loin c’est : « Le chant du retour ». Puis la chanson gauloise « C’est des p’tites femmes qui nous manquent ». Et comme toujours la chanson sentimentale est fredonnée un peu partout avec : « Malgré tes serments » et « Souvenir de valse ». Tout d’un coup, une voix s’élève « V’là un Russe ». On se bouscule pour mieux approcher et vous constatez la farce ou la méprise car un colosse d’anglais à l’air de se demander pourquoi on cherche à le dévisager. Paris est toujours Paris. (8)
Causons un peu de Taverny au mois d’août 1916. Le pays est toujours calme. Depuis la guerre, la plupart des commerçants ont pris l’habitude de fermer pendant le déjeuner de midi et de fermer définitivement le soir à 8 heures et le coup d’œil est assez curieux de voir les boutiques closes en plein jour. Beaucoup de femmes ont loué des jardins et si dans la plaine un grand nombre de terrains sont en friches, par contre les jardins potagers sont en bon état. Malheureusement les vols deviennent de plus en plus fréquents. L’élevage des lapins et l’art de transformer les fruits en confitures ont augmenté depuis un an à Taverny. Parmi les nouveautés la pièce de 0.25 F trouée et le billet de 10F se trouvent collectionnées. Jusqu’ici on en voit peu en circulation. (8)
13 août 1916 le ballon prévu pour la fête aéronautique de 1914 n’a pas servi par suite de « la suppression des réjouissances publiques ». Ce ballon a été étendu dans les classes de l’école des garçons, où il a séjourné un certain temps. (4)
dimanche 20 août 1916 « un Concert Patriotique » organisé dans les jardins de l'Hôpital 104 par le comité de SAINT-LEU-TAVERNY-BESSANCOURT de l'Union des Femmes de France au programme « Petits Pages et Triboulets » (1)
L’émotion a été à son comble par deux fois en peu de jours à Taverny. Le 25 août 1916, une série d’explosions dans la soirée jette l’alarme. Le ciel est embrassé par moment pour quelques minutes. Un grand nombre de personnes montent sur les coteaux et dans la forêt pour se rendre compte. Des légendes circulent de bouche en bouche. Le lendemain nous connaissons l’incendie de Saint-Denis dans l’usine Ruggiéri qui fabriquait pour l’armée des fusées éclairantes.
Le 29 août 1916, une violente et proche canonnade attire l’attention. Les projecteurs sont en action. Des hommes montent sur les toits des maisons sans pouvoir se renseigner. Que s’est-il passé ? … Mystère. (8)
Le 27 août 1916, la Roumanie déclare la guerre à l’Autriche-Hongrie.
Le 28 août 1916, l’Allemagne déclare la guerre à la Roumanie.
Le 28 août 1916, l’Italie déclare la guerre à l’Allemagne. Rappelons que l’Italie, depuis le 23 mai 1915, est en guerre avec l’Autriche, le 21 Août 1915 en guerre avec la Turquie, le 19 octobre 1915 en guerre avec la Bulgarie.
Le 1er septembre 1916, la Bulgarie déclare la guerre à la Roumanie.
Les édifices sont pavoisés en l’honneur de l’Italie et de la Roumanie. (8)
Le 30 septembre 1916, changement d’heure
Vers la mi-octobre, une épidémie de fièvre scarlatine se déclare à Taverny suivie d’un cas mortel. Les écoles sont désinfectées et fermées pour un certain temps. Je crois intéressant de rappeler que depuis la mobilisation notre commune se trouve privée de médecins. Bessancourt est dans le même cas. Les 2 médecins de Saint-Leu (et tout dernièrement un seul, le docteur Barau ayant reçu son ordre de mobilisation) reste seul pour donner les soins aux malades de notre région. (8)
« C’est la guerre ! ». Tel est le titre des principaux articles des journaux au mois de novembre 1916. Les répercussions de cette terrible catastrophe commencent à se faire sentir sérieusement : la crise des transports est suivie forcément de la crise du charbon. La crise du charbon nous gratifie de la crise du gaz et de l’électricité. Nous avons vu la société électrique Ouest-Lumière dans l’impossibilité pendant quelques jours de fournir le courant réglementaire. Il en a été de même à Versailles pour la compagnie de gaz. Le conseil municipal de Blanc-Mesnil est démissionnaire pour la raison du manque de chauffage des écoles faute de charbon… Il faut donc nous attendre à de nouvelles réformes concernant l’éclairage, le chauffage, l’alimentation etc. (8)
Le 11 décembre 1916, le député Brizon provoque un violent incident à la chambre. Ce député socialiste dit que « si le sang français coule encore, c’est pour donner Constantinople à la Russie. » Des protestations s’élèvent. Brizon jette son verre et le plateau dans la direction de M. Bouge qui veut le faire descendre de la tribune. Après ce scandale, la chambre vote l’exclusion du député Brizon.
Les 11 & 12 novembre 1916 : « Journée des Orphelins de la Guerre » (149F). (4)
M. Malvy, ministre de l’intérieur, décide de faire fermer tous les magasins (sauf les maisons concernant l’alimentation) à 6heures du soir à partir du 15 novembre 1916. L’économie d’éclairage servira aux usines de guerre. Création d’une taxe sur les repas chers dans les restaurants. Les théâtres et les cinémas devront fermer une fois par semaine. A la suite de protestations contre l’excentricité de certaines toilettes subventionnés le port de la toilette de soirée. (8)
19 novembre 1916 : la sage-femme de Domont, expose qu’en l’absence de médecin, elle a donné des soins aux malades et aux enfants de la commune depuis le début de la guerre et que le petit nombre d’accouchements réduit considérablement son salaire, et « qu’en présence des difficultés de la vie » elle sollicite une subvention de 300F par an. (Mme Agafonoff étant partie, le maire a obtenu que le major Francey, en détachement à Domont, étende ses services à la population civile (4)
Le mercredi 22 novembre 1916, nous apprenons la mort de l’empereur de l’empereur d’Autriche-Hongrie François-Joseph au château de Schoenbrunn. Cette disparition (tant de fois annoncée depuis la guerre) est connue avec indifférence mais pas sans imprécations car ce Habsbourg est considéré comme le principal auteur de la guerre actuelle. (8)
Ce ne sera qu’à la fin de 1916, après 29 mois de conflit, que Dreyfus quittera enfin le camp retranché de Paris. Mais, durant cette longue période, par sa situation extérieure au front et par sa lecture régulière des journaux, il bénéficie d’un certain recul pour analyser les événements. (5
Le mois de novembre 1916 se termine d’une façon assez mauvaise pour le moral des français déjà si éprouvé. Les personnes les plus optimistes commencent à trouver la victoire bien problématique. Les soldats, qui espéraient la défaite allemande pour 1916, sont énormément déçus. La vie chère devient de plus en plus inquiétante … pendant ce mois de novembre, nous avons vu le gouvernement prendre des mesures un peu tardives et qui soulèvent bien des protestations. Il y a de beaux jours qu’en Allemagne tout est taxé, limité, rationné ; (8)
Le 24 décembre 1916, à Taverny, un grand concert est donné dans la salle des fêtes au profit des blessés de l’hôpital 104 de Saint-Leu-Forêt. (8)
Ce ne sera qu’à la fin de 1916, après 29 mois de conflit, que Dreyfus quittera enfin le camp retranché de Paris. Mais, durant cette longue période, par sa situation extérieure au front et par sa lecture régulière des journaux, il bénéficie d’un certain recul pour analyser les événements. (5)
APRES GUERRE les Troncs pour quête
Durant les années d’après guerre, la société française vit dans le culte du souvenir de la «Grande Guerre ». Les monuments aux morts fleurissent dans les villes et villages. Les anciens combattants, les invalides, les orphelins, les veuves témoignent des souffrances humaines endurées pendant quatre années de guerre. Les villages rasés par les bombardements, les milliers de ponts, les kilomètres de routes ou de voies ferrées détruits, les champs incultivables rappellent la violence de la guerre industrielle. De nombreux objets symbolisent cette période où il faut reconstruire et réapprendre à vivre en paix.
Les troncs de l’association du « Bleuet de France » : association créée en 1916 à l’initiative de Madame Malleterre, fille du gouverneur des Invalides et de madame Lenhardt, infirmière. Toutes deux très impressionnées par les souffrances des invalides de guerre, elles décidèrent de les aider en leur faisant confectionner des fleurs de bleuet en tissu, par la suite vendues. Le bleuet devient pour les anciens combattants le symbole du Souvenir et de la Nation.
1917
L’année 1917 est plus que morose pour les combattants. L’échec des attaques françaises a démoralisé les troupes ; c’est l’époque des mutineries et des représailles qui en découlent. A l’intérieur, les grèves s’étendent. Le côté positif, pour les alliés – il est de taille – est l’entrée en guerre des Etats-Unis d’Amérique. (6)
8 janvier 1917 Début d'un important mouvement de grèves à Paris et en province touchant jusqu'aux usines d'armement.
Quelques esprits affolés nous annoncent que l’année 1917 sera « l’année du jeûne », « l’année de la ceinture ». Ce qu’il y a de certain, c’est que des nouveaux tarifs et des nouvelles taxes sont en vigueur à partir d’aujourd’hui 1er janvier 1917 sur les : correspondances postales, toutes espèces de tabacs, impôts sur le revenu, taxes assimilées (voitures, billards, cercles etc.…) taxe sur les bénéfices de guerre, taxe sur les valeurs mobilières, taxe sur les théâtres, taxe sur les boisons, taxe sur les eaux minérales, taxe sur les spécialités pharmaceutiques, taxe sur les denrées coloniales, taxe sur les sucres. Je dois avouer pour parler franchement que le découragement a fait du progrès. Les pessimistes ont gagné du terrain. Il faut reconnaître que peu de familles ne sont pas éprouvées du fait de la guerre ; les victimes augmentent sans cesse. En plus, le temps pluvieux que nous subissons, les nouveaux appels, les nouvelles taxes, la crise des transports, le manque de charbon, la vie chère etc. … ne sont pas faits pour remonter les esprits abattus. (8)
Où sont donc nos idées d’août 1914, après cette mobilisation parfaite, quand nos braves pioupious en képi et culotte rouge partaient confiants avec l’espérance de battre l’Allemagne en quelques mois. Aujourd’hui nos poilus, casqués, habillé en bleu horizon, gris ou kaki, portant le masque contre les gaz et un peu plus fièrement les brisques et la fourragère sont enterrées dans la boue des tranchées et démontrent à tous nos erreurs et nos mauvais calculs. (8)
A Taverny, nous voyons tous les jours défiler les camions qui transportent de Soisy à Bessancourt de la poudre dans la carrière de Monsieur Rouzée. (8)
Le mercredi 10 janvier 1917, l’école communale des garçons est fermée, faute de charbon. Réouverture le 12. Le manque de charbon en plein hiver est une des principales causes. Lorsque deux personnes se rencontrent au début de 1917, la première question posée est celle-ci : « avez-vous du charbon ? ». Les charbonniers qui disposent de temps en temps de quelques sacs aussitôt enlevés sont en butte à toutes les récriminations. Le charbon manque, le peu qui est livré est cher et de mauvaise qualité. (8)