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Mars 1915 : diminution de l’éclairage public est prescrite. L’éclairage sera réduit de moitié dès le 1er avril (un bec sur deux). (4)
26 mars 1915 : «la journée scolaire serbe ». Souscription de 50F. (4)
Louis Pergaud est un instituteur et romancier français né à Belmont (Doubs), le 22 janvier 1882 et mort pour la France le 8 avril 1915, peu après la bataille de la Woëvre, près de Marchéville-en-Woëvre (département de la Meuse). Il est l'auteur de De Goupil à Margot, prix Goncourt 1910, et de La Guerre des boutons, paru en 1912.
En août 1914, Louis Pergaud est mobilisé dans l'armée française comme sous-lieutenant au 166e régiment d'infanterie cantonné à Verdun. Il sert en Lorraine sur le front Ouest, pendant l'invasion allemande. Le 7 avril 1915, son régiment lance une attaque contre les lignes allemandes : piégé dans les barbelés, il est blessé par balles. À la fin de l'offensive, l'écrivain comtois n'est pas parmi les rescapés.
Louis Pergaud en tenue militaire
On croit maintenant que, plusieurs heures plus tard, les soldats allemands sont venus à son secours, et l'ont emmené avec quelques-uns de ses camarades dans un hôpital provisoire. Ce bâtiment, situé à Fresnes-en-Woëvre, serait détruit par un tir de barrage de l'armée française le 8 avril. Louis Pergaud, et de nombreux compatriotes, ont été au nombre des victimes. Son corps n'a jamais été retrouvé.
Mort du soldat François Faber, cycliste qui avait gagné le tour de France en 1909 dont il tira comme surnom Le Colosse de Colombe. Du 2ème régiment de marche du 1er régiment étranger, il fut mortellement blessé le 9 mai 1915 dans le Pas-de-Calais lors de la terrible attaque des Ouvrages Blancs.
23 & 24 mai 1915 : « les journées françaises ». La vente des insignes a produit 250F ; subvention municipale de 100F. (4)
Un fermier d'Epiais-Rhus, mobilisé dès le commencement de la guerre, passait pour disparu aux yeux de tous, car personne ne pouvait donner de ses nouvelles. Or, hier, la gendarmerie de Marines ayant fait une descente dans a ferme ne tarda pas à découvrir un être étrange à la barbe et à la chevelure démesurée, sorte de dément pitoyable et méconnaissable. C’était Y…, qui, déprimé par la vie du front et vraisemblablement inconscient de ses actes, était venu, voilà de long mois, se cacher chez lui, loin du cauchemar affolant de la bataille. On l’a emmené (la Tribune du samedi 24 avril 1915)
Mort d’Albert Louis Thierry, Intellectuel libertaire, né le 25 août 1881 à Montargis et mort au front le 26 mai 1915 à Aix-Noulette, est un instituteur, écrivain et syndicaliste français Antimilitariste au moment de son service militaire en 1902-1903, quand il refuse de faire le peloton d'officiers, il se laisse gagner par l'élan patriotique de l'Union sacrée de 1914. Parti sur le front début septembre 1914 comme soldat au 28e régiment d'infanterie, il est tué le 26 mai 1915 à Aix-Noulette, à la Tranchée des Saules, à 33 ans. Selon son acte de décès, il est déclaré mort à 16 heures par un éclat d’obus reçu à la tête. Comme beaucoup d’autres de ses compagnons, il repose probablement dans l’un des ossuaires de la nécropole nationale de Notre-Dame-de-Lorette.
Dommage de guerre (CM du 30 mai 1915)
« Le Conseil procède à l’élection d’un délégué et d’un suppléant pour la commission chargée de l’évaluation des dommages causés par la guerre ».
La Journée Française (CM du 30 mai 1915)
« Monsieur le maire informe le conseil que la quête faite au profit de la « journée française » a produit 719 francs et cinquante centimes ».
Bureau de bienfaisance (CM du 30 mai 1915)
« Mr le Président expose que les ressources du bureau de bienfaisance ne peuvent faire face aux dépenses extraordinaires de secours occasionnés par la guerre. Le Conseil après délibération vote à l’unanimité une somme de 5.000 francs pour faire face aux dépenses diverses courantes et aux secours de toute nature aux nécessiteux ».
Le 20 juin 1915 : « la journée de l’orphelinat des armée ». Vente d’insignes pour 220F ; subvention municipale de 100F. (4)
Prix du Gaz (CM du 27 juin 1915)
« Il est dit dans le procès-verbal du 21 juin courant que satisfaction est d éjà donnée à la première demande de la Compagnie du Gaz concernant la réduction de l’éclairage public. Quant à l’augmentation du prix du Gaz, la question est mise d’urgence à l’étude et il est demandé à la Compagnie de surseoir à la dite augmentation qui devrait avoir son effet à partir du 1er juillet prochain augmentation contre laquelle municipalités représentées proteste jusqu’à nouvel ordre ».
Marché de St-Leu (CM du 27 juin 1915)
« Le Conseil après s’être mis d’accord avec l’entrepreneur du marché d écide qu’il reprendra son service au premier juin courant moyennant une rétribution de 100 francs par mois, pendant la durée de la guerre seulement ».
Quête au profit des Orphelins de la Guerre (CM du 27 juin 1915)
« Le Conseil municipal à l’unanimité , regrette le refus des dames de la Croix-Rouge de prêter leurs concours à la quête qui a eu lieu ce jour, au profit des orphelins de la guerre. Ce refus est motivé par l’avis qui leur en a été donné par Mr le Curé de St-Leu sur l’ordre de ses supérieurs ».
Le 27 juin 1915 : le service public du téléphone est suspendu depuis le début des hostilités, mais le bureau de poste demeure ouvert à midi et le soir. Les frais de ce service supplémentaire incombent tout entiers à la commune, mais on maintient le statu quo en raison des services que le bureau de poste peut rendre actuellement à l’armée et au public pendant les heures supplémentaires d’ouverture. (4)
Quête au profit des Orphelins de la Guerre (CM du 4 juillet 1915)
« Monsieur le Maire informe le Conseil que le produit de la quête faite au profit des orphelins de la guerre a été de 584,55 francs net ».
Réquisition (CM du 4 juillet 1915)
« L’administration des postes ayant réquisitionné un cheval et une voiture à Mme Gallée boulangère, pour une période de 9 jours, le Conseil décide que le motif invoqué pour le non paiement ne pouvant être valable, l’administration des postes doit solder à Mme Gallée la somme de 45 francs montant de la réquisition ».
Distribution des prix (CM du 4 juillet 1915)
« Le Conseil décide, qu’en raison des évènements la distribution des prix aux élèves des écoles n’aura pas lieu cette année, que la remise des prix spéciaux et legs sera ajournée jusqu’à la fin de la guerre. Toutefois une lecture du palmarès sera faite dans les classes à une date qui sera ultérieurement désignée ».
Classes de vacances (CM du 4 juillet 1915)
« Le Conseil décide qu’il n’y a pas lieu, cette année, de faire de classes de vacances, mais par contre, informe les intéressés que la garderie et la cantine scolaire fonctionneront comme par le passé, du 16 juillet au 16 septembre, sauf pendant quelques jours pour le nettoyage et les réfections nécessaires et qu’une somme de 100 francs sera allouée à Melle Ladoné pour ce service ».
Quête au profit des Orphelins de la Guerre (CM du 4 juillet 1915)
« Le Conseil municipal au sujet du rapport fait à la précédente réunion sur le prétendu refus des dames de la Coix-Rouge de prêter leur cocours à la quête faite au profit des orphelins de la Guerre, après avoir entendu les explications de Mme Deleau, Directrice qui regrette le refus des jeunes filles désignées à cet effet, reconnait que les Dames de France n’ont donné aucun ordre pour empêcher cette quête ».
Le 13 août 1915 les territoriaux creusent des tranchées à l'Isle-Adam,
13 août 1915, cantonnement du Génie à Frépillon (équipages de ponts)
21 août 1915 : on a acheté 200hl de coke pour 520F – à 2.60F l’hectolitre soit une augmentation d’un franc en huit mois– (4)
On versera une indemnité à certains pompiers qui ont « exercé » sept mois en 1914. Après le départ des pompiers à l’armée, les Domontois bénévoles les remplacent. (4)
Le samedi 28 août 1915, vers midi nous entendons une canonnade assez proche. Peut-être des exercices de tir ? Dans la soirée, nous apprenons que plusieurs aviatiks cherchèrent à survoler Paris. Deux seulement réussirent à pénétrer sur la banlieue. L’un parvint jusqu’à Montmorency où il lança plusieurs bombes qui ne firent que peu de dégâts, mais aussitôt cerné par nos avions ; il dut battre en retraite. En passant à proximité des batteries et des forts, il reçut une formidable bordée de nos 75. Nos aviateurs parvinrent à le rattraper au-dessus de la forêt d’Hallatte entre Senlis et Creil.
Le mercredi 1er septembre 1915, à la lecture des journaux, trois mots sortent avec tristesse de toutes les bouches : « Pégoud est mort ». Adolphe Pégoud était un des plus populaires de nos aviateurs. Il s’était rendu célèbre par sa hardiesse et son sang-froid bien avant la guerre. (8)
Il réalise le 21 septembre 1913 une série de figures acrobatiques et termine son programme en « bouclant la boucle », l'un des tout premier looping, c’est la gloire. Toute la presse s’empare de l’événement. Il est acclamé, ovationné. Ses exhibitions sont plébiscitées partout en Europe jusqu’en Russie. Sa popularité est sans égale, y compris en Allemagne.
Adolphe Pégoud fut le premier à effectuer un looping.
"Si je meurs, ce ne sera
qu'un aviateur de moins.
Si je réussis que d'existences
précieuses conservées à l'aviation"
Paroles de PEGOUD avant son premier vol renversé
En avril 1915, il est affecté à l'escadrille MS 49 à Belfort. Le 18 juillet, il remporte sa sixième victoire aérienne, (ne sont comptabilisés que les avions ennemis tombés dans nos lignes) ce qui lui vaut une seconde citation à l'Ordre de l'Armée et devient officiellement le premier « As » de la guerre 1914-1918.
Mort de Jules Auguste Leroux, né le 11 décembre 1880 à Villers-Semeuse (Ardennes) et tué à l'ennemi le 16 juin 1915 à Roclincourt, est un écrivain et un poète français certains le considèrent comme l’inventeur du roman ardennais. Volontaire en 1914, Jules Leroux est blessé à la main. Guéri, il remonte au front. Nommé caporal au 41e régiment d'infanterie le 14 juin 1915, il disparaît deux jours plus tard le 16 juin 1915 aux combats à Roclincourt; par jugement du tribunal de Douai, le décès est transcrit le 3 mai 1921 à Douai. Jules Leroux est déclaré «Mort pour la France».
Dans quelques textes, il évoque ses tâches et la proximité du front. […] ayant pas mal circulé en ce moment pour l’exécution de travaux de batterie (26 août 1915).
Nous avons reçu hier la visite de deux Fokker qui nous ont envoyé cinq bombes, tombées dans un rayon de 500 m autour de nous. Personne n’a été atteint ici (29 août 1915) {5}.
Les officiers supérieurs étaient chargés de visiter les blessés dans les hôpitaux de la région. C’était une mission très pénible et qui vous arrachait le cœur. Un jour que je m’approchais d’un jeune blessé de vingt ans, amputé des deux jambes et que je cherchais à le consoler, il me dit en montrant son voisin aveugle, ce mot touchant : « Je plains davantage celui qui est à côté de moi et qui ne peut plus jouir de la vue des prés, des arbres, des fleurs{5}. »
Malheureusement, au matin du 31 août 1915, le sous-lieutenant Célestin Adolphe Pégoud mène son dernier combat. Il est opposé seul au caporal Otto Kandulski et au mitrailleur lieutenant Von Bilitz. Pégoud est abattu d'une balle en plein cœur à 2 000 m d'altitude au-dessus de Petit-Croix, à l'est de Belfort, à l'âge de vingt-six ans. Il vient d'être nommé au titre de Chevalier de la Légion d'honneur avec attribution de la Croix de Guerre avec palmes. Il ne le sut jamais. Le 6 septembre, l'équipage allemand revient sur les lieux du combat et y lance une couronne de laurier portant l'inscription « À Pégoud, mort en héros pour sa Patrie ». Le 18 mai 1916 le pilote français Roger Ronserail abat lors d'un combat aérien l'Allemand Otto Kandulski et venge ainsi la mort d'Adolphe Pégoud. L'exploit de Roger Ronserail lui vaut l'appellation « du vengeur de Pégoud ».
Aujourd’hui 4 septembre 1915, le pays est bien calme ; Quelques Parisiens, ont loué une villa comme en temps ordinaire. Bien des maisons inhabitées l’année dernière sont occupées par des émigrés ou par la troupe. A voir l’aspect de Taverny, on ne se douterait pas qu’à vingt lieues à peine se trouve le champ de bataille. La moisson s’est faite tôt et dans d’assez bonnes conditions. Malheureusement nos départements envahis vont provoquer un déficit de rendement. Les achats de blés dans les pays étrangers étant payables en or, on nous laisse entendre que nous arriverons à manger du pain mélangé. (8)
La vie est chère, presque tous les articles commerciaux sont majorés assez fortement. Il est certain que comme partout, la guerre est le sujet des conversations et des discutions. (8)
10 septembre 1915 : on apprend que la remise des drapeaux aux régiments de la 104ème division territoriale aura lieu dans la plaine, entre Moisselles et Bouffémont. (4)
18 septembre 1915 : « la journée de Seine-et-Oise » (138F). (4)
Le Comité Jacquet
Eugène Jacquet, grossiste en vin, secrétaire général de la Fédération du Nord de la Ligue des Droits de l’Homme, socialiste franc-maçon et pacifiste, s’est rallié en 1914 à l’Union sacrée. Il parle couramment anglais pour avoir résidé aux U.S.A. et en Grande-Bretagne. Avec des amis, Georges Maertens, Ernest Deconninck et le Belge Sylvère Vehulst, il met sur pied, avec l’appui du préfet Trépont, un réseau d’évasion et de renseignements. On y trouve outre les frères Plouvier, industriels du textile qui donnent des subsides, des fraudeurs professionnels qui assurent le convoyage (Gaston Lécuyer, Léon Vestens ou Hyppolyte Cloots) ainsi que Jean Vandenbosch chargé du renseignement.
Le Comité Jacquet est démantelé à la suite de l’affaire Mapplebeck. En mars 1915, un avion britannique est contraint, après avoir bombardé le quartier d’Esquermes à Lille, d’atterrir à Wattignies. Pris en charge par le réseau Jacquet et rapatrié en Grande-Bretagne, le pilote Mapplebeck survole de nouveau Lille et largue une lettre où il se moque du gouverneur Heinrich. Trahis par un certain Richard (qui sera condamné à la déportation en 1919), les membres du réseau sont arrêtés et les Allemands découvrent, caché dans le bras d’un fauteuil, le journal de l’aviateur. Plus de 200 personnes sont arrêtées. Jacquet est condamné à mort par le Tribunal militaire de Lille le 21 septembre 1915, ainsi que Verhulst, Maertens et Deconinck. Ils sont exécutés le 22 à l’aube. Les autres membres du Comité sont condamnés à des peines de prison et à la déportation.
Mort du comte Léon de Montesquiou-Fézensac, né le 14 juillet 1873 à Briis-sous-Forges et mort pour la France le 25 septembre 1915 à Souin, est un essayiste et militant royaliste et nationaliste français. A la déclaration de guerre, Léon de Montesquiou s'engagea comme soldat dans l'armée territoriale, puis fut officiellement réintégré - à la suite d'une intervention de Charles Maurras auprès de Poincaré - le 17 septembre 1914 dans l'armée d'active. Il fut promu lieutenant et affecté au 2° régiment de la Légion étrangère. Il combattit dans l'est de la France puis en Champagne et retourna à la foi de son enfance. Il fut tué le 25 septembre en sortant d'une tranchée pour monter à l'assaut. Il fut cité à l'ordre de l'Armée.
26 septembre 1915 : « la Journée des éprouvés de la guerre ». La quête produit 443 Francs. (4)
Le dimanche 26 septembre 1915, la presse française organise la journée des éprouvés de la guerre. Des pochettes renfermant des dessins ou des billets de loterie sont remises, moyennant votre offrande. (8)
Mort d’Amédée Guiard né à Gien le 5 janvier 1872 – mort au Bois de la Folie, en Artois, 28 septembre 1915, c’est un écrivain français mobilisé lors de la première guerre mondiale, il tombe au front à quarante-trois ans.
Dans l’arrondissement de Pontoise, on comptait 2000 réfugiés en septembre 1914. Au 1er octobre 1915 le nombre de réfugiés s’élevait à 7086 dont 1972 Belges le reste est principalement des départements de l’Aisne, Nord, Marne, Ardennes, Somme, Pas-de-Calais, Oise, Meuse, Meurthe et Moselle, Alsace-Lorraine. Ces malheureux résident dans 143 communes. (A Saint Leu il y a 10 réfugiés qui travaillent sur 96 valides). (8)
Résistance
Cavell est agent du Secret Intelligence Service britannique (également connu sous la dénomination de MI6). Cependant, elle abandonne ses devoirs d'espionne afin d'aider des centaines de soldats alliés à passer de la Belgique occupée vers les Pays-Bas neutres grâce à un réseau d’évasion organisé par des Belges de la région de Mons et des Français de la région de Lille, en violation de la loi militaire imposée par les occupants politiques. Le mot de passe du réseau était « Yorc » soit, l'anagramme de « Croy » (du nom de famille de la princesse Maria de Croÿ qui participait au réseau).
Arrestation et exécution
En juin 1915, deux hommes se présentent à l'institut comme soldats français en fuite. L'un deux est Georges Gaston Quien, l'autre est un agent allemand infiltré se prétendant aviateur.
Les arrestations des membres du réseau débutent le 31 juillet 1915 par celles de Philippe Baucq et Louise Thuliez puis le 5 août par celles d'Edith Cavell, de la comtesse Jeanne de Belleville et de la princesse Marie de Croÿ. Louise de Bettignies sera, elle, arrêtée le 20 octobre 1915.
Parmi les coïnculpés figurent également de nombreux autres patriotes comme le pharmacien Louis Severin, l'avocat Albert Libiez, les cafetiers Pansaers et Rasquin, ou l'aubergiste, cabaretier et maçon François Vandievoet.
Tous sont incarcérés à la prison de Saint-Gilles et jugés les 7 et 8 octobre 1915. Edith Cavell ne se défend pas, admettant les actes qui lui sont reprochés. Six des accusés sont condamnés à mort le 11 octobre 1915 à 17 h.
Pour faire cesser les protestations internationales conduites par Brand Whitlock et le marquis de Villalobar, les juges : Werthmann, lieutenant-colonel, Stoeber, conseiller du conseil de guerre, et Duwe, assesseur du conseil de guerre, font exécuter Philippe Baucq et Edith Cavell le lendemain à 2 heures au Tir national, un site militaire (aujourd'hui un mémorial), où elle est enterrée.
Louise Thuliez, Jeanne de Belleville, Louis Severin et Albert Libiez voient leur condamnation à mort muée en peine de prison à perpétuité. Les autres inculpés sont condamnés à des peines de prison.
Octobre 1915, Saint-Leu-Taverny change une fois de plus de nom et devient Saint-Leu-la-Forêt. (1)
Première mention de Saint-Leu-la-Forêt (CM du 17 octobre 1915)
Les lanternes à gaz de l’éclairage public ne sont plus allumées depuis un an environ (4)
Depuis l’ouverture des hostilités, une grande partie des maisons situées dans la zone de défense ont été démolies (aux Vinciennes, il reste cinq ménages sur quatorze). (4)
Le samedi 30 octobre 1915, nous connaissons officiellement la composition du nouveau ministère. Le ministère d’Aristide Briand succède au ministère Viviano. Le général Gallieni est nommé ministre de la Guerre. (8)
Dans les premiers jours du mois de novembre, les journaux sont vides de nouvelles militaires et pessimistes sur la question balkanique. On intéresse plutôt le public sur l’assassinat de miss Edith Cavell, infirmière anglaise, condamnée à mort par les allemands de Belgique. (8)
Le 8 novembre 1915, nous apprenons officiellement que le général Maunoury succède au général Gallieni, comme gouverneur militaire de Paris. Cette nomination est très bien accueillie le public se souvient du rôle heureux qu’il joua pendant la bataille de l’Ourcq. Et ce fut avec peine que nous apprenions la grave blessure du général Maunoury, dans le secteur de Soissons le 12 mars de cette année. En inspectant une tranchée de première ligne, en compagnie du général de Villaret, une même balle les blessa tous les deux. Le général Maunoury perdit l’œil gauche. (8)
Tir au canon
En exécution des ordres du Gouverneur Militaire de Paris, des tirs d’essai de 75 doivent avoir lieu à Frépillon, le jeudi 11 novembre 1915 de 9h à 10h.
L’évacuation de la zone dangereuse ne sera pas exigée en ce qui concerne les habitations, le danger qui ne provient que de la chute de grenaille n’existant que dans les terrains découverts.
Les habitants pourront donc rester dans les maisons ou abris en s’éloignant des ouvertures.
Les portes et fenêtres seront ouvertes pour éviter les bris de vitres. L’accès de la zone dangereuse sera interdit par des vedettes. (Bessancourt)
Le dimanche 28 novembre 1915 a lieu dans notre département la « Journée de Seine-et-Oise en faveur des éprouvés de la guerre. (8)
« La journée de Seine et Oise » du 28 novembre 1915 a produit 378,95 francs.
(CM du 26 décembre 1915)
Mort du sergent au 18e régiment d'infanterie Georges Jordic-Pignon dit « Jordic » illustrateur et peintre français, né le 5 janvier 1876 à Philippeville (Algérie département Constantine) et mort pour la France le 28 novembre 1915 de suite de blessures de guerre dans l'ambulance 5/170 à Houdoins (Pas-de-Calais).
Le 25 décembre 1915 : « la Journée du Poilu (135 francs). (4)
Le 25 et 26 décembre 1915, au profit de nos soldats : « Journée du Poilu ». (8)
Téléphone (CM du 26 décembre 1915)
«Le Conseil autorise la prise d’un abonnement au téléphone pour les besoins de la mairie ».
Etrennes (CM du 26 décembre 1915)
«Le Conseil alloue 10 francs d’étrennes au facteur Lacombe et 5 francs à Melle Ban porteuse des dépêches ».
Dépêches (CM du 26 décembre 1915)
«Le Conseil adopte les propositions de Mme Minel pour le port des dépêches à domicile en 1916 moyennant une rétribution de 65 francs par mois ».
Félicitations aux instituteurs et institutrices (CM du 26 décembre 1915)
«Après lecture par Mr le maire d’un rapport de Mr Lecoq directeur de l’Ecole communale des garçons sur les travaux scolaires et les envois de vêtements et paquets divers aux soldats ainsi que les visites d’élèves aux blessés à l’hôpital militaire. Le conseil adresse à Mr et à Mme Lecoq ainsi qu’à Mme Cochois Directrice de l’Ecole des Filles et à leurs dévoués collaborateurs ses sincères remerciements pour ces œuvres patriotiques. Remercie également Melle la Directrice de l’Ecole maternelle pour les soins particuliers qu’elle apporte aux jeunes enfants de la commune ».
Laine pour les soldats (CM du 26 décembre 1915)
«Le Conseil alloue une somme de 100 francs à Mme Cochois pour l’achat de laine destinée aux travaux exécutés par les élèves pour les soldats du front ».
Titres de rentes (CM du 26 décembre 1915)
«Deux titres de rentes de 5 francs ayant été souscrits par les Ecoles de Garçons et de Filles, il sera décerné chaque année par les soins de la caisse des Ecoles un livret de caisse d’épargne à deux élèves méritants fille et garçon autant que possible orphelins de la guerre ».
Tableaux d’honneur (CM du 26 décembre 1915)
«Le Conseil décide l’affichage à la porte de la mairie du nom des braves de St-Leu tombés pour la patrie et de ceux qui ont obtenus des citations ou distinctions honorifiques et vote les crédits nécessaires pour la confection de ces tableaux d’honneur ».
Rééducation des mutilés (CM du 26 décembre 1915)
«Mr le maire informe les habitants de la commune qui désireraient participer à la rééducation des blessés qu’une œuvre d’assistance aux mutilés est instruée à Versailles pour le Département de Seine et Oise ».
Remerciements aux demoiselles qui quêtent pour les œuvres de bienfaisance (CM du 26 décembre 1915)
«Le Conseil remercie les demoiselles qui apportent leur concours aux quêtes faites pour les soldats ».
1916
Au premier janvier 1916, parmi les deux groupes de belligérants nous comptons d’une part nos amis : le Monténégro, la Serbie, la Belgique, le Japon, l’Italie, la Russie, l’Angleterre et la France. D’autre part nos ennemies : la Bulgarie, la Turquie, l’Autriche, Hongrie et l’Allemagne. Quoique la majorité des puissances en guerre soit européenne, les épisodes heureux ou malheureux de la guerre mondiale se poursuivent dans les 5 parties du monde. (8)
Comme conclusion à cet immense champ d’opération,
Nos ennemis tiennent :
-la Belgique (sauf une petite partie), 8 départements français partiellement (sauf les Ardennes en entier) la Pologne, la Serbie, une partie de la Russie et du Monténégro et viennent de s’ouvrir un débouché par les Balkans.
Les alliés tiennent :
- la maîtrise de la mer (à part quelques ennuis causés par les sous-marins ennemis et la contrebande neutre), la plus grande partie des Colonies Allemandes, une petite partie de l’Alsace et quelques territoires autrichiens et turcs. (8)
Beaucoup de soldats permissionnaires ont pleine confiance et leur conversation se résume en ces mots « on les aura ». Un dessin de Torain, représentant deux soldats dans une tranchée se posant cette réflexion « Pourvu que les civils tiennent » fut l’objet de bien des conversations. A vrai dire, le moral des civils n’est pas aussi bon que celui des soldats, mais les uns et les autres se soumettent aux exigences de la guerre. (8)
De tout temps, il y eut des affaires retentissantes. La guerre ne les supprima nullement. Parmi les principales : l’affaire Desclaux (vol au détriment des soldats). L’affaire du docteur Lombard (réformes frauduleuses), marchés de la guerre (escroqueries) firent couler beaucoup d’encre. (8)
Les conversations roulent beaucoup pour Emilienne Moreau l’héroïne de Loos dont le Petit Parisien publie les mémoires. Cette jeune fille fut décorée de la croix de guerre à Versailles. (8)
Engageons cette petite revue de fin d’année sur Taverny. La vie chère comme partout. La culture se poursuit malgré le manque de bras. Les commerces alimentaires souffrent plutôt de la hausse des denrées que du manque de vente. L’industrie subit plus gravement la crise : majoration des matières premières et diminution de travail. Le bâtiment est complètement arrêté. Les rentiers possédant des valeurs étrangères se trouvent gênés. Les propriétaires ne touchent pas leur loyer, le moratoire est toujours prolongé. Peu de chômeurs chez les ouvriers qui ont transformé leur métier pour la plupart. Mais que de larmes ont déjà été versées dans notre localité, que de craintes souvent justifiées, que de deuils et de chagrins irréparables ? Au commencement de 1916, j’évalue approximativement à une trentaine le nombre des habitants morts pour la patrie. Ajoutez une dizaine de prisonniers, une vingtaine de disparus et 20% de nos mobilisés qui ont été blessés ou malade. Voilà l’hécatombe qui se répète dans tous les pays et que la civilisation dont nous étions si fiers n’a pu empêcher. (8)
Le jeudi 6 janvier 1916, je me rends à Paris, je trouve beaucoup plus d’activité commerciale qu’à ma précédente visite. Un grand nombre de permissionnaires débarquent à la gare de l’Est. Je suis un peu surpris de voir ces braves acheter aux camelots des alentours, des bagues d’aluminium. Car à l’époque, la bague des tranchées, fabriquée par les poilus avec des fusées boches fait fureur. C’est pourquoi les marchands parisiens très ingénieux font des affaires. Il n’y a que la foi qui sauve ? Sur les grands boulevards, je rencontre un assez grand nombre de soldats et d’officiers anglais et belges. Mais la principale chose qui frappe la vue sont les affiches et pancartes bien en vue dans les administrations, gares, wagons, etc.…
« Taisez-vous
Méfiez-vous
Les oreilles ennemies vous écoutent »
Le samedi 19 janvier 1916 attaque de nuit de zeppelins sur Paris et sa banlieue. (6)
Le samedi 29 janvier 1916 vers 22 heures, j’entends le bruit d’un moteur, mais comme la défense aérienne du camp retranché fonctionne nuit et jour, je n’y attache aucune importance. Certaines personnes plus curieuses regardent et aperçoivent des avions. D’autres prétendent avoir vu un dirigeable avec tous ses feux allumés. Le dimanche 30 janvier au matin, les journaux sont pris d’assaut. La veille un Zeppelin a bombardé Paris ! La note suivante est communiquée à la presse : Un Zeppelin a été signalé à 21heures20 se dirigeant vers Paris. L’alarme a été aussitôt donnée et des mesures de précaution nécessaires ont été prises. Les projecteurs fouillaient le ciel dans toutes les directions. Le sous-secrétaire d’Etat de l’aviation et le colonel Mayer se sont rendus aussitôt au Bourget. Vers 22 heures, plusieurs détonations ont été entendues. Des bombes venaient d’être jetées. Il y a quelques victimes et des dégâts matériels. D’après les premières nouvelles, c’est le XX et le XIème arrondissements qui furent touchés. (17 bombes lancées, 25 morts, 32 blessés) le Zeppelin a été combattu rien que par nos avions. Sans rien exagérer, j’affirme que, pour notre population du camp retranché, le coup fut plus rude que la prise de la Serbie et du Monténégro par nos ennemis. Paris bombardé malgré toutes les précautions, Paris blessé. C’est non seulement notre capitale, mais aussi c’est notre ville régionale mutilé ! (8)
Le dimanche 30 janvier 1916 attaque de nuit de zeppelins sur Paris et sa banlieue. (6)
Janvier 1916 : Nouvelle augmentation du nombre d'escadrilles (160) et réorganisation en :
· 45 escadrilles de Corps d'Armée
· 31 escadrilles de Bombardement
· 34 escadrilles d'Artillerie lourde
· 50 escadrilles de combat
L’année 1916 commence par une grande offensive allemande sur Verdun. La bataille qui dure du 21 février au 9 juin tourne à l’avantage des troupes françaises commandées par le général Pétain. (6)
L’hiver 1914-1915 ne fut pas rigoureux et l’hiver 1915-1916 est encore plus doux. Beaucoup d’humidité mais très peu de gelée. A Taverny, il est curieux de remarquer des arbres en fleurs à cette saison. (8).
Le dimanche 13 février 1916 je me rends à Paris, je reviens par les grands boulevards et je trouve un contraste frappant ; les cinémas sont envahis, les promeneurs sont nombreux et les marchants de chansons lancent une nouveauté. J’écoute croyant entendre un chant patriotique, je suis surpris d’entendre une banale chanson d’amour « On ne devrait jamais aimer ». (8)
Lutte contre l’alcoolisme (CM du 20 février 1916)
«Le Conseil Municipal, considérant que la lutte contre l’alcoolisme en respectant les intérets légitimes des producteurs et des commerçants est un véritable devoir pour tous les citoyens soucieux de l’avenir du pays décide d’approuver entièrement les mesures préconisées par la Ligue Française »
Remerciements aux élèves des Ecoles des Filles (CM du 20 février 1916)
«Mr le maire donne lecture d’une lettre de Mr Bigeard chef d’Escadrons commandant le Dépôt du 27eme régiment de Dragons remerciant les Elèves des Ecoles de Filles pour les 50 paquets individuels envoyés aux soldats ».
Verdun (21 février-18 décembre 1916) il y a eu quatre cent mille morts à Verdun, c'est-à-dire plus de 2000 morts par jour ce fut la bataille la plus sanglante que les hommes aient jamais livrée.
Les sociétés civiles organisent des spectacles au profit des blessés et pour adresser des colis aux « poilus » et aux prisonniers (2)
Si jusqu’ici nous avons été privilégiés des épidémies maladives, il existe un mal moral qui devient de plus en plus contagieux : les réfugiés des départements envahis sont jaloux de ceux que la guerre a épargnés. Les femmes, les hommes âgés, les soldats sont jaloux de ceux qui ne sont pas partis. Combien de fois des exemptés et réformés se sont fait apostrophés dans la rue par ces mots : « Qu’est-ce qui fiche là, celui-là ». Le public est jaloux des auxiliaires, des mobilisés d’usines et de chemin de fer et de tous ceux employés au service de l’arrière. Cependant, comment faire la guerre sans les services de santé, de l’intendance et du ravitaillement ?comment continuer la lutte sans la mobilisation industrielle qui donne les armes et les munitions. Les soldats du front sont touchés aussi par la jalousie. Les fantassins se jalousent entre l’infanterie, les chasseurs à pied, les zouaves et troupes coloniales. Le piston qui a toujours existé. En un mot, tous ceux qui ne sont pas dans les tranchées sont des embusqués ! (8)
mars 1916 : on demande que les facteurs effectuent les trois distributions du matin, du midi et du soir après l’arrivée des trains-courriers, comme cela avait lieu avant la guerre. (4)
Le vendredi 17 mars 1916, nous apprenons la démission du général Gallieni, ministre de la Guerre. Le général Roques lui succède. Il va sans dire que le motif des démissions en temps de guerre invoque la maladie … (8)
26 mars 1916 : l’autorité militaire va effectuer des réquisitions. On estime dans le village de Domont que les quantités d’avoine et de paille existant chez les agriculteurs sont à peine suffisantes pour les besoins de la culture jusqu’à la prochaine récolte. Le blé disponible ne pourra être livré que lorsqu’il sera battu et nettoyé. La main d’œuvre ne manque pas dans le village : ce sont les chevaux qui font défaut ; les cultivateurs ne peuvent s’en procurer, même «à prix d’argent ». On voudrait que le village soit informé à temps de la vente publique par l’armée de chevaux « hors d’usage » ou réformés. On demande au Conseil général de réduire tous les contingents communaux de façon qu’ils soient calculés sur une population civile de 1500 habitants : le chiffre de 1.800 qui a servi de base jusqu’à maintenant est exagéré, car il comprend les militaires du fort (300 soldats en moyenne). (4)
La soirée du 30 mars 1916 nous apprenons que le général de division Maunoury, gouverneur de Paris, démissionne et est remplacé par le général Dubail. (8)
Les 31 mars et 1er avril 1916, les derniers soldats du 4ème d’artillerie lourde quittent Taverny. Depuis plusieurs mois, ces hommes étaient peu nombreux : une quarantaine tout au plus. Toujours est-il que depuis 20 mois, Taverny avait logé des soldats et que le départ du dernier détachement causera un vide. (8)
Le 31 mars 1916, après plus de 20 mois de garnison, le détachement du 4ème RAT quitte Taverny. (Les autres batteries y sont bien entendu maintenues). (6)
15 avril 1916 la crise du papier et la décision du syndicat de la presse qui ramasse à partir d’aujourd’hui tous les vieux papiers à raison de 0.20 francs le kilo. Le dimanche 16 avril 1916, un coup de sonnette de l’appariteur David annonce au public l’achat des vieux papiers. Le garde champêtre Adam se tiendra à la mairie tous les matins pour recueillir les paquets de vieux papiers. (8)
Le prix du beurre s’élevant toujours, le ministre de l’agriculture Jules Méline a autorisé la vente de la margarine à titre provisoire et seulement pour la durée de la guerre.
Le 28 avril 1916, a lieu Trocadéro, le « Festival des trois Gardes » au profit des œuvres de guerre. La musique des carabiniers royaux d’Italie, des Coldstream guards d’Angleterre et de la garde républicaine française se font applaudir. (8)
Le dimanche 30 avril 1916, je vais visiter aux Invalides les prises et trophées de guerre. Une foule énorme défile devant le matériel de tranchée et de campagne pris aux Allemands. Celui qui visite Paris à cette époque reste surpris de l’animation de la capitale. La seule chose qui vous rappelle l’état de guerre est le nombre d’officiers et de soldats anglais, belges, italiens, serbes et français que vous rencontrez. (8)
Mai 1916 la rébellion Irlandaise, les émeutiers avaient proclamé la « République Irlandaise » mais les principaux chefs de mouvement révolutionnaire sont prisonniers. Condamnations et exécutions en Angleterre des rebelles Irlandais (8)
Jeux olympiques d'été de 1916
Les Jeux Olympiques d'été 1912 ont été célébrés en Suède du 5 mai au 27 juillet 1912.
Les Jeux de la VIe Olympiade auraient dû avoir lieu à Berlin (Allemagne) en 1916. Le Comité international olympique choisit Berlin en mai 1912 à Stockholm à l'occasion des Jeux olympiques d'été de 1912. Lors du déclenchement de la première Guerre mondiale, l'organisation continua car tout le monde pensait que la guerre durerait peu de temps. Plus tard, les Jeux furent finalement annulés. Budapest, Alexandrie, Amsterdam, Bruxelles et Cleveland avaient également posé leurs candidatures pour organiser ces Jeux. Le lieu central de ces Jeux aurait dû être le stade olympique de Berlin, qui fut construit en 1912-1913.
A partir du 10 mai 1916, la France donne le droit aux boulangers de vendre le pain complet qui diffère certainement du pain KK allemand. Les meuniers doivent porter le blutage de 74 à 77, c'est-à-dire que la farine fleur actuellement en usage est remplacée par la farine entière. Le pain gris supprime le pain blanc. Car une grande économie de blé doit être réalisée, la majorité du public est unanime à trouver ce nouveau pain national excellent. (8)
Parmi tant de nouveautés créées par la guerre, une idée qui a été lancée par la presse, et qui a obtenu un grand succès : les marraines du front. Il existe parmi les mobilisés, des poilus sans famille (soit du fait de l’invasion ou d’autres cas) qui ont accepté avec joie une marraine généreuse qui envoie à son ou à ses filleuls certaines douceurs. Que de lettres échangées ! Combien de colis ? De mandat ? Envoyés sur le front par ces marraines inconnues. (8)
19 mai 1916, mort à Vadelaincourt près de Verdun, du Sous-lieutenant Georges Boillot l’ancien coureur cycliste amateur au VC de Levallois puis coureur professionnel d’automobile, il gagna 2 grands prix de l’automobile club en 1912 et 1913. Il vient de trouver la mort en combattant à lui seul 5 avions allemands.
Le 27 mai 1916, mort du général Gallieni, tous les Français sont touchés de la disparition de cet officier de grande valeur. Après sa démissionné de son poste de ministre de la Guerre pour des problèmes de santé, notamment un cancer de la prostate, il meurt des suites d'une intervention chirurgicale dans une clinique de Versailles. Après des funérailles nationales organisées le jeudi 1er juin 1916 aux Invalides avec le défilé des troupes qui ont pris part à la bataille de l’Ourcq et qui reviennent du front pour un dernier hommage. Conformément à ses dernières volontés, il est inhumé auprès de son épouse dans le cimetière de Saint-Raphaël. Plus tard, il sera élevé à la dignité de Maréchal de France à titre posthume le 7 mai 1921
Subventions (CM du 28 mai 1916)
«Le Conseil, après lecture d’une circulaire de Mr le Préfet vote une subvention de 100 francs à l’œuvre d’assistance aux militaires tuberculeux. Et ouvre un premier crédit de 100 francs mis à la disposition de Mr Leblond, 1er adjoint, pour envois divers aux soldats de St-Leu prisonniers en Allemagne. Et enfin vote une subvention de 50 francs à l’œuvre d’assistance aux mutilés de la guerre ».
Mort du maréchal lord Kitchener, ministre de la guerre anglais, alors qu’il se rendait en Russie, avec tout son état major, à bord du croiseur cuirassé « Hampshire » qui a été coulé par les allemands le lundi 5 juin 1916. La France, frappée par la mort de Gallieni, s’associe au deuil de l’Angleterre.
juin 1916. Pendant que la majorité du public attend avec impatience la grande offensive qui doit abattre nos ennemis, le moral des habitants de Taverny (et je puis ajouter des Français en général) n’est pas des plus brillants. (8)
11 & 12 juin 1916 : « la Journée des prisonniers de guerre » 180 francs d’insignes vendu. (Quête avec remise d’insignes dans l’arrondissement de Pontoise). (4)
Le changement de l’heure, après des discutions passionnées, le projet Honnorat est adopté et entre en vigueur le 15 juin 1916 à titre d’essai jusqu’au mois d’octobre prochain. (Ce qui mettait la France et l’Angleterre à la même heure).
Voici comment s’est produit l’escamotage d’une heure dans la nuit du 14 au 15 juin 1916. A 11 heures du soir, ou plutôt pour parler réglementairement, à 23 heures, les aiguilles des pendules publiques furent placées sur 22 heures. A Taverny, la pendule de la mairie annonçait le 14 juin « 19 heures » à 20 heures… (8)
25 juin 1916 : « la Journée serbe ». La vente d’insignes a produit 197 francs (4)
Depuis, le 25 juin 1916, nous constatons que le bombardement devient de plus en plus dense. (8)
Le 28 juin 1916, vers 12h30, nous avons entendons plusieurs détonations plus puissantes qu’à l’habitude. Certains jours, soit que le vent soit favorable, nous entendons plus distinctement le grondement continu du bombardement (8)
La bataille de la Somme (1er juillet - 18 novembre 1916)
Joffre lance alors l’attaque franco-anglaise sur la Somme. Si elle n’est pas décisive, elle épuise néanmoins l’armée allemande. (6)
C’est ainsi que le samedi 1er juillet de 18h à 22h, le bruit de la canonnade ne cesse pas une minute. Quoique nous nous entendions au début de l’offensive franco-anglaise dans la Somme, les habitants de Taverny sont graves et soucieux en prêtant l’oreille pour mieux entendre. Nous avons tous confiance mais ce bruit infernal entendu à plus de 90km fait penser à ceux qui se trouvent sur le champ de bataille. Depuis plusieurs semaines, les conversations du public se rapportaient principalement à ce grand coup. Certaines personnes se rendaient à Montigny-Beauchamp, pour voir défiler les transports de troupes, de matériel et de munitions qui montaient en Picardie. Les employés de chemin de fer et les soldats nous racontaient les préparatifs de la grande offensive. Bref, ce ne fut pas une surprise pour nous lorsque les journaux annoncèrent le début heureux de l’offensive sur un front de 40 kilomètres. (8)
1er juillet le prix du lait est passé de 0.30 à 0.40 francs le litre. La population proteste. Un fermier voisin a augmenté de 5 centimes de plus par litre le prix du lait pris à sa ferme et de 10 centimes celui du lait livré : du coup les laitiers et nourrisseurs Domontois ont suivi. Mais la population dit que le moment est mal choisi, que le fourrage abonde et peut servir uniquement à la nourriture du bétail à défaut de « recoupette ou issue dont la cherté sert de prétexte ». On demande à la préfecture de ramener le lait à son prix initial. A la suite de quoi, on décide de munir le garde-champêtre d’une arme défensive (revolver). (4)
2 juillet 1916 le maire de Domont s’est rendu à Paris au siège d’un office de placement de médecins (ceux de Domont étant sous les drapeaux). La plupart des médecins disponibles exigent un logement et une garantie d’affaires journalières pour se déplacer. On a trouvé une doctoresse russe qui accepte de venir, à condition d’avoir un logement meublé. Une lettre de la sous-préfecture a donné l’assurance que Mme Agafonoff est en possession du diplôme de médecin et qu’elle est autorisée à exercer en France. (4)
En juillet 1916 : Le prix du gaz passe de 0.25 à 0.30 francs le mètre cube pour les usages domestiques et de 0.20 à 0.25 francs pour les usages industriels, à cause de « la crise du charbon » (4)
A Taverny, la fête nationale est bien triste. A part les monuments publics qui sont pavoisés de quelques drapeaux, le pays semble aussi morne. Après 24 mois de lutte, nous comptons plus de 50 tués à Taverny, sans tenir compte des disparus. Comment ne pas haïr la guerre, nous qui avons vu partir ces hommes et jeunes gens en pleine santé quittant leur famille et leur situation pour défendre la France. (8)
A Paris, le 14 juillet est consacré à la mémoire des morts pour la patrie. Le président de la république Raymond Poincaré, après avoir passé en revue les troupes belges, anglaises, russes et française, remit des diplômes aux familles des tués à l’ennemi. La cérémonie eut lieu au Grand Palais des Champs Elysées. Le président prononça un grand disc ours fort touchant. Les troupes alliées défilèrent dans les rues de Paris, ce fut du délire ; des fleurs furent jetées au passage des Russes, Ecossais, Canadiens, Annamites, cyclistes et lanciers belges, australiens, hindous, fusiliers marins, tirailleurs algériens, chasseurs à pieds etc. … Après ce défilé, Paris rayonne. Un élan de patriotisme et de confiance fait contraste avec l’an passé. De nombreux drapeaux français et alliés flottent partout. Les vendeurs et vendeuses de décorations de la journée de Paris 1916 font des affaires. De nombreuses jeunes filles décorent les soldats alliés, sans oublier les blessés et les mutilés qui remercient d’un sourire. La foule discute les dernières nouvelles. En France, tout se termine par des chansons mais cette fois la chanson patriotique domine. A certains carrefours, le soldat chante avec la midinette le succès du jour : « Ils ne passeront pas », « On les aura ». Un peu plus loin c’est : « Le chant du retour ». Puis la chanson gauloise « C’est des p’tites femmes qui nous manquent ». Et comme toujours la chanson sentimentale est fredonnée un peu partout avec : « Malgré tes serments » et « Souvenir de valse ». Tout d’un coup, une voix s’élève « V’là un Russe ». On se bouscule pour mieux approcher et vous constatez la farce ou la méprise car un colosse d’anglais à l’air de se demander pourquoi on cherche à le dévisager. Paris est toujours Paris. (8)
Causons un peu de Taverny au mois d’août 1916. Le pays est toujours calme. Depuis la guerre, la plupart des commerçants ont pris l’habitude de fermer pendant le déjeuner de midi et de fermer définitivement le soir à 8 heures et le coup d’œil est assez curieux de voir les boutiques closes en plein jour. Beaucoup de femmes ont loué des jardins et si dans la plaine un grand nombre de terrains sont en friches, par contre les jardins potagers sont en bon état. Malheureusement les vols deviennent de plus en plus fréquents. L’élevage des lapins et l’art de transformer les fruits en confitures ont augmenté depuis un an à Taverny. Parmi les nouveautés la pièce de 0.25 F trouée et le billet de 10F se trouvent collectionnées. Jusqu’ici on en voit peu en circulation. (8)
13 août 1916 le ballon prévu pour la fête aéronautique de 1914 n’a pas servi par suite de « la suppression des réjouissances publiques ». Ce ballon a été étendu dans les classes de l’école des garçons, où il a séjourné un certain temps. (4)
dimanche 20 août 1916 « un Concert Patriotique » organisé dans les jardins de l'Hôpital 104 par le comité de SAINT-LEU-TAVERNY-BESSANCOURT de l'Union des Femmes de France au programme « Petits Pages et Triboulets » (1)
L’émotion a été à son comble par deux fois en peu de jours à Taverny. Le 25 août 1916, une série d’explosions dans la soirée jette l’alarme. Le ciel est embrassé par moment pour quelques minutes. Un grand nombre de personnes montent sur les coteaux et dans la forêt pour se rendre compte. Des légendes circulent de bouche en bouche. Le lendemain nous connaissons l’incendie de Saint-Denis dans l’usine Ruggiéri qui fabriquait pour l’armée des fusées éclairantes.
Le 29 août 1916, une violente et proche canonnade attire l’attention. Les projecteurs sont en action. Des hommes montent sur les toits des maisons sans pouvoir se renseigner. Que s’est-il passé ? … Mystère. (8)
Le 27 août 1916, la Roumanie déclare la guerre à l’Autriche-Hongrie.
Le 28 août 1916, l’Allemagne déclare la guerre à la Roumanie.
Le 28 août 1916, l’Italie déclare la guerre à l’Allemagne. Rappelons que l’Italie, depuis le 23 mai 1915, est en guerre avec l’Autriche, le 21 Août 1915 en guerre avec la Turquie, le 19 octobre 1915 en guerre avec la Bulgarie.
Le 1er septembre 1916, la Bulgarie déclare la guerre à la Roumanie.
Les édifices sont pavoisés en l’honneur de l’Italie et de la Roumanie. (8)
Le 30 septembre 1916, changement d’heure
Vers la mi-octobre, une épidémie de fièvre scarlatine se déclare à Taverny suivie d’un cas mortel. Les écoles sont désinfectées et fermées pour un certain temps. Je crois intéressant de rappeler que depuis la mobilisation notre commune se trouve privée de médecins. Bessancourt est dans le même cas. Les 2 médecins de Saint-Leu (et tout dernièrement un seul, le docteur Barau ayant reçu son ordre de mobilisation) reste seul pour donner les soins aux malades de notre région. (8)
« C’est la guerre ! ». Tel est le titre des principaux articles des journaux au mois de novembre 1916. Les répercussions de cette terrible catastrophe commencent à se faire sentir sérieusement : la crise des transports est suivie forcément de la crise du charbon. La crise du charbon nous gratifie de la crise du gaz et de l’électricité. Nous avons vu la société électrique Ouest-Lumière dans l’impossibilité pendant quelques jours de fournir le courant réglementaire. Il en a été de même à Versailles pour la compagnie de gaz. Le conseil municipal de Blanc-Mesnil est démissionnaire pour la raison du manque de chauffage des écoles faute de charbon… Il faut donc nous attendre à de nouvelles réformes concernant l’éclairage, le chauffage, l’alimentation etc. (8)
Le 11 décembre 1916, le député Brizon provoque un violent incident à la chambre. Ce député socialiste dit que « si le sang français coule encore, c’est pour donner Constantinople à la Russie. » Des protestations s’élèvent. Brizon jette son verre et le plateau dans la direction de M. Bouge qui veut le faire descendre de la tribune. Après ce scandale, la chambre vote l’exclusion du député Brizon.
Les 11 & 12 novembre 1916 : « Journée des Orphelins de la Guerre » (149F). (4)
M. Malvy, ministre de l’intérieur, décide de faire fermer tous les magasins (sauf les maisons concernant l’alimentation) à 6heures du soir à partir du 15 novembre 1916. L’économie d’éclairage servira aux usines de guerre. Création d’une taxe sur les repas chers dans les restaurants. Les théâtres et les cinémas devront fermer une fois par semaine. A la suite de protestations contre l’excentricité de certaines toilettes subventionnés le port de la toilette de soirée. (8)
19 novembre 1916 : la sage-femme de Domont, expose qu’en l’absence de médecin, elle a donné des soins aux malades et aux enfants de la commune depuis le début de la guerre et que le petit nombre d’accouchements réduit considérablement son salaire, et « qu’en présence des difficultés de la vie » elle sollicite une subvention de 300F par an. (Mme Agafonoff étant partie, le maire a obtenu que le major Francey, en détachement à Domont, étende ses services à la population civile (4)
Le mercredi 22 novembre 1916, nous apprenons la mort de l’empereur de l’empereur d’Autriche-Hongrie François-Joseph au château de Schoenbrunn. Cette disparition (tant de fois annoncée depuis la guerre) est connue avec indifférence mais pas sans imprécations car ce Habsbourg est considéré comme le principal auteur de la guerre actuelle. (8)
Ce ne sera qu’à la fin de 1916, après 29 mois de conflit, que Dreyfus quittera enfin le camp retranché de Paris. Mais, durant cette longue période, par sa situation extérieure au front et par sa lecture régulière des journaux, il bénéficie d’un certain recul pour analyser les événements. (5
Le mois de novembre 1916 se termine d’une façon assez mauvaise pour le moral des français déjà si éprouvé. Les personnes les plus optimistes commencent à trouver la victoire bien problématique. Les soldats, qui espéraient la défaite allemande pour 1916, sont énormément déçus. La vie chère devient de plus en plus inquiétante … pendant ce mois de novembre, nous avons vu le gouvernement prendre des mesures un peu tardives et qui soulèvent bien des protestations. Il y a de beaux jours qu’en Allemagne tout est taxé, limité, rationné ; (8)
Le 24 décembre 1916, à Taverny, un grand concert est donné dans la salle des fêtes au profit des blessés de l’hôpital 104 de Saint-Leu-Forêt. (8)
Ce ne sera qu’à la fin de 1916, après 29 mois de conflit, que Dreyfus quittera enfin le camp retranché de Paris. Mais, durant cette longue période, par sa situation extérieure au front et par sa lecture régulière des journaux, il bénéficie d’un certain recul pour analyser les événements. (5)
APRES GUERRE les Troncs pour quête
Durant les années d’après guerre, la société française vit dans le culte du souvenir de la «Grande Guerre ». Les monuments aux morts fleurissent dans les villes et villages. Les anciens combattants, les invalides, les orphelins, les veuves témoignent des souffrances humaines endurées pendant quatre années de guerre. Les villages rasés par les bombardements, les milliers de ponts, les kilomètres de routes ou de voies ferrées détruits, les champs incultivables rappellent la violence de la guerre industrielle. De nombreux objets symbolisent cette période où il faut reconstruire et réapprendre à vivre en paix.
Les troncs de l’association du « Bleuet de France » : association créée en 1916 à l’initiative de Madame Malleterre, fille du gouverneur des Invalides et de madame Lenhardt, infirmière. Toutes deux très impressionnées par les souffrances des invalides de guerre, elles décidèrent de les aider en leur faisant confectionner des fleurs de bleuet en tissu, par la suite vendues. Le bleuet devient pour les anciens combattants le symbole du Souvenir et de la Nation.
1917
L’année 1917 est plus que morose pour les combattants. L’échec des attaques françaises a démoralisé les troupes ; c’est l’époque des mutineries et des représailles qui en découlent. A l’intérieur, les grèves s’étendent. Le côté positif, pour les alliés – il est de taille – est l’entrée en guerre des Etats-Unis d’Amérique. (6)
8 janvier 1917 Début d'un important mouvement de grèves à Paris et en province touchant jusqu'aux usines d'armement.
Quelques esprits affolés nous annoncent que l’année 1917 sera « l’année du jeûne », « l’année de la ceinture ». Ce qu’il y a de certain, c’est que des nouveaux tarifs et des nouvelles taxes sont en vigueur à partir d’aujourd’hui 1er janvier 1917 sur les : correspondances postales, toutes espèces de tabacs, impôts sur le revenu, taxes assimilées (voitures, billards, cercles etc.…) taxe sur les bénéfices de guerre, taxe sur les valeurs mobilières, taxe sur les théâtres, taxe sur les boisons, taxe sur les eaux minérales, taxe sur les spécialités pharmaceutiques, taxe sur les denrées coloniales, taxe sur les sucres. Je dois avouer pour parler franchement que le découragement a fait du progrès. Les pessimistes ont gagné du terrain. Il faut reconnaître que peu de familles ne sont pas éprouvées du fait de la guerre ; les victimes augmentent sans cesse. En plus, le temps pluvieux que nous subissons, les nouveaux appels, les nouvelles taxes, la crise des transports, le manque de charbon, la vie chère etc. … ne sont pas faits pour remonter les esprits abattus. (8)
Où sont donc nos idées d’août 1914, après cette mobilisation parfaite, quand nos braves pioupious en képi et culotte rouge partaient confiants avec l’espérance de battre l’Allemagne en quelques mois. Aujourd’hui nos poilus, casqués, habillé en bleu horizon, gris ou kaki, portant le masque contre les gaz et un peu plus fièrement les brisques et la fourragère sont enterrées dans la boue des tranchées et démontrent à tous nos erreurs et nos mauvais calculs. (8)
A Taverny, nous voyons tous les jours défiler les camions qui transportent de Soisy à Bessancourt de la poudre dans la carrière de Monsieur Rouzée. (8)
Le mercredi 10 janvier 1917, l’école communale des garçons est fermée, faute de charbon. Réouverture le 12. Le manque de charbon en plein hiver est une des principales causes. Lorsque deux personnes se rencontrent au début de 1917, la première question posée est celle-ci : « avez-vous du charbon ? ». Les charbonniers qui disposent de temps en temps de quelques sacs aussitôt enlevés sont en butte à toutes les récriminations. Le charbon manque, le peu qui est livré est cher et de mauvaise qualité. (8)
La deuxième quinzaine de janvier 1917 fut très froide. Pendant quelques jours de la neige puis à partir du 21 « la vague de froid ». Le thermomètre annonçait à Taverny de 9 à 11 degrés au-dessous de zéro jusqu’à la fin du mois. Malheureusement cette période de froid arrive au moment ou le charbon manque partout. A Paris, on signale des manifestations ; à Taverny, certaines personnes vont dans la forêt et coupent jusqu’à de gros arbres sans se soucier du propriétaire. (8)
C’est la première fois que des soldats du front viennent se reposer si près de nous. Tous les jours, nous verrons la promenade des chevaux, ce qui intéresse les enfants… et même les grandes personnes. De Taverny, nous constatons aussi une reprise d’activité de l’artillerie sur le front. Nous savons que le général Nivelle a fixé son quartier général à Beauvais. (8)
La société électrique « le Triphasé » nous informe par circulaire que, conformément à l’ordonnance de M. le Préfet de Seine et Oise, la consommation journalière ne doit pas dépasser 3kWh par jour, sous réserve des dérogations accordées. A cette époque, les conversations se portent principalement sur la prochaine « mobilisation civile » (décidément, nous copions sur l’Allemagne) et la fermeture des pâtisseries 2 jours par semaine. (8)
A Taverny, on vient de nous supprimer deux trains, qui chose assez curieuse ne sont pas supprimés à Saint-Leu-la-Forêt. Toujours est-il qu’avant la guerre, nous comptions à Taverny, le dimanche, 23 trains qui se dirigeaient sur Paris et 24 trains qui en revenaient, la semaine 20 trains en chaque sens. En 1915-1916, nous étions limités à 8 trains en chaque sens. Et maintenant en 1917 à 7 trains en chaque sens…comment s’étonner des protestations ? (8)
Nous savons aussi que des ordres basés sur l’économie sont adressés dans les écoles. Les enfants, sous la surveillance des maîtres, feront l’élevage des lapins, la culture des légumes etc.… Les institutrices doivent réclamer le plus possible de chiffons blancs. (8)
10 janvier 1917 La Triple-Entente fait connaître ses buts de guerre : évacuation des territoires occupés, retour de l'Alsace-Lorraine à la France, réparation des dommages subis, affranchissement des nationalités sous domination turque, émancipation des Tchèques, Slovaques, Roumains et Yougoslaves.
Le 11 janvier 1917 : On a reçu des instructions préfectorales sur la réglementation de l’éclairage. On pense que dans le village, il est fait un usage modéré du gaz, mais par mesure de précaution, un agent relèvera les compteurs pour signaler « les abus » qui seraient relevés » afin que des sanctions puissent être prises. (4)
16 janvier 1917 L'état-major allemand décide de reprendre la guerre sous-marine à outrance.
La première quinzaine de février 1917 sera peut-être mémorable dans l’histoire de cette guerre ; de la neige, un froid très vif, pas de charbon ! A Taverny, il gèle à 18 degrés au-dessous de zéro. Les cantonniers ne sont occupés qu’à casser la glace qui obstrue les rues. Le plus triste est que la crise du charbon s’accentue ; les charbonniers ont leur chantier vide. Aussitôt qu’un bruit se répand qu’un charbonnier de St-Leu a reçu du combustible, c’est la procession des brouettes qui commence et qui se termine le plus souvent par un retour à vide. Le public de Taverny, armé de serpes, de haches, de scies, se rend dans les bois et revient chargé d’arbres de toutes espèces. On signale des manifestations partout, le parti anarchiste a été jusqu’à distribuer des circulaires « du charbon ou la paix » ? Et c’est peut-être pourquoi le gouvernement est résolu à faire la mobilisation civile le plus tôt possible car il faut s’attendre à d’autres crises économiques. (8)
L’appariteur annonce à Taverny, le 8 février 1917, que les habitants doivent réclamer à la mairie une « feuille de consommation » pour le sucre, qu’ils devront remplir de façon à donner à chaque famille une carte de sucre à raison de 750 grammes par personne et par mois. (8)
Tous les produits augmentent graduellement. En raison de la gelée. Les grands journaux paraissent sur deux pages, deux fois par semaine. (8)
Le 11 février 1917, traversant la forêt, je remarque les dégâts commis par le public ; les arbres coupés à 1 mètre du sol, le bois mort est laissé de côté. On préfère saccager de beaux arbres. En traversant Chauvry, je remarque que des sacs sont disposés pour recevoir les chiffons qui seront transformés en explosifs. (8)
13 février 1917 la municipalité pour vérifier les déclarations en vue d’obtenir des « cartes à sucre » (4)
La quête au profit des soldats tuberculeux n’a lieu à Taverny que le 18 février 1917
Le 23 février, la compagnie du gaz fait annoncer par l’appariteur que par suite du manque de charbon la consommation de gaz sera arrêtée le lendemain soir. (Cette mesure dura peu grâce à l’arrivage du charbon.
Le 25 février 1917, premier jour du pain rassis. A Taverny, les boulangers nous livrent quand même du pain frais. Appel adressé aux cultivateurs pour semer le plus de blé possible. La chambre décide la mise en sursis des agriculteurs des classes 88 et 89. (8)
Le 25 février, les boulangers augmentent le prix du pain de 5 centimes. Mais nous avons une consolation, c’est que malgré la loi, nous mangerons du pain frais encore quelques jours. (8)
Les 26 et 27 février1917, la mairie de Taverny délivre les carnets de sucre pour une période de 6 mois. (8)
Le 27 février 1917, les garçons de l’école communale commencent à cultiver du terrain. (8)
Le 2 mars 1917, l’appariteur annonce que les exemptés et réformés ont jusqu’au 7 mars pour se faire inscrire à la mairie. (8)
Les 7 et 8 mars 1917, la neige tombe en abondance et fond rapidement le 9 mars. La cavalerie qui était au repos dans notre région se rapproche du front. (8)
8 - 12 mars 1917 Première révolution russe.
14 mars 1917 Pris à partie à la Chambre des députés, le général Lyautey interrompt son intervention et démissionne de son poste de ministre de la guerre.
15 mars 1917 Après la création du Soviet des députés ouvriers et paysans et l'abdication de Nicolas II, Paul Milioukov déclare qu'il entend mener la guerre jusqu'au bout et sans hésitation.
17 mars 1917 Aristide Briand remet sa démission à la suite de celle du général Lyautey.
Le dimanche 18 mars 1917, les visages rayonnent, la joie est visible sur toutes les physionomies, les journaux sont lus avec avidité … Est-ce la délivrance qui commence … Certainement, d’après la majorité du public, car le 17 les Français ont pris Roye et Lassigny et les Anglais ont pris Bapaume. La lassitude a disparu, l’espoir renaît … les Allemands quittent leurs tranchées sans accepter le combat, c’est qu’ils reconnaissent leur faiblesse. Voilà les heureuses paroles entendues dans cette inoubliable journée. (8)
Le lundi 19 mars 1917, nous apprenons l’occupation par les troupes franco-anglaises de Péronne, Nesle, Chaulnes, Noyon et plus de 60 villages. Les 20 et 21 mars 1917, les journaux annoncent que Chauny, Ham et Tergnier sont en notre possession. Depuis notre progression devient plus lent, l’ennemi oppose une grande résistance. L’avance franco-anglaise libère plusieurs centaines de villages mais dans quel état ! Le monde est écœuré d’apprendre les dégâts, les pillages, les rapts de jeunes filles, commis par les allemands pendant leur retraite. Partout des ruines jusque dans les champs où les arbres fruits ont été coupés, les terrains éventrés par des mines ! (8)
Le 21 mars 1917, il fait très froid, le 22, il tombe de la neige, les 23 et 24 mars 1917, il gèle jusqu’à moins 6 degrés à Taverny. Depuis, nous recevons journellement des giboulées de neige de grêle et de pluie. Pour oublier ce mauvais temps, on cause beaucoup de nos succès, de la révolution russe et des prochaines déclarations de guerres de l’Amérique et de la Chine à l’Allemagne. (8)
Dans la nuit du 24 au 25 mars 1917, établissement de l’heure d’été. Toutes les pendules sont avancées d’une heure. (8)
29 mars 1917 Après-discussion avec les boulangers présents, on décide d’un commun accord qu’en raison de l’augmentation croissante des marchandises de toutes sortes, le prix du pain sera porté à 0.95 F (au lieu de 0.90F) les 2kg si les boulangers des autres communes pratiquent cette augmentation. (4)
Je crois intéressant de signaler certains faits que je regrette personnellement de noter. Il me semble que plus la guerre se prolonge, plus on reconnaît ce laisser-aller qui mène fatalement sur la pente de tous les vices. Ecoutez les conversations de la jeunesse, examinez sa tenue même dans les lieux publics ; vous trouverez l’abandon de la morale et l’entraînement vers les pires excès. Les hommes sont soldats, les pères sont mobilisés ; il ne reste plus que les mères qui n’ont pas assez de fermeté pour détourner leurs enfants de la contagion qui les attire. Je dis plus d’hommes, mais si. Actuellement, les hommes ce sont ces gamins de 15 à 17 ans qui s’habille en terreur et qui ont la prétention de faire trembler par leurs menaces les gens paisibles qui les désapprouvent. Il est entendu que la majorité de la jeunesse reste honnête, mais cette minorité déjà corrompue fait tous les jours de nouveaux élèves. Lisez les faits divers des journaux, les apaches sont remplacés par des enfants. Un exemple entre mille : prenez le train, changez de compartiment autant de fois que vous voudrez, vous serez forcé de constater que les jeunes vandales ont passé par-là ; les cuirs coupés, les glaces cassées ou rayées, les avis lacérés, sur les boiseries des dessins ou des phrases malpropres. Si, par malheur, des dames ou demoiselles voyagent en compagnie de ces jeunes voyous, ces derniers profitent de la circonstance pour tenir les propos les plus ignobles. D’où provient cet état de chose ? Du manque de surveillance, des mauvaises fréquentations qu’on a beaucoup de mal à éviter en usines. (8)
L'entrée en guerre des États-Unis
2 avril 1917 Dans son message au Congrès, le président Wilson déclare : « Je recommande au Congrès de déclarer que la récente conduite du gouvernement impérial allemand n'est, en fait, rien moins que la guerre contre le gouvernement et le peuple des États-Unis. »
Le 2 avril 1917, le président Wilson président des états unis convoque le congrès en séance extraordinaire pour demander de déclarer l’état de guerre avec l’Allemagne. Il demande en outre que l’Amérique apporte aux alliés : l’aide financière, le service militaire général et la levée immédiate d’une armée de 500.000 hommes. Qui aurait supposé il y a quelques mois les intentions de M. Wilson lui qui avait tenté de négocier « Une paix sans vainqueurs ni vaincus ». La politique de terreur et de défi de l’Allemagne a produit ce revirement.
Le 4 avril 1917, le sénat américain, par 82 voix contre 6, vote la résolution de guerre.
Le 6 avril 1917, la chambre des représentants par 373 voix contre 50 entérine la résolution de guerre. Le même jour, le président Wilson signe cette résolution
Des télégrammes de félicitations sont adressés au président Wilson, des manifestations en faveur des Etats-Unis sont signalées. Partout on pavois, aux couleurs étoilées. (8)
Mort du poète de langue bretonne Jean-Pierre Calloc'h (Yann-Ber Kalloc'h), né le 21 juillet 1888 à Groix et tombé au champ d'honneur le 10 avril 1917 à Urvillers dans l’Aisne. (Quand la guerre éclate, bien qu'il ne se sente pas français pour un sou, il veut aller combattre mais il est exempté. Il réussit cependant à rejoindre le Front en 1915. Le 10 avril 1917, un obus éclate dans sa tranchée, et il meurt sur le coup. Il a 28 ans. Il est enterré à proximité, à Cerisy dans un cimetière militaire. Après la guerre, un prêtre de la région de Cerisy entame des recherches pour retrouver sa tombe. En mai 1923, son cercueil est retrouvé. Sa dépouille est ramenée à Groix le 8 juillet 1923.)
Le 10 avril 1917, les Anglais encerclent Lens.
Le jeudi 12 avril 1917, deuxième conseil de révision depuis 1914, des exemptés et réformés d’avant-guerre. Le conseil de reforme a lieu à Pontoise. A première vue, il me semble qu’environ 10% sont versés dans le service armé, 30% dans le service auxiliaire et 60% sont maintenus dans leur position. (8)
Le 14 avril 1917, les Anglais libèrent Liévin.
16 avril Le général Nivelle lance l'offensive du Chemin des Dames après plusieurs reports de l'opération qu'il avait projetée.
17 avril Premier refus collectif d'obéissance dans l'armée française.
Une chose assez pénible que je vois très souvent se renouvelle dans les grandes gares de Paris et qui éveille la curiosité : c’est le retour entre deux gendarmes de soldats qui oublient de rejoindre leurs régiments après une permission ou qui sont fautifs de tout autre cas. Bien souvent, des jeunes hommes immobilisés par des menottes, sont reconduit sur le front mais quelquefois, ce sont des pères de famille qui prennent la même route. (8)
Les conversations sont dirigées actuellement sur le point de vue alimentaire ; les pâtisseries doivent fermer pendant 2 mois et les boucheries deux jours par semaines. Aujourd’hui, certes tous les pays souffrent économiquement même les neutres. La crise alimentaire, comme les autres, ce fait de plus en plus sentir partout. (8)
Le 25 avril 1917, M.Violette, ministre du ravitaillement, décide, à titre d’essai, la consommation de la viande est interdite aux repas du soir à partir de 18 heures, sauf le dimanche. Il n’est plus question de la fermeture des boucheries pendant deux jours ; maintenant c’est tous les après-midi que les boucheries resteront fermées ainsi que les charcuteries. Le régime des 2 plats a cessé d’exister. (8)
Le samedi 28 avril 1917, c’est le millième jour de la guerre : les chroniqueurs font tableau héroïque de la population française au bout de mille jours de lutte. Cependant cette tuerie est soutenue forcément par les Français, car ils ne peuvent pas faire autrement. Mais de tous les coins de France, de toutes les familles, de tous les individus partent des plaintes et des paroles de haine contre ce massacre sans précédent qui détruit et qui ruine, sans avoir jusqu’ici donné de grands résultats, sauf la dévastation et la dépopulation ! (8)
Le samedi 28 avril 1917 décès d’Emile Aimond.
AIMOND (EMILE, THÉODORE), né le 3 novembre 1850 à Varennes-en-Argonne (Meuse), mort à Paris le 28 avril 1917.
Député de Seine-et-Oise de 1898 à 1902 et de 1906 à 1909. Sénateur de Seine-et-Oise de 1909 à 1917.
Ancien élève de l'école Polytechnique, Ingénieur civil breveté de l'école des Mines, il prit part à la guerre franco-allemande de 1870-1871 et combattit notamment sous Paris.
Démobilisé, il se consacra à l'industrie, tout en s'intéressant à la lutte que menait alors le parti républicain. Il devint conseiller municipal et maire de Saint-Leu-Taverny (Seine-et-Oise) en 1892, puis conseiller général en 1893. Cette même année, il se présenta aux élections législatives, mais fut battu par le Baron Brincard, conservateur rallié. Mais il prit sa revanche sur celui-ci aux élections législatives suivantes, au 1er tour de scrutin le 8 mai 1898. Il s'inscrivit au groupe de la gauche démocratique.
Doué d'une grande facilité d'élocution, il prit une part active à divers débats, parmi lesquels on peut citer le projet de résolution relatif à l'impôt sur le revenu (1898,1901) ; l'entretien des routes (1898) ; l'application de la loi sur les accidents du travail (1899) ; les cadres inférieurs du personnel des poudres et salpêtres (1898, 1899, 1900) ; l'assiette de la contribution personnelle mobilière (1899, 1901) ; la réforme hypothécaire (1899) ; l'épandage des eaux d'égout en Seine-et-Oise (1899, 1900) ; la défense générale des colonies (1900) ; l'augmentation de la flotte (1900) ; la situation du corps expéditionnaire en Chine (1900, 1901) ; l'exécution de voies navigables nouvelles et l'amélioration des canaux, rivières et ports maritimes (1901).
Il fut battu aux élections générales de 1902 par M. Roger Ballu, nationaliste, mais reconquit son siège aux élections générales du 20 mai 1906, en battant le commandant Driant au 2e tour de scrutin. Durant cette législature, il revint sur les questions d'impôt sur le revenu, de personnel des poudres et salpêtres, etc. et participa en qualité de rapporteur à la discussion du projet de loi concernant le rachat du chemin de fer de l'ouest (1906 et 1908).
Elu Sénateur de Seine-et-Oise au renouvellement partiel du 3 janvier 1909, il se démit de son mandat de Député le 18 janvier suivant. Son autorité, sa culture, sa compétence lui donnèrent une place de premier plan à la Haute Assemblée. Membre de la Commission des finances, il fut tout d'abord nommé rapporteur des chemins de fer et des travaux publics, des conventions et des garanties d'intérêts. Quatre ans plus tard, en 1913, il devenait rapporteur général du budget en remplacement de M. Baudin.
Dans ses rapports comme dans ses interventions, dominent le souci de ménager les ressources du pays et la nécessité de combattre le déficit croissant de nos finances.
Ses rapports qui donnèrent lieu aux débats les plus importants furent ceux relatifs à la suppression des contributions directes et à l'établissement d'un impôt général sur le revenu qui le mirent aux prises avec le Ministre des Finances de l'époque, M. Joseph Caillaux dont les conceptions financières étaient toutes différentes.
Ses principes d'économie, de prudence et de loyauté fiscale étaient pour lui une ligne de conduite dont il ne devait pas s'écarter. Il défendit notamment l'immunité de la rente.
Pendant la guerre, malgré la maladie qui le minait, il ne ménagea ni son temps ni sa dernière énergie pour aider dans leur tâche les gouvernements successifs. Il mourut, à bout de forces, le 28 avril 1917 à Paris.
Le Président Antonin Dubost prononça son éloge funèbre à la tribune du Sénat, à la séance du 15 mai 1917. (Extrait du « Dictionnaire des Parlementaires français », Jean Jolly)
Le 1er mai 1917, journée du muguet bien souvent journée des manifestations ouvrières ! Cette année, journée calme ; le muguet d’avant guerre qui venait beaucoup d’Allemagne est remplacé par le muguet Français. Mais après cet hiver rigoureux, cette fleur est très rare et le petit brin muguet qui valait deux sous vaut 50 centimes. Les 100 brins sont payés 40 francs. (8)
Nous apprenons aussi que Madame Veuve Monge, décédée à Saint-Leu-la-Forêt, a légué aux communes de Saint-Leu et de Taverny, 6 actions des chemins de fer de l’Est soit 12 actions en tout. Le désir de cette dame bienfaitrice est que ces actions servent à la construction d’un hôpital. (8)
11 mai 1917 Une vague de grève commence dans les industries d'armement et dure jusqu'en juin.
L'échec de l'offensive du Chemin des Dames - Le doute des combattants - La crise politique
15 mai Le Gouvernement relève le général Nivelle de son commandement après l'échec de l'offensive du 16 avril au 9 mai causant la perte de 187 000 Français et de 167 000 Allemands. Pétain le remplace à la tête des armées du nord et du nord-est.
Le général Foch est nommé chef d'état-major général au ministère de la guerre.
Le mercredi 30 mai 1917, dans la soirée, une grande animation règne à Taverny. Un ordre vient d’arriver : le détachement du 285ème territorial part précipitamment. Nous apprenons que les grèves prennent de l’extension aussi bien à Paris qu’en banlieue. On m’affirme que les soldats cantonnés ici partent pour Argenteuil (j’apprends le surlendemain que le 285ème est à Bezons et non à Argenteuil). La majorité du public de Taverny qui approuvait les grèves féminines blâme ces nouvelles grèves masculines. Le plus écœurant est d’apprendre que parmi les arrestations des meneurs on trouve un grand nombre d’étrangers. Comment admettre la présence de 30.000 francs dans les poches de deux sujets grecs arrêtés dans le 19ème arrondissement, à la tête des grévistes français ? Le plus grave certainement (les oreilles ennemies nous écoutent) sont les cris qui ont été entendus dans la capitale, tels que : « Rendez- nous nos maris, à bas la guerre etc.… (8)
Le samedi 2 juin 1917 à 11h15, nous entendons de Taverny deux fortes explosions ; nous apprenons par la suite que l’usine de pyrotechnie du Pecq vient de sauter pour la troisième fois. Le lundi matin 4 juin, nouvelle explosion à Aubervilliers qui détruit deux usines. Le 13 juin, une partie des usines Renault à Billancourt s’effondre causant la mort de plus de 30 personnes. (8)
Il y a quelques jours, dans une conversation en chemin de fer, on disait que nos deux boulangers de Groslay étaient sur le point de fermer, non pas faute de combustible, car leur fournisseur avait promis de ne pas les laisser manquer, mais faute de farine, ne pouvant plus en obtenir, ni dans le commerce ni à l’intendance. Le Maire était sur le point de rendre son écharpe n’obtenant aucune satisfaction de la Préfecture. Enfin une dépêche officielle autorisait de voir quelques moulins des environs, et après une visite, on trouva quelques voitures de farine qu’il fallut aller chercher par réquisition de transport, ce qui sauva la situation. (La Tribune du samedi 9 juin 1917)
Joseph Dauphin : le héros fusillé le 12 juin 1917 pour une beuverie
Joseph Dauphin, né à Tauves dans le Puy-de-Dôme, le 10 février 1882, dans une famille de 10 enfants. Il fut l'un des 600 soldats fusillés pour l'exemple par l'armée française durant la Première Guerre mondiale.
Marié, père d'un enfant, le paysan Dauphin se trouvait incorporé dès le mois d'août 1914 au 70 ème bataillon de chasseurs à pied. Vaillant soldat, il reçut, en 1915, la Croix de guerre avec palmes pour plusieurs actes héroïques, entre autres avoir ramené sur ses épaules un lieutenant gravement blessé près des barbelés de la tranchée ennemie ou bien encore avoir tenu une position jusqu'à épuisement de ses cartouches. Promu caporal, il reçut par trois fois une citation pour sa conduite exemplaire au combat.
Au printemps 1917, l'état major avec Nivelle est au summum de son incompétence. Depuis deux ans les armées piétinent, Nivelle décide d'engager massivement les troupes dans ce que l'état Major appelle la "Bataille de France". Les allemands connaissent le projet et renforcent les défenses en abandonnant une partie du front. Nivelle n'en tient pas compte. La préparation de l'artillerie française du 10 au 16 avril est sans effet sur les abris en béton et les cavernes du plateau de Craonne. Nivelle n'en tient pas compte. L'attaque est déclenchée le 16 avril, quelques jours plus tard et 150 000 morts, disparus et blessés, la Bataille de France est devenue, afin de minimiser cet échec, la bataille de l'Aisne puis la bataille du Chemin des Dames. La presse n'évoque pas le massacre et minimise l'événement. Le fusible Nivelle saute en mai 1917. Celui ci est envoyé en Algérie dans un obscur commandement. Pétain prend sa revanche et le remplace. La stratégie change peu mais Pétain doit faire face à une vague importante de mutinerie. Bien souvent les soldats refusent simplement de repartir à l'assaut et remettent en cause les tactiques voir les stratégies militaires. Très peu contestent le bien fondé de la guerre.
C'est dans ce contexte que se situe l'affaire du caporal Dauphin. En juin 1917 les permissions de son régiment sont annulées. Joseph Dauphin et plusieurs soldats qui l'accompagnaient ramassèrent alors une cuite mémorable. Sous l'effet de l'alcool (dont l'armée n'était pas avare, à fortiori pour envoyer sa chair à canon à l'assaut) et sans trop savoir ce qu'ils faisaient, ils auraient tiré quelques coups de fusil et lancé à la cantonade des propos séditieux. Un fois dégrisé et conscient d'avoir fauté, Dauphin s'attendait à récolter quelques jours de prison, mais à sa grande surprise et sans vraiment comprendre, ses supérieurs l'envoyèrent devant le Conseil de guerre. Ils avaient besoin d'un exemple.
Seul gradé parmi les hommes interpellés et pour avoir chanté un peu fort J'ai deux grands bœufs dans mon étable (version contredite par l'accusation), le caporal Dauphin, considéré comme meneur dans la vague des mutineries de 1917, fut condamné à mort et fusillé le 12 juin 1917 à la ferme de Fété, près de Ventelay dans l'Aisne. François Brugière, son camarade de Tauves, vraisemblablement impliqué dans la même séance de beuverie et désigné pour faire partie du peloton d'exécution, refusa de tourner son fusil contre Joseph. Condamné à 10 ans de travaux forcés, il fut envoyé au bagne de Chief (ex-Orléanville) où il mourut d'épuisement le 12 février 1918. Joseph Dauphin, quant à lui, repose dans la nécropole de la Maison Bleue à Cormicy dans la Marne : tombe n° 884.
Malgré de nombreuses campagnes de presse, il n'a jamais été réhabilité (toute requête de demande en révision étant jugée irrecevable par la justice après 1928).
Depuis quelques jours nos habitants sont surpris de voir plusieurs marchands leur acheter des bouteilles à des prix assez élevés. Nous sommes prévenus aussi qu’un officier se tiendra à la mairie de Saint-Leu-la-Forêt pour acheter les vieux cuivres. (8)
17 juin 1917 : on se plaint du manque de charbon de l’hiver 1916, et l’on veut dès maintenant préparer l’hiver 1917. (4)
Ce n’est pas d’aujourd’hui que le moral des soldats et des civils est attaqué par la longueur de cette terrible guerre. Depuis des mois et des mois, nous entendons journellement des plaintes et des récriminations. Mais au mois de juin 1917, la situation s’est singulièrement empirée. Les permissionnaires du front déclarent qu’ils en ont assez de se faire « bourrer le crâne », de « monter à la butte » et de se faire « zigouiller » pendant que les officiers restent « planqués dans leurs cagnas ». Ces poilus vous citent avec plaisir des régiments qui ne « veulent plus rien savoir » et qui ont refusé de marcher. Les civils, eux aussi, tiennent des propos de lassitude. D’où vient ce grave mouvement pacifiste ? Après 34 mois de souffrance physique et morale, le terrain est bien préparé ; les anarchistes en profitent pour exciter le peuple avec des paroles et des écrits. Il est curieux de remarquer la propagande auprès des poilus, autour des gares du Nord et de l’Est. De quoi se sert-on : de la dernière offensive, des grèves, de la vie chère, de la révolution russe, des pertes de l’armée française, de l’impossibilité de réduire à merci nos puissants ennemis. En un mot, l’anarchie gagne beaucoup de cerveaux et des actes d’indiscipline existent un peu partout. Nos gouvernants ont vu le danger ; des mesures puissantes ont été prises pour enrayer ce grave mouvement. (8)
La deuxième quinzaine de juin nous apporte « la vague de chaleur ». Le 18 juin 1917, le thermomètre marque à l’ombre 32.2 degrés. Beaucoup de personnes prétendent que dans notre région on n’a jamais supporté une température aussi anormale. De temps en temps, nous voyons passer des dragons au repos dans notre région. (8)
« Journée d’Afrique » la vente d’insignes et de billets au profit des troupes noires a produit 107F. (4)
A Taverny, les habitants sont avertis : que ceux qui possèdent plus de 1000kg de charbon doivent le déclarer en mairie, que les séances de vaccination s’opèrent gratuitement à la mairie, qu’un engagement par écrit de faire des confitures doit être remis à la mairie de façon que les bons de sucre roux soient distribués. Quant au pain actuel, tout le monde s’en plaint. Depuis quelques temps, un grand nombre de personnes ont des maux de ventre et d’estomac. Le pain mélangé de nos jours est indigeste et peu nourrissant. Et on nous laisse entendre que celui de juillet sera encore plus mélangé, car il faut faire absolument la soudure avec la nouvelle récolte. (8)
Le dimanche 22 juillet 1917, une grande fête patriotique a lieu à l’hôpital de Saint-Leu-la-Forêt. Théâtre et concert sont organisés par les dames de France. Les infirmières, les blessés et les enfants des écoles publiques de Bessancourt, Saint-Leu-la Forêt et Taverny. (8)
Dimanche 22 juillet 1917 « Grand concert patriotique » organisé par le comité de SAINT-LEU-TAVERNY-BESSANCOURT de l'Union des Femmes de France à l'Hôpital 104 au programme « les Cloches de Corneille », « la Colombe » de Gounod puis « le Chant du Départ »
Parmi les graves affaires, il faut noter pendant cette seconde quinzaine de juillet 1917, « l’empoisonnement du Pré Saint-Gervais ». Plus de 200 personnes dont un grand nombre d’enfants tombent malades, plusieurs enfants meurent empoisonnés. On ignore jusqu’ici quelles sont les causes vde ce malheur. Beaucoup de personnes accusent le mauvais pain. Il est vrai que le pain devient de plus en plus indigeste. Le « pain de soudure »comme on l’appelle est plus que gris, en plus il est sûr et renferme toutes sortes de farines peu nettoyées car le blutage actuel est de 85%. La presse mène une campagne contre ce pain qui occasionne des maladies, ce pain qui devait économiser la farine et que le public ne pouvant digérer jette avec dégoût la mie. Cependant, par quoi le remplacer, voilà que maintenant les pâtes alimentaires vont être réglementées aussi. (8)
Le vendredi 27 juillet 1917, dans la nuit, un grand nombre de Tabernatiens se lèvent pour admirer nos avions qui font la chasse aux boches. La plupart des phares fonctionnent pendant qu’au loin on entend des explosions… ? Le samedi 28 juillet 1917, nouvelle alerte. Heureusement qu’on nous affirme que les dégâts sont insignifiants et que l’on compte aucune victime.
Au moment de la marche rapide des Allemands vers Paris, le pont de Valmondois-Mériel fut détruit. La ligne Paris-Beaumont était donc coupée. Le pont fut reconstruit quelques mois après, mais chose incompréhensible aucun train ne traversera ce pont ; les trains venant de Paris s’arrêtaient à Mériel. Enfin, le 1er août 1917 ! La circulation est rétablie par chemin de fer entre Paris et Beaumont. Et encore 3 ou 4 trains seulement feront la liaison entre ces deux villes. (8)
15 août 1917 Le pape Benoît XV rend publique une note sur la paix préconisant le retour à l'indépendance de la Belgique et un « compromis raisonnable » au sujet de l'Alsace-Lorraine. « Le monde civilisé devra-t-il donc n'être plus qu'un champ de morts ? Et l'Europe, si glorieuse et si florissante, va-t-elle donc, comme entraînée par une folie universelle, courir à l'abîme et prêter la main à son propre suicide ? »
Mais la note de paix du pape est rejetée presque unanimement en cette année terrible.
20 août 1917 Début de la seconde bataille de Verdun.
Le lundi 27 août 1917, un ouragan d’une extrême violence s’abat sur Paris et notre contrée. Beaucoup de dégâts principalement sur les arbres fruitiers. Les fruits sont tombés et en partie perdus. (8)
Le 1er septembre 1917, nos journaux qui n’avaient pas augmenté leur prix se mettent dans le mouvement. A partir du 1er septembre, les journaux à 5 centimes seront vendus 10 centimes. Tous les journaux sans exception font des excuses attendries ; ce n’est pas de leur faute, la crise du papier et la solidarité professionnelle sont les vrais coupables. Comment s’expliquer la crise du papier puisque maintenant les journaux paraîtront 5 jours sur quatre pages à la place de deux jours !
Aujourd’hui, on compte à Paris 77 journaux quotidiens. Les plus forts comme tirages sont : « le petit parisien » 2 500 000 exemplaires, « le matin » 1 870 000 exemplaires, « le journal » 1 400 000 exemplaires. (8)
Depuis le 5 septembre 1917, le pain est augmenté de 0.05 F par kilo. Le pain de 2 kilos vaut 1.10F pour le consommateur. Tout le monde sait qu’il est payé 1.25 F aux boulangers car l’état paye de sa poche 0.15F pour chaque pain de 2 kilos.
Dans la nuit du 5 au 6 septembre 1917, un violent orage éclate dans notre contrée. Le public parlera longtemps de cet orage extraordinaire par sa violence et sa durée. (8)
Le vendredi 7 septembre 1917, les femmes de Taverny sont contentes car le percepteur leur remet l’augmentation des allocations : 0.25 F par jour. (8)
MORT DE GEORGES GUYNEMER L'AS DES AS
Le 16 septembre 1917, la chasse est ouverte dans notre contrée. Depuis1914, le gibier ne connaissait plus les chasseurs ou du moins qu'à l'état de braconniers. Les permissionnaires sont heureux car ils chassent sans permis ; Nous commençons à voir circuler la nouvelle monnaie de nickel. Les pièces sont trouées comme en Belgique. (8)
Le jeudi 27 septembre, la mairie de Taverny délivre les cartes de charbon. Une carte par famille, avec chaque carte un bon. Le bon est mensuel, la quantité est de 100 kilos par famille n'ayant pas le gaz et de 50 kilos par famille ayant le gaz. (8).
Depuis le 1er octobre 1917, les permissionnaires de détente venant du front reçoivent une allocation de 2F par jour pendant leur permission. 58°
Depuis le 1er octobre, la ration de sucre qui était de 750 grammes par personne est réduite à 500 grammes sauf pour les enfants et les vieillards qui touchent toujours la même quantité. Où est le temps du beau sucre blanc ? Aujourd'hui, quoique rationné, nous avons une espèce de pâte grise où l'on trouve toutes sortes de déchets et que l'on appelle du sucre roux. Quant au pain, actuellement, il est jaune car il est fabriqué avec la farine de maïs. Nous savons que la récolte est déficitaire et notre ministre du ravitaillement n'a pas caché à la chambre que si la situation ne s'améliorait pas par des arrivages de céréales, la ration de pain serait portée à 250 grammes de pain par jour et par personne ! (8)
Depuis le 1er octobre 1917, le lait vaut 0,70F le litre. Par contre, le charbon que l'on payait 8F les 50 kilos rendus ne vaut plus que 3,70F. Il faut ajouter que maintenant, c'est l'état qui est charbonnier. (8)
Le 7 octobre 1917, l'heure d'hiver est rétablie. On évalue à 15% l'économie réalisée par l'heure d'été. (8)
7 octobre 1917 : on accorde une « Indemnité de cherté de vivres » d’un franc par jour au personnel enseignant et aux employés de la commune, à partir du 1er octobre et pour toute la durée de la crise économique (4)
Le 15 octobre 1917 expire le régime des jours sans viande. (8)
15 octobre 1917 La danseuse Mata-Hari est fusillée pour espionnage.
Mata Hari, de son vrai nom Margaretha Geertruida « Grietje » Zelle, est une danseuse et courtisane née le 7 août 1876 à Leeuwarden (Pays-Bas), et morte le 15 octobre 1917 à Vincennes (France). Elle a été fusillée par la France pour espionnage pendant la Première Guerre mondiale.
Les révolutions russes - L'effondrement du front est
L'échec de l'offensive du Chemin des Dames - Le doute des combattants - La crise politique
Violentes attaques allemandes sur le front français. Bataille de l’Aisne, lutte au plateau de Craonne et au Chemin des Dames.
23 - 26 octobre 1917 Les Français remportent la bataille de La Malmaison dans l'Aisne.
A Taverny, pour la première fois depuis la guerre, nous avons manqué de pain. Les 4, 5 et 12 novembre, le public trouva difficilement le pain quotidien. Car à la même époque le manque de farine se fait sentir à Saint-Leu-la-Forêt, Bessancourt, Frépillon. On fait la queue chez les boulangers et beaucoup de ménagères font des kilomètres pour trouver un peu de pain. Un grand nombre de tabernatiens rapportent leur pain de Paris. Par contre, à Taverny, nous mangeons pendant quelques jours du pain blanc. Il y a longtemps que nous n'y n'étions plus habitués. Le manque de charbon produit le manque de gaz ; l'essence fait défaut aussi ; les fumeurs ne trouvent plus de tabac ! Jugez des protestations. (8)
6 - 7 novembre 1917 La conférence de Rapallo décide d'apporter des renforts à l'Italie.
Seconde révolution russe. Léon Trotski s'empare de Petrograd.
9 novembre 1917 : les familles très éprouvées par la guerre, ont été secourues par la Croix-Rouge américaine. Le ravitaillement en farine devient de plus en plus difficile. Les télégrammes adressés à l’Office de ravitaillement ne suffisent pas à assurer la quantité de farine nécessaire aux besoins de nos boulangers. (4)
Clémenceau, président du Conseil : « Je fais la guerre »
17 novembre 1917 Georges Clemenceau forme le Gouvernement, cumulant la présidence du Conseil et le ministère de la guerre.
20 novembre 1917 Georges Clémenceau déclare à la Chambre : « Ni trahison, ni demi-trahison, la guerre, rien que la guerre. [...] Un jour, de Paris au plus humble village, des rafales d'acclamations accueilleront nos étendards vainqueurs, tordus dans le sang, dans les larmes, déchirés des obus, magnifique apparition de nos grands morts. Ce jour, le plus beau de notre race, il est en notre pouvoir de le faire. »
La Chambre vote la confiance par 418 voix contre 65 et 40 abstentions.
En l’an 1917, un homme de réflexion n’a pas le droit d’affirmer ce qu’il pense sous peine de passer pour un traître ou un mauvais français. Si la guerre vous révolte et que vous protestiez contre les flots de sang répandus jusqu’ici sans résultats bien certains, vous serez désigné comme un ami de l’Allemagne et c’est tout juste si vous ne serez pas accusé de toucher de l’argent du kaiser. Je viens de lire un volume à succès « le Feu » d’Henri Barbusse. Je ne crois pas qu’aucun homme reste insensible devant les tableaux que Barbusse a vu comme mobilisé de deuxième classe au 231ème d’infanterie. Un grand nombre d’idées de cet écrivain ne sont pas les miennes mais le fond de ses descriptions sont émotionnantes et démontrent l’absurdité du massacre actuel. (8)
Tout dernièrement, à la gare du Nord, j’observais un jeune poilu accompagné de son père et de sa mère. L’heure de la séparation approche, le fils faits tous ses efforts pour sourire, le père devient blême et cherche à articuler quelques paroles, la mère sanglote et tient son fils par le cou. Le petit poilu est visiblement gêné et en embrassant une dernière fois ses parents cherche à se retirer mais la force lui manque. Ils restent la tous trois enchevêtrés l’un à l’autre par les bras et les baisers pendant que les larmes qui coulent maintenant de six paupières se confondent sur les joues assemblées. Je m’éloigne et à chaque pas, je vois les mêmes souffrances causées par cette grande séparation qui sera peut-être éternelle. (8)
Les permissions qui sont de sept jours vont être portées à dix jours. On augmente graduellement ces jours de permission comme on a augmenté la solde mais ce que réclament tous ces hommes, c’est le retour à la vie civile. Tous protestent contre le métier qu’ils sont obligés de faire par force et surtout si longtemps. (8)
Hélène Brion, institutrice à Pantin, est arrêtée ainsi que plusieurs personnes professant des idées « défaitistes ».
MORT DU SCULPTEUR AUGUSTE RODIN
Le jeudi 28 novembre 1917, pendant que la crise se fait toujours sentir sur le pétrole, l'essence, le tabac, le chocolat, le gaz... etc. la mairie de Taverny délivre les cartes pour la troisième distribution de charbon. (8)
ACCIDENT A ST-MICHEL DE MAURIENNE DU TRAIN DE PERMISSIONNAIRE VENANT D'ITALIE
Le 15 décembre 1917, assistant à un mariage en Seine et Marne, je suis surpris de trouver le moral des habitants plus mauvais qu'à Taverny. Sur la route de Lagny à Villeneuve le comte, j'interroge quelques personnes qui ne croient plus du tout à la victoire. Pendant que ces gens me tiennent des propos les plus pessimistes, une équipe de prisonniers allemands accompagnants une machine à battre passe à côté de nous. Il me semble que ces boches ont un sourire moqueur en nous dévisageant. (8)
15 décembre 1917 Signature à Brest-Litovsk de l'armistice entre Allemands et bolcheviks.
La deuxième quinzaine de décembre 1917 commence par un vrai temps d'hiver. Le 16, la neige fait son apparition et jusqu'à la fin du mois, nous subissons un froid très vif accompagné de bourrasque et de giboulées de neige. Le 20, la mairie délivre les cartes pour la quatrième distribution de charbon. (8)
Le 20 décembre 1917, depuis le matin, nous voyons passer les estafettes, des cyclistes, des autos-camions de différentes armes, A 13 heures, le 327ème régiment d'infanterie défile devant son général, la musique joue sur place pendant le défilé. Nous remarquons le drapeau déchiqueté par des balles et des éclats d'obus, Je me renseigne auprès des poilus. Ces hommes qui viennent de Belgique à pied par étapes appartiennent au premier corps d'armée. Leur grand repos est fixé dans notre région. Ce général que les Tabernatiens trouvèrent sympathique est le général Messimy, ancien ministre de la guerre ; le jeudi 27 décembre 1917, ce général a l’heureuse idée d’offrir à 3000 hommes de ses troupes une représentation du Casino de Paris. (8)
Le 31 décembre 1917, dans la matinée, les trompettes du 3ème hussard, cantonné à Bessancourt et Frépillon, passent à cheval en jouant plusieurs morceaux de sonnerie. (8)
1918
A partir du 1er janvier 1918, les boulangers de Seine et Oise devront réduire de 1/5 ème la consommation du pain et qu’à la même date le lait sera vendu à 0.80 F le litre. (8)
De nombreuses restrictions seront imposées dans tous les pays même chez les neutres et je crois fort que la question alimentaire et économique amènera plus vite la paix que les opérations militaires. L’espoir de tous les Français se porte vers les armées des Etats-Unis. Après 41 mois de guerre, sans grand résultat, les pauvres poilus qui ont laissé des centaines de milliers de leurs camarades tués, mutilés ou prisonniers sur les champs de bataille, les réfugiés qui ont tout abandonné à l’envahisseur, les familles qui pleurent leurs parents tués ou disparus, tous sans exception, souhaitent que l’année 1918 si sombre au début nous ramène la paix qui empêchera à tout jamais le retour de cette horrible calamité. Les souhaits du nouvel an se trouvent exprimés par le désir de la paix. On entend plus comme les autres années certaines fanfaronnades de victoire par l’écrasement de l’Allemagne. Les plus chauvins semblent réfléchir ; un froid sensible se fait sentir même chez les plus optimistes ; tout le monde à l’air de sentir se rapprocher une menace contre la France. Le nom de Clémenceau figure dans toutes les conversations. On dépeint « le Tigre » comme le plus énergique de nos hommes d’état. Notre président du conseil fait sentir sa poigne sur bien des choses et bien des gens ! (8)
Durant les sept premiers mois de 1918, les allemands multiplient les attaques (6).
Le samedi 5 janvier à 13 heures, le général Messimy vient à Taverny passer en revue le 327ème régiment d’infanterie. (8)
Le jeudi 10 janvier, la mairie de Taverny délivre de nouveaux bons de charbon. Augmentation du prix du tabac et le tabac continue à manquer. (8)
En janvier 1918, les combats aériens reprennent au dessus de la ville. (LUZARCHES De la Première Guerre mondiale à aujourd'hui)
Les boches viennent en Gothas nous empêcher de dormir. (8)
A partir 29 janvier 1918, régime temporaire des 300 grammes de pain, appliqué à Paris et sa banlieue dans un rayon de 25 Kilomètres. Ce régime doit être généralisé au 1er mars sur tout le territoire. (8)
Taverny, qui se trouve dans le rayon de 25 kilomètres autour de Paris doit être rationné à partir du 29 janvier. (8)
Le dimanche 27 janvier 1918, l’appariteur annonce la distribution des tickets de pain qui se fera à la mairie le lundi 28 janvier 1918. Le public devra présenter sa carte de sucre. (8)
Le 28 janvier 1918, le personnel de la mairie est renforcé par les instituteurs et les institutrices. Les enfants sont heureux car cette mesure leur donne une journée de congé. Pendant toute cette journée du 28 janvier 1918, les habitants de Taverny protestant contre ce régime font la queue sur la place de la mairie. Les paroles échangées sont à peu près celles-ci : « Je mange 300 grammes de pain à un seul repas – ma famille aussi – comment allons-nous faire – c’est la famine qui commence – avant 15 jours nous aurons la révolution » (depuis le 26 janvier 1918, beaucoup de personnes ont fait griller du pain pour le conserver). (8)
D’après ce nouveau régime, chaque personne a droit à 3 feuilles de tickets de 100 grammes, datées du 29 janvier au 28 février 1918. C’est-à-dire qu’une famille de 11 membres touche 33 feuilles de tickets et tous les matins, il faudra découper les 33 tickets de 100 grammes datés du jour pour obtenir la part de 11 personnes soit 3.3 kilos de pain. (8)
Le 29 janvier 1918, le public a peur sans doute de manquer de pain, car jamais on a vu d’aussi bonne heure une affluence sur le trottoir des boulangeries. Un grand nombre de personnes viennent avec leurs feuilles car elles ignoraient qu’il fallait découper les tickets. Les boulangères sont surmenées et se font aider. Il faut attendre quelques jours pour se rendre compte de l’effet du rationnement car presque tout le monde a fait des provisions de pain. A mon avis, je crois qu’il faudra augmenter la ration de certaines personnes qui travaillent et dont le pain est la principale nourriture. (8)
Les Bombardements de Paris
La nuit du 30 au 31 janvier 1918, la population de Paris et du camp retranché ne fut pas surprise d’être réveillée pendant cette nuit tragique. Nous étions prévenus que les Allemands préparaient le bombardement de notre capital et ne s’en cachaient pas. Nos journaux nous indiquaient les mesures de précaution en cas de d’alerte. Des mesures avaient été prises pour diminuer la visibilité de l’éclairage dans les trains, les gares, les usines etc. (8)
Le 30 janvier 1918, vers 23 heures 30, la canonnade me réveille. Je pense comme tout le monde à l’attaque de Paris par les « Gothas ». Pendant deux heures nous entendrons le bruit de nos canons, le ronflement des moteurs d’aéroplanes et les coups plus ou moins éloignés des explosions ; je me lève pour examiner comment se produit l’attaque mais à part les fusées éclairantes, je n’aperçois que des points imperceptibles. On entend plus qu’on ne voit. En plus, il fait froid puis ce bruit de mort qui plane au-dessus de vous excite vos nerfs et vous donne la fièvre. Je regagne mon lit. (8)
Le 31 janvier 1918, à 1 heure 30, nous entendions les derniers coups de canon, les Allemands nous quittaient apr7s avoir semé des deuils et des ruines pendant près de 2 heures en jetant 14 000 kilos d’explosifs sur Paris et sa banlieue. Les boches ont réussi à jeter l’effroi dans notre contrée quoiqu’en disent nos journaux qui font des récits d’héroïsme. A Taverny, qui cependant n’était pas sous les bombes, un grand nombre de personnes sont descendues dans leur cave. D’autres, plus affolées, quittent leur domicile pour chercher un abri plus sûr chez des voisins, une femme se sauve en chemise chez une amie et combien d’autres, terrorisés, restèrent deux heures à trembler dans leur lit. Il faut vivre ces minutes effrayantes pour bien comprendre le moral d’une population. En lisant les récits des bombardements de Londres nous restions impassibles. Mais lorsque l’on entend au-dessus de sa tête des appareils dangereux, de tous les côtés, le canon qui mugit, en l’air le ciel en feu, dans les maisons les femmes effrayées et les enfants qui pleurent de terreur, dehors les chiens qui hurlent, n’importe qui, même l’homme le plus brave songe au danger qui plane invisiblement et qui frappe dans une mort épouvantables les enfants, les femmes, les vieillards ! (8)
Le 31 janvier 1918, au matin, le public s’arrache les journaux. On trouve un communiqué officiel sans renseignements et les journalistes disent peu de choses. Dans la journée, on ne cause que des « Gothas » et des dégâts qu’ils ont commis. Comme toujours on exagère le nombre des morts. J’apprends que l’usine Delaunay-Belleville à Saint-Denis a «été touchée et que plusieurs ouvriers et ouvrières sont parmi les victimes. On dit aussi que les magasins généraux à Paris sont en feu. Les soldats qui sont à l’observatoire dans la forêt, à la maison des gardes, affirment qu’il est tombé 4 bombes près d’eux. Puis c’est une bombe à Saint-Leu, rue de Saint-Prix, puis des bombes à Saint-Prix et petit à petit on dément car à certaines places, ce sont des éclats de nos obus que l’on a retrouvés. Voici le communiqué officiel. « D’après les derniers renseignements recueillis, le chiffre total des victimes du raid du 30 au 31 janvier 1918 doit-être ainsi rectifié : 45 tués : 31 à Paris et 14 en banlieue parmi lesquels il y a 11 femmes et 5 enfants ; 207 blessés : 131 à Paris et 76 en banlieue. Les journaux n’indiquent rien de la place des chutes des bombes mais nous savons que les 1er, 2ème, 3ème, 6ème, 12ème et 18ème arrondissements de Paris ont été touchés. Saint-Denis, Epinay, Saint-Ouen, Colombes, Vincennes, Pantin, le Pré Saint-Gervais, ont reçu des projectiles. Dès le 31 janvier 1918, nous voyons des parisiens qui reviennent habiter Taverny qui certainement est moins exposé. (8)
Le samedi 9 février 1918, nous entendons sur la place de la mairie un concert donné par une vingtaine de trompettes d’un régiment de cavalerie cantonné dans la région. Ce même jour, l’appariteur annonce deux arrêtés :
1) tous les chiens doivent être muselés ou tenus en laisse ;
2) les commerçants, les industriels doivent baisser les volets de leur devanture pour cacher les lumières dans la soirée. Le soir même, tous les commerçants se soumettent à l’arrêté. Les rues sont complètement sombres car il n’y a avait depuis longtemps que les boutiques qui les éclairaient. La lumière bleue fait des progrès partout, dans les gares, les trains, les métros, les rues etc. Les verres des lampes sont peints en bleu pour diminuer la visibilité. (8)
Le jeudi 14 février 1918, la mairie délivre les bons de charbon. Quant aux bons d’essence, ils sont supprimés pour les personnes qui ont le gaz ou l’électricité. Les autres ne toucheront qu’un bon d’un demi litre d’essence par famille. La rareté des produits se fait de plus en plus sentir. Jusqu’au cirage pour chaussure qui est vendu dans des boîtes en carton. (8)
Le dimanche 17 février 1918 alerte à Paris. Vers 22 heures 30, nous entendons une violente canonnade qui dure jusqu’à 23 heures 15 environ. Les vitres tremblent et plus d’une cave est visitée par les habitants effrayés. Le lendemain nous apprenons que ce bombardement nocturne est dû à une fausse alerte. Un avion français survolant le camp retranché de Paris et ne possédant plus de moyen de se faire reconnaître fut pris pour un ennemi et vivement canonné. (8)
Les avions allemands déversent leurs bombes sur Paris ; le 21 février, l’une de ces bombes se perd dans la forêt de Carnelle dans la nuit du 8 au 9 mars 1918, des bombes tombent à Creil, Asnières-sur-Oise, Persan et Presles. (4)
Le vendredi 22 février 1918, la mairie délivre des cartes de 100 grammes de pain supplémentaire aux personnes qui font un métier dur. La ration de 300 grammes est donc portée à 400 grammes pour une catégorie de personnes. (8)
24 février 1918 : un « Office communal du pain » a procédé à l’attribution d’un « supplément de pain » aux ouvriers agricoles, à ceux des usines et aux autres effectuant un travail exigeant une grande dépense musculaire. (4)
Le mardi 26 février, la mairie délivre les feuilles de tickets de pain pour le mois de mars et une formule à remplir pour l’établissement de la carte d’alimentation.
Les offensives allemandes (mars et juillet 1918)
Le vendredi 1er mars 1918, à 7 heures du matin, nous voyons défiler le 279ème régiment d’infanterie avec drapeau et musique en tête. Puis dans la matinée, c’est le 221ème d’artillerie au son des trompettes qui défile. Ensuite, nous voyons passer le 307ème régiment d’infanterie, toujours musique et drapeau en tête. Je remarque que les poilus de ces régiments ont un assez grand nombre de chiens, un soldat marche à côté d’une chèvre tandis que dans une petite voiture basse se trouvent tassés plusieurs porcs. Dans l’après-midi, arrive à Taverny une partie du 338ème régiment d’infanterie. Le colonel et son état-major restent dans notre pays. (8)
Le 3 mars 1918, les rues sont couvertes de neige et le public se trouve surpris de voir les soldats balayer les rues ; c’est que nous avons aussi à Taverny la section disciplinaire où tous les hommes punis de la division viennent purger leur peine et ce sont ces hommes qui font les cantonniers. Ces mauvais soldats pour la plupart laissent une mauvaise impression sur notre population. (8)
La première quinzaine de mars 1918, fut une quinzaine d’évènements, plutôt tragiques. Notre population fut sous le coup de l’effroi et de l’angoisse ; la crainte des « Gothas » devient contagieuse. Nous nous attendons journellement à la visite des boches et bien des personnes, peut-être par bravade, se moquent des « godasses en espadrilles ». (8)
Le mercredi 6 mars 1918, les poilus assistent à une représentation cinématographique. (8)
Le vendredi 8 mars 1918, vers 21heures10, le bombardement de nos canons commence. Je regarde à la fenêtre et je vois peu de chose ; je remarque les projecteurs qui fouillent le ciel de temps en temps ; les obus de 75 et de 105 qui éclatent en tous sens. J’entends distinctement le ronflement des moteurs d’avions, mais je ne vois absolument rien. Je me couche et il me semble que le bombardement m’énerve plus qu’étant debout. Tout à coup, nous entendons quatre explosions assez fortes ; les portes et les fenêtres tremblent ou s’ouvrent. Certaines lampes allumées s’éteignent par le déplacement d’air. Enfin, vers minuit, le bombardement s’apaise ; les « Gothas » s’en retournent après avoir causé des dégâts et fait des victimes tant à Paris qu’en banlieue. Nous apprenons le lendemain que les bombes les plus proches sont tombées dans les champs près du cimetière de Saint-Leu et près du Plessis-Bouchard. A Taverny, nous retrouvons des éclats d’obus partout, plusieurs vitres sont cassées, un obus de 105 non éclaté est tombé dans la cour du café de la mairie. Inutile de décrire la physionomie et la conversation des tabernatiens : l’effet moral est énorme, la majorité de notre population est terrorisée, beaucoup de personnes sont malades de peur. (8)
Le lundi 11 mars 1918, vers 21 heures 15, la danse recommence mais il me semble que le bombardement est moins violent. Cependant nous entendons le bruit des moteurs d’avions au-dessus de nous. Je pense comme beaucoup que l’existence tient à peu de chose en écoutant ce bruit sinistre des engins de mort qui nous survolent. Par plusieurs fois, la canonnade s’arrête puis reprend. Enfin, vers minuit, le bruit des canons s’éloigne ; nous venons encore de vivre 3 heures terribles pour nos nerfs. Nous apprenons le lendemain les graves dégâts et le nombre élevé des victimes à Paris et en banlieue ; les chutes de bombes à Pontoise, Mantes et un peu partout. Cette fois les bombes les plus proches de Taverny sont tombées au Gros-Noyer. (8)
Le 14 mars 1918, la mairie délivre les cartes pour une nouvelle distribution de charbon. (8)
Engagé volontaire, le poète Guillaume Apollinaire se bat dans l'artillerie, puis comme sous-lieutenant au 96e régiment d'infanterie. Alors qu'il vient d'avoir notification de sa naturalisation, il prend position le 14 mars 1918 au Bois des Buttes, à l'extrémité est du plateau de Craonne, au pied du Chemin des Dames. Il y est blessé, le 17 mars 1918, à quatre heures de l'après-midi, d'un éclat d'obus à la tempe droite.
Dans son carnet il écrit : « Je lisais à découvert au centre de ma section, je lisais le Mercure de France. A quatre heures un 150 éclate à 20 mètres, un éclat perce le casque et troue le crâne. [...] On m'endort pour fouiller, l'éclat a enfoncé la boîte crânienne. Et y est resté, on l'y laisse. »
Trépané, affaibli par sa blessure, il mourra le novembre 1918 de la grippe espagnole.
Le vendredi 15 mars 1918, à 13h50, deux formidables explosions ébranlent Taverny. Le sol tremble, les portes s’ouvrent, les vitres sont ébranlées. Les femmes en assez grand nombre dans la rue s’affolent et crient « les Gothas ». Des hommes les rassurent (ce qui n’est pas facile) surtout qu’à ce moment on entend un avion. Les personnes plus calmes comprennent que ce sont des explosifs en grande quantité qui viennent de sauter. Quelques minutes après, nous connaissons la catastrophe : le dépôt de grenades de La Courneuve vient de sauter. De Taverny, nous voyons très bien un épais nuage de fumée qui monte, l’incendie continue l’œuvre de l’explosion. Nous apprenons par la suite que les dégâts sont considérables à La Courneuve, Aubervilliers, Le Bourget, Saint-Denis. Les carreaux se trouvent cassés à plus de 10 kilomètres à la ronde. Paris a encore souffert. Le nombre de victimes dépasse 1 500 dont 32 morts jusqu’ici. Heureusement qu’il y a un grand nombre de blessés légèrement. (8)
Le 16 mars 1918, deux entrepreneurs de maçonnerie, accompagnés de l’appariteur, viennent inspecter ma cave qui d’après eux n’est pas assez solide pour faire un abri en cas de raid d’avions. Dans le pays, un grand nombre de caves sont reconnues bonnes comme abris pour la population. (8)
Le dimanche 17 mars 1918, les quelques pompiers qui nous restent inspectent les pompes à incendie et vérifient les tuyaux par des manœuvres à eau. Ce sont là de bonnes précautions. (8)
Le jeudi 21 mars 1918, je traverse Paris à pieds ; je remarque que certains monuments sont garantis avec des sacs de terre ou des travaux de maçonnerie. Certaines statuts sont enlevées ou protégées. Les Parisiens ne causent que des « Gothas » et n’ont pas l’air rassurés ; il est vrai qu’un grand nombre ont déjà quitté la capitale. Je remarque aussi que les fenêtres et les glaces des magasins sont protégées par des bandes de papier collées en tous sens ; l’effet est vraiment curieux. (8)
Depuis le 21 mars 1918, les nouvelles du front ne sont pas plus rassurantes. Malgré le vague des communiqués militaires, le public comprend que l’Allemagne fait son plus grand effort militaire en France pour imposer sa paix. Nous apprenons la perte des villes reconquises au mois de mars 1917, il y a un an : Ham, Chauny, Tergnier, Guiscard, Noyon, Chaulnes, Nesle, Péronne, Bapaume, Roye, Lassigny etc. Le public est encore plus inquiet lorsqu’il apprend que les Allemands sont à Montdidier et avancent sur Amiens. (8)
Le 22 mars 1918, vers 20h30, alerte n°2. Mais les Allemands bombardent Compiègne et font demi-tour. (8)
Le 23 mars 1918, vers 8h30, je suis surpris de voir courir les femmes affolées. Il est certain que nous entendons les détonations, mais on s’habitue à tout. Je me renseigne ; l’alerte n°2 a été téléphonée à l’usine à gaz qui a cessé tout travail. En apprenant que les « Gothas » sont signalés, les mères de famille courent chercher leurs enfants dans les écoles ; certaines personnes ferment leurs volets ; la panique est à son comble.je médite sur « la population héroïque et brave » d’après les journaux en regardant passer ces femmes effrayées faisant courir leurs enfants à bout de souffle pour arriver plus vite ; leur visages reflètent la terreur et non la fermeté. Pendant cette journée où l’alerte prit fin à 16h, après 8 heures d’inquiétude, nous entendons toutes les 20 minutes environ une explosion. Les chemins de fer ont été arrêtés pendant l’alerte ; le train de 9 heures 22, départ de Paris, arrive à Taverny à 13 heures après avoir stationné près de 3 heures à Ermont. Tous les trains subissent des retards. La Poste n’a reçu aucun courrier sauf le matin. Le commerce et l’industrie vont rudement sentir le poids du bombardement car tout travail se trouve arrêté pendant l’alerte n°2 à Paris et en banlieue. (8)
Le soir du 23 mars 1918, nouvelle alerte, pendant 2 heures ; décidément les boches veulent atteindre le moral de nos populations. Je suis surpris que par ici nous n’ayons vu et etendu aucun avion allemand et aucunes batteries faire leurs tirs de barrage. Le lendemain matin, les journaux nous donnent l’explication et je puis dire sans exagérer que tout le monde est renversé. Les Allemands ont tiré sur Paris 24 obus de 240 avec un canon à longue portée braqué à 122 kilomètres ! Le premier communiqué du 23 mars, 11h, annonçait la visite des avions ; le deuxième communiqué de 15h annonce le bombardement à longue portée avec du 240 ! rectifié à 210 par la suite (la censure est sévère actuellement et les journaux ne donnent que des renseignements vagues). (8)
Le 24 mars 1918, jour des rameaux, le bombardement commence vers 7h. 27 obus tombent dans le courant de la journée. (8)
PARIS BOMBARDÉE
En mars 1918 Paris fut bombardée, mais nul bombardier allemand ou zepplin n'était en vu. Il s'avéra que les obus étaient tirés par canon. La surprise fut énorme.
Quelques minutes après nous filions dans la direction de Paris.... Des Spads évoluaient à toutes hauteurs et nul allemand ne paraissait! Pourtant les parisiens restaient terrés et les sans fils annonçaient, à intervalles réguliers, la chute d'un projectile... L'après-midi, un message téléphonique annonçait que Paris avait été bombardée par canon, et chacun de rire tant la nouvelle paraissait invraisemblable... Il fallut pourtant admettre bientôt son existence et beaucoup de sceptiques de la première heure furent parmi les plus ardents protagonistes - Capitaine Fonck - Mes Combats - Chapitre XXIX Paris bombardée
Les allemands avaient en effet créé un canon capable de bombarder Paris à 120km de distance. Décidée en 1916, la mise au point du canon par la direction de l'artillerie navale (qui s'occupait des canons de gros calibres utilisés sur le front) et les ingénieurs de Krupp se fit dans un secret absolu. D’abord baptisé Wilhelm Geschutz (canon de Guillaume), puis parfois le Long Max, les parisiens le baptisèrent Grosse Bertha, dénomination qui est restée.
Combiné à une offensive allemande, ces coups devaient démontrer la puissance du Reich et démoraliser les civils à l'arrière.
En cours de montage dans les ateliers de Krupp:
Le super canon: Les ingénieurs de Krupp utilisèrent un tube de 380 long de 17m, dans lequel ils introduisirent un tube de 210 qui dépassait de 11m le précédent. A l'extrémité du tube de 210, on vissa un autre tube de 210, mais à âme lisse (innovation importante). Le canon mesurait 34m de long et pesait 138 tonnes. On introduisait 250kg de poudre en gargousse dans une chambre de 5m de long.
Avec une telle charge de poudre, l'usure du canon était trés rapide, et les ingénieurs avaient calculés que chaque pièce pouvait tirer 65 coups, aprés quoi le canon devait être rechemisé. On eut alors l'idée de numéroter les obus et d'accroitre progressivement leur poids, le dernier pesant 15kg de plus que le premier.
Les obus étaient de calibre 210 et contenaient une charge de 7kg d'explosifs. Avec les canons rechemisés, les obus étaient de calibre 240 et contenaient une charge explosive de 8,66kg.
Le canon était acheminé par chemin de fer. Seul le tube lisse était démonté et transporté séparément. L'affut de transport à 18 essieux d'un seul tenant pesait à lui seul 256 tonnes. A l'arrivée, cet affut de transport prenait appui sur une plateforme fixe, amenée sur place en six éléments, et qui comportait une plaque tournante sur roulement à bille. Un portique démontable qui se déplaçait sur deux voies parallèles à la voie principale permettait de visser le canon de 210 lisse. Le tout était placé sur de solides fondations en béton.
Balistique: Le super canon fut installé dans la forêt de Crépy-en-Lannois, prés de Laon. Pointé sur Paris, le tube faisait un angle de 52°. L'obus partait avec une vitesse initiale de 1578m/s. Après 25s il était à 20km d'altitude et avait encore une vitesse de 900m/s. Après 90s l'obus est à son apogée, à 40km d'altitude et 675m/s de vitesse, et commence sa descente. A 20km d'altitude sa vitesse est de nouveau de 900m/s. Freiné dans les basses couches par l'air plus dense, il atteint Paris avec une vitesse résiduelle de 660m/s. Une grande partie de sa trajectoire se trouve dans la stratosphère, et pour le calcul de la trajectoire les ingénieurs durent prendre en compte la rotondité de la terre. Le trajet durait à peu prés trois minutes.
Les Bombardements: Les premiers coups furent tirés le 23 mars 1918, deux jours après le début de l'offensive générale de Ludendorff. Le premier eut lieu à 7h16 du matin, puis tous les quarts d'heure un obus tombait, sans que personne ne voit rien dans le ciel. 22 explosions eurent lieu ce jour là. Il fallut se rendre à l'évidence: c'était des coups de canons, tirés à plus de 100km! Ce fut officiel vers 15h, quinze minutes aprés l'explosion du dernier obus.
Le 24 mars les obus tombèrent de nouveau, mais à une cadence plus rapide, laissant penser qu'il y avait vraisemblablement deux canons. Le 25 six obus furent tirés. Le vendredi 29 (vendredi saint) seul un des quatre obus tirés atteignit Paris intra-muros, mais tuant 75 personnes et en blessant 90 autres dans l'église Saint-Gervais.
Favorisés par le mauvais temps, qui clouait les avions observateurs au sol, les bombardements continuèrent tout le mois d'avril. Ils se turent tout le mois de mai, mais le 27, pour la nouvelle offensive Ludendorff, quinze obus tombèrent. L'artillerie française, qui avait bombardé le site de la Bertha, resta stupéfaite. Un autre site avait été choisi, le bois de Corbie prés de Beaumont en Beine, à 110km de Paris. Le canon avait été rechemisé et tirait désormais du 240.
Cinq semaines s'écoulèrent. Le canon fut déplacé au bois de Châtel, à 93km seulement de Paris. Les allemands avaient réalisé en effet de gros progrès dans l'art de construire les plateformes. Le canon tonna les quinze et seize juillet, mais dû évacuer suite aux pressions de l'artillerie française. Revenu sur ses positions initiales, le canon tira de nouveau le 5 août, pour cinq jours de bombardements. Menacé par la contre-offensive française, les derniers tirs eurent lieu le 9 août.
Lieux touchés par les bombardements:
Eclats d'obus retrouvés: surface extérieure rayée (gauche), épaisseur et partie de surface intérieure lisse (droite) - L'illustration 30 mars 1918
Tentative de reconstitution de la trajectoire de l'obus ainsi que de sa constitution (grâce aux fragments retrouvés) - L'illustration 6 avril 1918
Le vendredi saint: S.E. le cardinal Amette, accouru de Notre-Dame où il officiait, fait le signe de croix sur les innocentes victimes du criminel bombardement - L'illustration 6 avril 1918
Aprés la guerre: Aucune commisssion alliée ne put trouver la moindre trace de ces canons. Ils avaient été complètement démontés et détruits à l'aide de chalumeaux oxycoupeurs! De nos jours de tels super-canons ne représentent plus aucun avantage militaire, car la chaleur qu'ils dégagent les feraient repérer et détruire très vite.
Ancien emplacement du super-canon:
Dans la nuit du 24 au 25 mars 1918, vers 1h du matin, nous sommes réveillés par un bombardement ; aucun doute, ce sont certaines batteries du camp retranché qui font un tir de barrage. Vers 1h30, la canonnade cesse. Le communiqué du lendemain annonce une alerte n°2, mais ne donne aucun renseignement. (8)
Le 25 mars 1918, 5 obus tombent encore sur Paris entre 6h50 et 7h20. cette fois, on met en pratique l’alerte n°3 pour prévenir les Parisiens du bombardement par canons. Les sergents de ville furent munis de sifflets et de tambours dont les ¾ ne savaient pas se servir. Ce nouveau procédé fit la joie des Parisiens et le ridicule des agents. (8)
Le Vendredi Saint 29 mars 1918, pendant le bombardement, un obus allemand tombe sur l’église Saint-Gervais, près de l’Hôtel de ville de Paris. Un pilier s’écroule entraînant la voûte. Le nombre de morts dépasse 75 et celui des blessés 90. (8)
Le samedi 30 mars 1918, la mairie délivre la carte d’alimentation. Cette carte est individuelle et est établie pour 6 mois. Les coupons sont numérotés de 1 à 6 chaque mois et s’appliquent à une denrée déterminée. En échange de ces coupons, il sera remis au porteur des tickets de consommation ou des produits chez un détaillant. Le public sera prévenu que tel coupon correspond à tel produit et il n’aura qu’à se présenter dans les endroits désignés. Cette carte d’alimentation est classée par catégorie, selon l’âge, le sexe et les travaux que l’on fait ; exemple : le coupon n°1 du mois d’avril est donné en échange des tickets de pain. La catégorie A touche 300g de pain par jour, la catégorie T en touche 400 grammes. (8)
Le 30 et le 31 mars 1918, les boches tirent toujours avec leur « grosse Bertha » (8)
Le jour de Pâques, 31 mars 1918, quelques jeunes filles quêtent et vendent des billets de tombola au profit de l’œuvre de secours aux prisonniers de guerre du canton de Montmorency. (8)
Le journal officiel publie un arrêté du ministre de la guerre relatif à la délimitation de la zone des armées : le département de Seine et Oise faisant actuellement partie de la zone de l’intérieur est rattaché à la zone des armées. (8)
Si à Paris les départs se multiplient, à Taverny, quelques familles aisées nous quittent soi-disant pour passer leurs vacances au loin ! D’autres préparent leurs valises en cachette ! Allons-nous revoir l’exode de 1914 ? (8)
La nuit du 1er au 2 avril 1918, raid de « Gothas » sur Paris et sa banlieue (le 2 avril 1918, de 3h15 à 4h, nous entendons les tirs de barrage des batteries au Nord-est et à l’Est de Paris. (8)
En Avril 1918 les allemands attaquent en Flandres (6)
7 avril 1918 : des réfugiés arrivent de la Somme. (4)
Décidément, nous continuons la série noire. La première quinzaine d’avril ne fit qu’accentuer le nombre de départ. Toutes les affaires commerciales ou autres sont paralysées. On assure que le nombre de Parisiens ayant quitté la capitale dépasse 800 000. La situation militaire n’est certes guère favorable, principalement sur le front anglais. La série de reculs et l’abandon de certaines villes ne sont guère faits pour remonter le moral. Quand on pense que les britanniques tenaient notre front depuis la Belgique jusqu’à près de Compiègne et aujourd’hui, en pleine bataille, ce sont encore les Français qui vont à leur secours jusqu’au-dessus d’Arras ! Que penser aussi de cet ordre du jour du maréchal Douglas Haig : « l’armée française avance rapidement en grande force à notre aide ». En plus, tout le monde sait aujourd’hui que les Allemands ont été sur le point de réussir le mois dernier leur ruée sur Paris. (8)
Le 12 avril 1918, Georges Clemenceau de retour du front, passe à Luzarches. Un nouvel hôpital auxiliaire est ouvert à Champlâtreux. . (LUZARCHES De la Première Guerre mondiale à aujourd'hui)
Puis le vendredi 12 avril 1918, de 22h10 à 22h30, nous entendons la canonnade. Malheureusement, cette fois les dégâts sont assez graves rue de Rivoli et on annonce 26 morts et 72 blessés. Une conduite de gaz fut défoncée, prit feu et les énorme flammes léchaient les immeubles environnants. (8)
En attendant, les canons monstres tirent toujours sur notre capitale, non seulement le jour, mais la nuit. Le premier bombardement nocturne eut lieu dans la nuit du 13 au 14 avril 1918. Petit à petit, les dégâts s’accumulent. La maternité fût touchée en plein jour par un obus ; de jeunes bébés furent tués ou blessés ! (8)
Le 14 avril 1918, le général Foch est nommé commandant en chef des armées alliées en France.
Les Allemands brûlent Reims. (20 avril ?)
La nuit du 23 au 24 avril 1918, alerte nocturne à Paris. (8)
Le mardi 30 avril 1918, la mairie délivre les tickets de pain. (8)
En mai 1918, les allemands attaquent, entre Scarpe et Oise. (6)
11 mai 1918 : la municipalité joint ses protestations à celles des communes riveraines de la forêt de Montmorency, contre le déboisement. On veut une intervention préfectorale énergique et « Urgente » pour éviter tout nouveau déboisement ; pour conserver les bois, on n’autoriserait que les coupes normales faites « en l’usage des lieux et à la nature de ces bois, ce que faisant sera justice dans l’intérêt de toutes les villes et communes de la région » (4)
Grèves dans les usines de guerre.
Le 14 mai 1918 : 200 grammes de viande par personne.
Le 15 mai 1918 : à partir de ce jour, 3 jours sans viande par semaine.
A partir du 15 mai 1918, le tarif des chemins de fer est augmenté de 25%. Jusqu’ici, pour se rendre à Paris (aller et retour en 3ème classe) nous payions 1.65F, maintenant nous paierons 2.05F. (8)
Le 15 mai 1918, alerte à Paris. A midi 15, alerte canonnade. Le même jour, de 22h15 à minuit, tir de barrage. Les boches bombardent Creil. (8)
Les batteries contre avions du camp retranché sont renforcées de plusieurs pièces. Dans la nuit du 23 au 24 mai 1918, entre minuit et une heure, la canonnade nous empêche de dormir. Aucun avion ennemi ne survole Paris, donc ni dégâts, ni victimes. Quant aux « grosses Bertha », elles continuent à tirer sur Paris et sa banlieue des obus de 210. En un mois, après 20 bombardements, on compte 354 victimes dont 118 tués. Le commerce et l’industrie souffrent beaucoup, les affaires sont pour ainsi dire nulles. Beaucoup de personnes de Taverny qui étaient parties il y a quelques semaines regagnent leur foyer. Elles se plaignent de la difficulté de se nourrir et du prix exorbitant de la vie dans les régions qui ne craignent rien de la guerre. (8)
Petite esquisse historique du faux Paris lumineux, de Fernand Jacopozzi
À la fin de la Première Guerre mondiale, vers 1917, l’Etat-major français décide de planifier une réplique de Paris et de ses environs destinée à duper les aviateurs allemands susceptibles de venir bombarder l’agglomération parisienne.
Depuis 1915, ce sont principalement des ballons dirigeables, les fameux « Zeppelins », qui bombardent la capitale et ses environs. Cependant, dès le 30 août 1914, un « Taube » (avion monoplan allemand) survole Paris, largue quatre bombes - qui ne feront ni mort ni blessé -, déverse de nombreux tracts et une oriflamme aux couleurs allemandes. Le but de ce raid n’est pas de faire des victimes (les bombes ne font que deux kilos), mais participe de ce qu’on appelle la « guerre psychologique ». D’autres rares incursions aériennes auront lieu au-dessus de la capitale jusqu’en juillet 1915, elles ne feront pas de gros dégâts (les avions ne disposent pas encore d’appareil de visée), leur objectif consiste avant tout à démoraliser « l’arrière ». On pourrait croire que ces premiers raids plongent la population parisienne dans la panique collective, mais il n’en est rien : « Les Parisiens sont davantage dominés par la curiosité que par un sentiment de frayeur. Ils sortent armés de jumelles et s'installent sur les bancs des squares et des boulevards pour attendre les assaillants. On fait même mieux ! Les points élevés de Paris sont envahis et sur la butte de Montmartre on loue des chaises et des longues-vues pour attendre l'apparition dans le ciel des « Taubes quotidiens . »1
La menace venue du ciel
La menace venue du ciel
Mais cette attitude insouciante sinon inconsciente va changer très vite : les avancées techniques et tactiques en matière de guerre aérienne vont être considérables en l’espace d’à peine deux années. Ainsi l’arrivée dans le ciel francilien des Zeppelins en 1915 et à partir de janvier 1918, des bombardiers « Gotha » va profondément bouleverser les enjeux de la guerre.
Longtemps persista en effet l’idée selon laquelle « l'arrière » - les villes situées en retrait du front et leur population civile - était hors de portée de l'ennemi, or rien n'est plus faux : durant la seconde moitié de la guerre, il y eut bien un réel danger et une réelle menace venus du ciel. Dès 1915 - au moment où l'Europe bascule dans la « guerre totale » - l'Etat-major allemand décide de frapper les villes françaises et anglaises afin d'entamer le moral des civils. Jusqu'en 1917, les bombardements allemands sont essentiellement effectués à l'aide des Zeppelins, efficaces, mais vulnérables : le 29 janvier 1916, un Zeppelin lâche 17 bombes sur l'Est de Paris provoquant la mort de 26 personnes dans les quartiers de Belleville et de Ménilmontant.2
Mais cette attaque aérienne sera l’une des dernières du genre utilisées par les Allemands. Lors des raids nocturnes sur Londres qui ont lieu du 19 au 20 novembre 1917, la moitié des ballons sera abattue. L'échec des dirigeables Zeppelin pousse donc l'Etat-major allemand à réfléchir à un nouveau type de bombardement : à partir de 1917 les bombardiers allemands « Gotha G » font leur apparition ; beaucoup plus maniables que les Zeppelin, ils sont aussi plus destructeurs : leur chargement de bombes peut varier entre 600 kg et une tonne et leur rayon d’action entre 550 et 1200 km.3 On est très loin des bombardements « artisanaux » des « Taube » de l’été 1914. Ces raids des « Gothas » seront terriblement redoutés par l’Etat-major français.
Créer un faux-Paris
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Dans ce contexte, l’armée française met en place un système de défense antiaérienne : projecteurs, canons, ballons de barrage. En août 1917 sont expérimentées des opérations de camouflage lumineux au Nord-Est de Paris.
Elles sont fort rudimentaires : « On s’était borné à installer, en bordure de chemins de terre, quelques lampes à acétylène, de manière à laisser croire à la présence d’avenues non éteintes. » raconte le journal L’Illustration.4
Mais bientôt, sous l’impulsion du secrétariat d'État à l’Aéronautique et de la D.C.A., un projet de large envergure destiné à tromper l’ennemi sur la position exacte de Paris est mis sur pied ; à l’orée de 1918, on décide de simuler l’ensemble de l'agglomération parisienne ; « les difficultés d’exécution étaient grandes », remarque L’Illustration : « il fallait d’abord trouver sur la carte des emplacements dont la configuration générale rappelât celle des lieux que l’on voulait reproduire. Par exemple, pour simuler l’agglomération parisienne, il était nécessaire qu’on utilisât une boucle de la Seine analogue à celle qui traverse la capitale et dont aucun artifice de camouflage ne pouvait tenir lieu. Il fallait ensuite que les zones qu’on allait ainsi désigner aux bombardements de l’ennemi ne fussent pas semées de localités habitées.»5
Le gouvernement français fait alors appel à l’industrie privée pour concevoir et réaliser les travaux nécessaires à l’édification de ce faux objectif ; la décision est prise d’assembler des leurres et de les éclairer afin de tromper l’ennemi. C'est à l’ingénieur d’origine italienne Fernand Jacopozzi que revient la responsabilité, non seulement d'établir et de dessiner les plans de ce faux Paris, mais aussi de mettre au point son éclairage nocturne.
Une ville lumière
Cette décision de construire un faux Paris peut sembler à l’homme du XXIe siècle parfaitement aberrante. Pour autant, elle n’est pas complètement dépourvue de sens commun.
De fait, les bombardements diurnes de la capitale ne sont quasiment plus d’actualité à partir de 1917, car beaucoup trop risqués en raison des systèmes de défense antiaérienne qui se sont sophistiqués depuis les débuts de la guerre ; l’importante concentration des pièces d’artillerie antiaérienne autour de Paris est très dissuasive ; les raids sont donc essentiellement nocturnes. La nuit, les aviateurs, ne disposant pas de radar, s’orientent à la clarté de la lune et à la lueur des étoiles. Une brochure confidentielle française consacrée au bombardement aérien publiée en 1918 explicite ce que l’on peut observer alors, selon la visibilité : bois, routes, cours d’eau, lacs et étangs. Cette brochure précise que la visibilité est excellente lors des nuits de lune, qu’elle “oblige à plus d’attention et à quelques précautions lors des nuits sans lune » et que la découverte d’indices par très mauvaises nuits requiert, elle, un « travail scrupuleux ».7
On peut aussi aisément concevoir aujourd’hui que les pilotes de bombardiers de nuit s’orientaient vers Paris en suivant les voies ferrées grâce aux lueurs des trains qui fonctionnaient à la vapeur. Il n’est pas non plus à écarter que l’ennemi d’alors fût informé de la construction de ces fausses cibles. Mais peu importe, l’essentiel, comme le conclut l’article de L’Illustration était que tel aviateur ennemi se laisse prendre « au mirage d’une fausse usine ou d’une gare simulée »8. Dans un article de la Revue militaire française paru à l’hiver 1930, le lieutenant-colonel Vauthier, revenant en détails sur l’édification de ce faux objectif, rejoindra lui aussi les conclusions de L’Illustration : « Quand apparaîtra à ses yeux un objectif dont il [le pilote] reconnaîtra la forme, il n’aura pas toujours une liberté d’esprit suffisante ni même les éléments de jugement indispensables pour démêler le vrai du faux. Connaissant l’existence de faux objectifs, il aura tendance à se demander, même pour les vrais : est-ce un faux ? Ce doute jeté dans les esprits de l’attaque est déjà un résultat appréciable. »
C’est donc dans cet état d’esprit que fut conçu le faux Paris ; le plan de ces objectifs factices comprenait l’organisation de trois zones :
Une zone au Nord-Est de Paris - reproduisant l’agglomération de Saint-Denis, les usines d’ Aubervilliers, les gares de l'Est et du Nord de Paris constituant l’objectif A - translatée dans un quadrilatère situé entre Roissy-en-France, Louvres, Villepinte et Tremblay-en-France, dite zone A’ ;
Une zone au Nord-Ouest de Paris : ce projet était le plus ambitieux ; un faux Paris - constituant l’objectif B - était prévu sur la boucle de la Seine près de la forêt de Saint-Germain. Il devait reproduire le chemin de fer de la petite ceinture, certains points remarquables de la capitale comme le Champ-de-Mars, le Trocadéro, la Place de l’Étoile et celle de l’Opéra, les Champs-Élysées, les grands boulevards ainsi que les gares des Invalides, d’Orsay, de Montparnasse, d’Austerlitz et de Lyon. Cet objectif B’ se situait entre Maisons-Laffitte, Herblay et Conflans-Sainte-Honorine. À cet endroit, le méandre de la Seine ressemble à s’y méprendre à celui qui traverse la capitale ;
Une zone à l’Est : l’objectif simulé C devait figurer une agglomération importante d’usines fictives dans les régions de Chelles, Gournay, Vaires-sur-Marne, Champs, Noisiel et Torcy, il se situe dans la zone dite C’.
On trouve une description de ce projet dans Quand Paris était une ville-lumière, le livre du général Pierre-Marie Gallois10 et notamment de l’objectif B’ : « De fausses gares, des places et des avenues factices, simulées par des lumignons adroitement disposés dans la forêt de Saint-Germain, auraient donné à l’ennemi aérien l’illusion de survoler un Paris au couvre-feu mal observé. Des sortes de plateaux roulants, portant des lampes tempêtes et tirés par des chevaux, formeraient des "trains" entrant ou sortant des "gares", elles-mêmes balisées par des feux fixes. Sur la Seine, quelques péniches vaguement éclairées évolueraient lentement. Ainsi seraient égarés les aviateurs allemands, la forêt de Saint-Germain passant à leurs yeux pour une cible "rémunératrice". »
Une autre description de ce projet, plus précise et plus exhaustive, se trouve dans le numéro spécial « Chemins de fers » de la revue La Vie du Rail du 11 novembre 1968, notamment de la zone Nord-Est : « l’art de l’ingénieur électricien devait ici se doubler d’une subtile psychologie, qui est l’âme du camouflage. Pour imiter les lueurs des foyers des locomotives en marche, on utilisait des lampes de différentes couleurs éclairant alternativement des vapeurs produites artificiellement. Les voies ferrées simulées étaient obtenues simplement par des toiles posées sur le sol. Quant aux signaux, ils se réduisaient à des lampes aux couleurs du code, placées à deux mètres du sol. Les trains étaient indiqués par des surfaces en bois posées sur le terrain, les unes à la suite des autres, comme les voitures d’une rame. Un éclairage latéral projetait la lumière à l’extérieur, comme si elle venait des fenêtres. Mais le "clou" était la réalisation d’un train en marche. Sur quelque 2000 mètres, l’éclairage courait progressivement d’une extrémité à l’autre, sur une longueur correspondant à celle d’un convoi moyen. C’était l’illusion du mouvement tel qu’il est donné par enseignes lumineuses. »
L'abandon du projet
Mais en vérité, un seul élément du faux Paris fut construit, et seule une partie de la zone A’ vit le jour.
Les travaux de construction débutèrent donc au Nord de Villepinte, dans la zone dite de « l’Orme de Morlu », par la fausse gare de l’Est. Elle comprenait « bâtiments, voies de départ, trains à quais et trains en marche, amorces de voies et signaux, et une usine avec bâtiments et fourneaux en marche. Il fallut, en outre, établir un groupe de transformateurs permettant de ramener à 110 volts le courant d’énergie à 15 000 volts de la Société d’éclairage et force », selon L’Illustration.11 Ces bâtiments en bois étaient recouverts « de toiles peintes, tendues et translucides, de manière à imiter les toits de verre sale des usines. L’éclairage se faisait en-dessous. Il comprenait une double ligne, donnant, d’une part, l’éclairage normal et, d’autre part, l’éclairage réduit à l’alerte. Car c’est la discrétion des moyens qui pouvait procurer l’illusion.»13
Au demeurant, ces installations « ne furent prêtes qu’après le dernier raid allemand sur Paris en septembre 1918 ; elles n’ont donc pas l’épreuve de l’expérience. D’autre part, l’armistice vint interrompre la construction complète du plan total. », commenta La Revue militaire14 en 1930. “La guerre se termina avant que le stratagème ait fait ses preuves. L’entreprise de camouflage était inachevée lorsque l’armistice de novembre 1918 y mit un terme. Le « faux Paris » de Jacopozzi ne fut pas opérationnel.»15 conclut de façon similaire le général Gallois. Ainsi ce projet ne fut jamais qu’embryonnaire. Au tout début des années vingt, il n’en restait quasiment rien.
Les lieux où devait être construite cette ville en fac-similé requéraient que l’on s’y rende, qu’on les arpente méticuleusement, que l’on soit à l’affût du moindre signe susceptible de renvoyer à cette chimère, que l'on pousse l’investigation au cœur de la syntaxe urbaine, attentif aux lapsus du territoire. Il fallait, quand bien même le réel est toujours déceptif, accorder créance au genius loci. C’est ainsi que je me suis lancé avec mon ami ami Didier Vivien, photographe, et son fils Gaspard, étudiant en architecture, à la recherche des traces de ce faux Paris. Nous avons donc « dérivé » dans la région parisienne, en quête de vestiges hypothétiques ; le livre Paris est un leurre restitue cette petite aventure.
Le projet d'un faux Paris
Au début de l'année 1917, le service de renseignements de l'armée française sait que l'Allemagne va bientôt utiliser des bombardiers lourds. Aussi en parallèle à l'organisation pour une défense des points sensibles de Paris et de ses environs (viaducs, voies ferrées, gares, entrepôts de munitions, usines), l'état-major décide de construire un faux Paris autour de la capitale. L'idée est de réaliser en bois et en toile des volumes plus ou moins éclairés pour simuler des bâtiments, des avenues et des trains et tromper l'aviation ennemie en l'attirant vers des secteurs peu peuplés (voir illustration IV).
Le projet prévoit trois zones factices comme le montre les illustrations II et III (parues dans l'hebdomadaire The Illustrated London News du 6 novembre 1920).
II - La commune de Saint Denis (A1) est reproduite à Roissy en France (A2), Paris (B1) est "déplacé" vers le Nord-Ouest en B2 et une fausse zone industrielle est créée à l'Est de la capitale (C). |
III - Détail du projet du faux Paris, entre Pierrelaye et Maisons-Laffitte, au N-O de Paris, limité par le tracé de la petite ceinture et traversé par une boucle de la Seine ressemblant à celle de la capitale. |
Le samedi 25 mai 1918, l’appariteur annonce que le lendemain il n’y aura plus de gaz faute de charbon … mais le charbon arrive à temps. (8)
Le dimanche 26 mai 1918, les enfants des écoles quêtent pour la reconstitution des foyers détruits par la guerre. (8)
Le 28 mai 1918, la mairie délivre les tickets de pain, et les bons d’essence ou de pétrole aux personnes ayant le gaz ou l’électricité qui n’en avaient pas touché. (_)
A vrai dire, les « Gothas » commencent à nous empêcher de dormir : Les 17, 21, 22, 27, 28, 29, 30, et 31 mai 1918, Raids de « Gothas » sur la région parisienne. Malgré les tirs de barrage de plus en plus serrés, le public de Taverny s’habitue à la visite des boches, Maintenant la banlieue est plus éprouvée que Paris par la chute des bombes. (8)
Quelques faits sur la deuxième quinzaine de mai 1918. Le succès du jour ?…est le port de deux petites poupées en laine qui vous protègeront … des Gothas. Ces portes-chance s’appellent « Nénette et Rintintin ». (8)
Des aventures aujourd’hui oubliées. Mais les deux prénoms eurent une autre postérité.
Pour Rintintin, on la doit au caporal américain Duncan qui, en septembre 1918, près de Toul en Lorraine, adopte deux chiots trouvés dans un chenil bombardé. Il les nomme Nénette et Rintintin en souvenir d’enfants français qui lui avaient offert les fameuses poupées porte-bonheur, puis ramène ses chiots aux Etats-Unis où, remarqué pour ses performances, le mâle, Rintintin, entame en 1922 une carrière d’acteur à Hollywood, jusqu’à la célèbre série télévisée des années 50 (avec le 4ème du nom, descendant de l’ancêtre lorrain.
Nénette, elle, doit sa notoriété ultérieure à Monsieur Henri Richaud, créateur de la« nénette », qui donna ce nom à cette brosse douce en référence à la poupée porte-bonheur de la Grande Guerre. Pour quelle raison ? Il n’eut pas le loisir de nous le révéler. Peut-être les fils de coton soyeux dont est tissée la frange évoquaient-ils pour lui la laine dont étaient faits les petits personnages ? Peut-être ce choix était-il aussi, plus largement, une forme d’hommage aux générations qui vécurent cette période ?
Etrange cousinage, en tout état de cause, entre un produit bien français pour l’entretien de l’auto et un chien américain héros de western, tous deux si emblématiques des années 50 et 60 qu’à ce titre ils ont droit, l’un et l’autre, mais séparément et sans lien entre eux, à un chapitre du livre de Jacques Gaillard « Qu’il était beau mon meccano », paru en 2009. Ce lien existe pourtant, et révèle, pour qui connaît leurs origines respectives, un aspect aujourd’hui méconnu de la 1 ère guerre mondiale.
Le 27 mai 1918 nouvelle offensive allemande, les allemands attaquent, à l’ouest de Reims, au « Chemin des Dames » (6)
Bataille de l’Aisne entre Soissons et Reims. Nos troupes se replient. Perte du Chemin des Dames. Les Allemands s’emparent de Soissons, arrivent jusqu’à la marne et font des progrès sur l’Ourcq et dans la direction de Compiègne. (8)
27 mai 1918, reprise du bombardement de Paris par gros canon. Le 27 mai 1918, nous sommes surpris d’entendre la voix de la « Grosse Bertha » car depuis 24 jours, Paris n’était plus bombardé par les canons à longue portée. De Taverny, nous entendons distinctement l’éclatement des obus(8)
Le 30 mai 1918, l’ennemi atteint la Marne à Château-Thierry. (6)
30 mai 1918 Paris est bombardé par la « grosse Bertha »
Cette dernière quinzaine nous apporte quantité de mauvaises nouvelles – Béthune en feu – Nouvelle offensive allemande ? Avance rapide des Allemands jusqu’à la Marne et sur l’Ourcq. Le public abattu colporte des nouvelles plus ou moins justes. La menace d’invasion plane encore une fois sur notre population. Les affaires sont arrêtées. En un mot, les Tabernaciens sont sur le « qui-vive ». (8)
Le 1er juin 1918 de midi 30 à 13h30, Taverny voit pour la première fois défiler des soldats américains. Un assez grand nombre de voitures, de fourgons et de chevaux passent dans la rue de Paris. (8)
Les jeunes gens de 16 à 20 ans sont priés de se faire inscrire à la mairie pour suivre des cours de préparation militaire. (8)
Cette première quinzaine de juin comptera parmi les plus émotionnantes dans notre contrée. Même les personnes plus fermes envisagent avec effroi l’heure de l’exode devant l’envahisseur.
Pendant cette quinzaine, nous sommes réveillés quatre fois par les bombardements de nos batteries contre avions. 1er au 2, 3 au 4, 6 au 7, 15 au 16 juin 1918. L’activité aérienne devient de plus en plus dense, ce n’est plus un ou deux avions que nous remarquons de temps en temps mais des escadrilles qui sillonnent le ciel. (8)
Nous sommes encore une fois en pleine panique. Matin et soir, les journaux sont pris d’assaut. La gare est encombrée de malles et de colis de toutes sortes, beaucoup de personnes envoient leur linge et les affaires précieuses loin d’ici. Journellement, nous voyons passer des voitures de réfugiés. Nous apprenons le départ de certaines banques, compagnies, usines etc. Ce qui effraie encore plus la population. A la fin juin 1918, 20% des Tabernaciens et non des plus pauvres désertent une fois de plus notre localité. (8)
Le silence des « grosses Bertha » allemandes étonne le public qui suppose que les boches sont entrain d’avancer de nouvelles pièces grosses pièces pour tirer sur Paris et le camp retranché. Nous savons que la défense du camp retranché de Paris est poussée avec vigueur. L’autorité militaire a fait appel à la main-d’œuvre civile. Les terrassiers sont embauchés en grand nombre au prix de 1.75F de l’heure plus une indemnité journalière de 2.50F. (8)
Nous subissons une sécheresse peu ordinaire qui fait craindre une mauvaise récolte. (8)
Pour finir, les batteries de la DCA (défense contre avions) font de leur mieux contre les « Gothas ». La canonnade est nourrie pendant les nuits du 26 au 27, 27 au 28 et 28 au 30 juin 1918. De nombreux éclats d’obus sont retrouvés un peu partout. On signale aussi la chute d’obus non éclatés. Les « Gothas » bombardent Paris et sa région. 8 bombes tombent dans les champs à l’Isle-Adam. Dans la nuit du 30 juin au 1er juillet 1918, Paris subit encore deux alertes sans visite des boches. De Taverny, nous n’entendons que quelques coups de canons et au loin.(8)
Le général Guillaumat est nommé gouverneur militaire de Paris en remplacement du général Dubail nommé grand chancelier de la Légion d’Honneur.
Dans la nuit du 27 au 28 juin 1918, Les avions allemands déversent leurs bombes sur Beaumont-sur-Oise et à Presles… ». (4)
14 juillet 1918, Fête nationale de l’entente, défilé des alliés dans Paris.
15 juillet 1918, Offensive allemande de Château-Thierry à Massiges. Les gros canons tirent sur Paris.
Dans la nuit du 14 au 15 juillet 1918, à 3h45 du matin, nous sommes réveillés par la canonnade du front. Ce n’est qu’un roulement qui dure sans arrêt. Tout le monde comprend que c’est la grande offensive boche qui commence. Au loin, on aperçoit très bien des lueurs d’éclatement des obus ou leurs départs de la pièce. Les fameuses « Berthas » recommencent à tirer sur Paris. (8)
Mort de Gabriel Victor Léon Franconi dit Gabriel-Tristan Franconi est un écrivain et poète d'origine suisse naturalisé français, né à Paris le 17 mai 1887, mort pour la France, décapité par un obus, au bois de Sauvillers (Somme) le 23 juillet 1918. Pendant la Première Guerre mondiale, il intègre, à sa demande, le 272e régiment d'infanterie. Il commande un tank, sur lequel son comportement de héros en 1914 lui vaut la croix de la Légion d'honneur. Il est grièvement blessé en mars 1916, mais repart au front en juillet 1917. Avant de tomber au combat, il se trouve à nouveau à Paris en août 1917 pour épouser en secondes noces Ernestine Delvoie, actrice de théâtre, qui lui donnera une fille unique, Iseult.
Le commandement unique des Alliés
Les contre-offensives finales
Le 18 juillet 1918, les franco-américains prennent l’offensive entre l’Aisne et la Marne
Tirs de barrage dans la nuit du 18 au 19 juillet 1918 et le lundi 22 juillet 1918 de 11h30 à midi. (8)
L’offensive allemande est enrayée. Nous reprenons des villages, capturons 20.000 prisonniers et 400 canons. Les allemands sont rejetés au nord de la Marne. Reprise de Château-Thierry.
Alerte accompagnées de tirs de barrage dans la nuit du 1er au 2 août 1918. (8)
Le 2 août 1918, nous manquons de pain à Taverny. (8)
Le 2 août 1918, les Français reprennent Soissons.
L’armée française se regroupe, et le 6 août 1918, près de Villers-Cotterêts, elle gagne la seconde bataille de la Marne. (6)
Le 7 août 1918, l’autorité militaire opère une visite des chevaux de la région à Bessancourt. (8)
Le 8 août 1918, Victoire française entre Albert et Montdidier, reprise de Montdidier.
Alerte accompagnées de tirs de barrage dans la nuit du 14 au 15 août 1918. (8)
Alerte accompagnées de tirs de barrage dans la nuit du 15 au 16 août 1918. (8)
Pendant la deuxième quinzaine d’août 1918, nous entendons deux fois pendant la matinée les tirs de barrage des batteries contre avions, les 22 et 23 août 1918. le public ne cause que de la nouvelle offensive franco-britanique qui nous rend maîtres pendant cette quinzaine de Lassigny, d’Albert, de Roye, de Croisilles, de Chambres, de Nesles, de Noyon, de Bapaume et de Combles. (8)
En août, plus d’un million de soldats américains servent en France et il en arrive 250 000 chaque mois. Dès la fin septembre, l’armée allemande se replie. (6)
Août-octobre 1918 La grippe espagnole, après une première vague au printemps, frappe les civils et les militaires. La pandémie est l'une des plus meurtrières de l'histoire.
Malheureusement de partout on signale des maladies épidémiques. La grippe espagnole continue à faire de nombreuses victimes. La grippe espagnole et ses suites ont occasionne la mort de 6 millions de personnes dans le monde entier. Taverny a été touché par cette vilaine maladie qui a enlevé une dizaine de jeunes personnes. (8)
Du 1er au 15 septembre 1918, les Anglais reprennent Péronne, Bouchavesnes, Bullecourt, Quéant et les Français Coucy le Château, Coucy la Ville, Ham, Chaunu, Tergnier. Les Américains attaquent et reprennent Saint-Mihiel le 12 septembre 1918.
Le 12 septembre 1918, il défile à Taverny des cavaliers marocains. Nous voyons tous les jours des soldats italiens qui sont cantonnés à Saint-Leu et dans la région ; ces hommes font des travaux sur les voies de chemin de fer. (8)
Il y aura d’autres bombardements d’avions allemands, les 15 et 16 septembre. (4)
Dans la nuit du 15 au 16 septembre 1918, les Gothas nous rendent visite. La canonnade est des plus violente et 2 « Gothas » sont abattus. (34 victimes et des dégâts à Paris et en banlieue. (8)
A Domont, nous trouverons l’unique mention de ces raids de l’aviation allemande, le 6 octobre 1918. Quelques anciens nous ont transmis leurs souvenirs de cette période. Ils nous ont parlé des « Alertes aux gothas ». Ils allaient se cacher dans des caves voutées et ils attendaient dans le noir la fin du passage d’avions. (4)
Du 15 au 30 septembre 1918, les Français et les Américains prennent l’offensive de part et d’autre de l’Argonne. Les Anglais attaquent à l’ouest de Cambrai. Les Belges prennent l’offensive et s’emparent de Dixmude.
Du 1er au 15 octobre 1918, les alliés reprennent au Allemands : Saint-Quentin, Lens, Armentières, La Bassée, Cambrai, Vouziers, La Fère, Laon, Roulers, Menin.
Mornier est nommé gouverneur militaire de Paris.
Rétablissement de l’heure d’hiver dans la nuit du 5 au 6 octobre 1918
Les allemands attaquaient à Noyon, décidés à en finir … Mais, cette fois, nous étions prêts … et leur offensive se termina en déroute … Nous reprîmes le terrain perdu et, comme nos troupes approchaient de ses frontières, l'Allemagne abandonna la lutte. (2)
Pendant la première quinzaine d’octobre 1918, les bonnes nouvelles qui arrivent journellement font espérer des jours encore meilleurs. Le front allemand cède un peu partout, la chance va-t-elle enfin nous favoriser ? les sujets du Kaiser qui se croyaient victorieux reculent devant nos soldats et nos alliés. (8)
Prise de Courtrai, Lille, Douai, Ostende, Roubaix, Tourcoing, Bruges, Zeebrugge, Denain par les alliés.
L’Allemagne offre la paix à la Belgique.
Le chancelier von Hertling et le ministre des affaires étrangères von Hintze démissionnent en Allemagne
Le chancelier d’Autriche Burian démissionne.
La Bulgarie demande un armistice pour traiter les conditions de paix.
L’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et la Turquie proposent un armistice général au président Wilson.
Les Etats-Unis répondent à l’Allemagne que les conditions d’un armistice dépendront des chefs militaires alliés, qu’aucune négociation n’est possible tant que persisteront les pratiques illégales et inhumaines, des armées allemandes, que l’Entente doit savoir sans équivoque si le gouvernement allemand à qui elle a affaire représente vraiment la Nation.
« Pas de négociations avec les maîtres actuels de l’Allemagne mais la capitulation pure et simple »
Révolution en Autriche-Hongrie. L’empereur Charles est en fuite.
Révolution en Allemagne, Guillaume II abdique. Le tout nouveau chancelier Max de Bade donne sa démission. Le Kronprinz renonce au trône.
L’Autriche-Hongrie demande une paix séparée. Elle sollicite un armistice immédiat sur tous les fronts et accepte sans réserve toute conditions du président Wilson.
La Turquie signe l’armistice.
L'armistice avec l’Allemagne :
Début novembre 1918, prise de Valenciennes, Belgrade, Rethel, Vervins, Sedan, Tournai, Maubeuge, Kirson, Mézières.
-7 novembre 1918, la délégation allemande franchit les lignes françaises pour venir délibérer des conditions de l'armistice,
Dans la journée du jeudi 7 novembre 1918, un faux bruit avait circulé avec persistance « l’Armistice est signé ». Le soir à la gare, une foule attend les journaux du soir et est déçue d’avoir eu confiance à cette nouvelle, venue on ne sait comment. (8)
Cette fois, le lundi 11 novembre, vers 10 heures, nous apprenons que l’armistice est réellement signé. A 11 heures, les canons se font entendre ; les drapeaux font leur réapparition car depuis 4 ans les fenêtres n’avaient jamais porté aucun emblème. Les sirènes se mettent de la partie, les cloches de l’église, elles, ne sonneront que dans l’après-midi. De partout, les visages rayonnent, le travail est délaissé, la grande fête de la délivrance commence. Le soir, la mairie est illuminée, des lampions sont allumés à plusieurs endroits. Après 52 mois de lutte, 1961 jours de combat, la paix victorieuse apparaît. (8)
-11 novembre 1918 l’armistice est imposé à l'Allemagne, il est signé à 5 heures du matin, dans un wagon de chemin de fer près de la gare de Rethondes dans la forêt de Compiègne, Erzberger, chef de la délégation allemande, qui sera assassiné trois mois plus tard, par les ultras nationalistes allemands, s'incline devant le maréchal Foch et signe à 11 heures la fin des combats,
Tous les clochers arborent le drapeau français, les cloches sonnent à toute volée et l'Alsace Loraine est rattachée à la France,
11 novembre 1918 (Clemenceau annonce les termes de la convention d'armistice)
Le traité de Versailles
Les principales clauses
A) Sur le front d'occident
I) Cessation des hostilités, sur terre et dans les airs, six heures après la signature de l'armistice.
II) Évacuation immédiate des pays envahis : Belgique, France, Luxembourg, ainsi que de l'Alsace-Moselle, réglée de manière à être réalisée dans un délai de quinze jours à dater de la signature de l'armistice. […]
IV) Abandon par les armées allemandes du matériel de guerre en bon état. […]
V) Évacuation des pays de la rive gauche du Rhin par les armées allemandes. Les pays de la rive gauche du Rhin seront administrés par les autorités locales, sous le contrôle des troupes d'occupation des Alliés et des États-Unis. […] [qui] assureront l'occupation de ces pays par des garnisons tenant les principaux points de passage du Rhin (Mayence, Coblentz, Cologne) avec, en ces points, des têtes de pont de 30 kilomètres de rayon. […]
VI) Dans tous les territoires évacués par l'ennemi, toute évacuation des habitants sera interdite ; il ne sera apporté aucun dommage ou préjudice à la personne ou à la propriété des habitants. Personne ne sera poursuivi pour délit de participation à des mesures de guerre antérieures à la signature de l'armistice. Il ne sera fait aucune destruction d'aucune sorte. […]
VII […] Il sera livré aux puissances associées : 5 000 machines montées et 150 000 wagons en bon état de roulement […] et 5 000 camions automobiles en bon état. […]
B) Dispositions relatives aux frontières orientales de l'Allemagne.
XII) Toutes les troupes allemandes qui se trouvent actuellement dans les territoires qui faisaient partie avant-guerre de l'Autriche-Hongrie, du Royaume de Roumanie, de l'Empire ottoman, doivent rentrer immédiatement dans les frontières de l'Allemagne telles qu'elles étaient au 1er août 1914. Toutes les troupes allemandes qui se trouvent actuellement dans les territoires qui faisaient partie avant la guerre de la Russie devront également rentrer dans les frontières de l'Allemagne définies comme ci-dessus, dès que les Alliés jugeront le moment venu, compte tenu de la situation intérieure de ces territoires. […]
C) Dans l'Afrique orientale.
XVII) Évacuation de toutes les forces allemandes opérant dans l'Afrique orientale dans un délai réglé par les Alliés. […]
F) Clauses navales.
XXII) Livraison aux Alliés et aux États-Unis de tous les sous-marins. […]
G) Durée de l'armistice.
XXXIV) La durée de l'armistice est fixée à trente-six jours, avec faculté de prolongation.
La cessation des hostilités a lieu le 11 novembre à 11heures du matin. (8)
Le 11 novembre 1918, à la onzième heure du onzième jour du onzième mois, toutes les cloches de France sonnèrent à toute volée pour annoncer la signature de l'Armistice … les fenêtres étaient pavoisées, tout le monde chantait, acclamait les vainqueurs : Poincaré, Wilson, Foch, Clémenceau … et le « Poilu » !!.... (2)
Derniers morts au combat
Le dernier jour de guerre a fait près de 11 000 tués, blessés ou disparus, soit plus que lors d'une opération majeure comme le Jour J en 1944. Certains soldats ont perdu la vie lors d'actions militaires décidées par des généraux qui savaient que l'armistice avait déjà été signé. Par exemple, le général Wright de la 89e division américaine prit la décision d'attaquer le village de Stenay afin que ses troupes puissent prendre un bain, ce qui engendra la perte de 300 hommes.
À 10 h 45 du matin, soit 15 minutes avant l'heure du cessez-le-feu, Augustin Trébuchon a été le dernier soldat français tué, estafette de la 9e compagnie du 415e régiment de la 163e division d'infanterie, il est tué d'une balle dans la tête alors qu'il porte un message à son capitaine. Le dernier britannique, George Edwin Ellison a été tué à 9 h 30 alors qu'il faisait une reconnaissance non loin de Mons en Belgique. Le dernier soldat canadien a été George Lawrence Price, deux minutes avant l'armistice. Il a d'abord été enterré à Havré avant d'être transféré à Saint-Symphorien (Belgique), au cimetière militaire. La pierre tombale d'Havré est exposée au musée d’Histoire militaire de Mons. Enfin l'Américain Henry Gunther est généralement considéré comme le dernier soldat tué lors de la Première Guerre mondiale, 60 secondes avant l'heure d'armistice, alors qu'il chargeait des troupes allemandes étonnées parce qu'elles savaient le cessez-le-feu imminent.
La date de décès des morts français du 11 novembre a été antidatée au 10 novembre par les autorités militaires. Deux hypothèses expliquent cette décision. L'hypothèse symbolique : pour les autorités militaires, il n'était pas possible ou trop honteux de mourir le jour de la victoire; l'hypothèse matérielle : cette décision a été prise dans de nombreux cas par des médecins ou les chefs directs des soldats morts après l'armistice (dans ce cas, les épouses ne touchaient pas les pensions de guerre) afin d'éviter toute forme de contestation sur l'attribution des pensions des veuves de guerre.
La municipalité s’associe aux autres communes de France pour « Témoigner sa reconnaissance et son admiration aux merveilleux soldats qui ont libéré le sol français par la victoire ». Elle « adresse ses félicitations à M. Clémenceau, au maréchal Foch et à toute l’armée française et à celle des alliés qui ont bien mérité de la patrie ». (4)
Si partout, même dans les plus petites campagnes l’armistice a été fêté avec joie, à Paris, ce fut du délire. Dans l’après-midi du 11 novembre, nous nous rendons à la capitale. Le spectacle des rues est vraiment impressionnant. Des milliers de drapeaux ornent les boulevards et les rues. La foule se presse, s’entasse pour manifester. Des grappes humaines sont suspendues et perchées sur des camions de toutes sortes ; les soldats alliés sont embrassés par les femmes et je remarque que les poilus français, embrassent les jeunes filles et les femmes avec liberté. La foule s’empare de canons boches et les promène dans les rues. Le soir, les rues s’illuminent. On se jette des confettis ; à tous les coins des marchands de chansons et de drapeaux ; des bals s’improvisent. Ces manifestations recommencent le lendemain 12 novembre. Quel changement avec il y a quelques mois. Aujourd’hui, tout le monde est joyeux et impressionné en entendant les cloches, le canon et les cris qui annoncent la défaite de l’Allemagne. (8)
Le 1er décembre 1918, des plaintes ayant été formulées à plusieurs reprises par des habitants qui sont journellement incommodés par les jets de pétards dans les rues, sur les toits et jusque dans l’intérieur des maisons, (4)
décembre 1918 : chaque ménage ne dispose ce mois-ci que de 50kg de charbon…(4)
Libération des classes 1887-1888-1889. (8)
Le mardi 3 décembre 1918 arrivent à Taverny 3 batteries du 120ème d’artillerie lourde. Les pièces de 155 sont alignées sur la place de la mairie. Pendant leur séjour dans notre localité, les artilleurs donnent un assez grand nombre de bals – cinémas – certains hommes sont employés à reboucher les tranchées dans la forêt. (8)
Le 3 décembre 1918, on commence à allumer, de place en place, quelques becs de gaz. (8)
L’armistice est prolongé jusqu’au 17 janvier 1919. Ce nouveau traité est signé à Trèves.
Petit à petit, on démobilisa …, et la vie reprit : joyeuse, dans les foyers réunis, mais triste, hélas ! Dans ceux, nombreux, que la mort avait frappés. (4)
Petit à petit, les mobilisés, redevenus civils, retrouvaient leur foyer, ou se hâtaient d'en fonder un (2)
Saint-Leu-la-Forêt comptait 150 morts, parmi ses mobilisés ...des plaques commémoratives furent posées à l'Eglise, puis à la Mairie. (2)
1919
Au moment où se lève la nouvelle année, l’espérance et l’impatience se manifestent un peu partout. On attend anxieusement le retour des prisonniers civils et militaires qui sont encore sous le joug allemand. On trouve que la démobilisation ressemble plutôt à l’immobilisation ; nos braves poilus souhaiteraient une plus grande activité. Les services publics fonctionnent très mal ; on ne cause que d’embouteillages dans nos ports, dans nos gares, dans nos postes. Une lettre adressée d’Enghien a mis 12 jours pour arriver à Taverny. Tout courrier arrive avec plusieurs jours de retard.Le commerce et l'industrie souffrent de cet «état de choses qui cloche de partout. (8)
La fin des hostilités donne libre cours aux discussions. Le parti chauvin regrette que la guerre se soit terminée si vite « sans la précipitation de conclure la paix de Wilson, nous prenions la grande offensive le 12 novembre 1919 et l'armée allemande était écrasée ». Dans le parti ouvrier, le président Wilson est porté aux nues « Grâce à Wilson, nous aurons la société des Nations, le désarmement général etla suppression des guerres ». (8)
Depuis le début de la guerre, nous nous sommes toujours plaints de la cherté de la vie. Que dire aujourd'hui où le coût de la vie a triplé ! (8)
Les premiers jours de la nouvelle année nous apportent des inondations un peu partout. La Seine devient menaçante,
15 janvier 1919 fin de l'Hôpital auxiliaire N°104
Le 16 janvier 1919, un nouvel armistice est conclu à Trèves entre l'Allemagne, la France et l'Angleterre, jusqu'au 17 février 1919, Les nouvelles conditions obligent l'Allemagne à livrer des machines agricoles, des sous-marins, des navires de commerce etc, les alliés prennent le droit d'occuper les forts de la rive droite du Rhin en avant de Strasbourg, (8)
Les 24 et 25 janvier 1919, grève des transports parisiens. (8)
Ebert est élu président de la république allemande
Le conseil supérieur de la guerre fixe les conditions d’un nouvel armistice : désarmement complet de l’Allemagne au point de vue militaire naval, aérien et financier – interdiction de toute opération contre la Pologne – convention provisoire assurant les délais de négociation.
Mort du général Mornier, gouverneur de Paris.
A Paris « les baraques Clémenceau » sont un sujet de conversation. Il doit être vendu dans ces baraques des articles à des prix modérés pour lutter contre la vie chère. (8)
L’armistice est renouvelé le 16 février 1919 pour une période courte sans date d’expiration à laquelle les puissances alliées et associées se réservent le droit de mettre fin sur un préavis de trois jours.
Le général Berdoulat est nommé gouverneur de Paris
Le 19 février 1919, attentat contre monsieur Clémenceau. Le Président du conseil est blessé d’une balle de révolver dans son automobile. Cottin, l’assassin est arrêté. (8)
Les démobilisés toucheront une indemnité de 250 francs, 15 francs par mois dans les unités non combattantes ou 20 francs par mois de service dans les unités combattantes. (8)
1er mars 1919 passage à l’heure d’été.
Raoul Villain l’assassin de Jean JAURES. Après cinquante-six mois de détention préventive, la guerre achevée, son procès est organisé devant la Cour d’assises de la Seine. Villain a la chance de n’être jugé qu’en 1919, dans un climat d’ardent patriotisme. Lors des audiences qui se déroulent du 24 au 29 mars, ses avocats, dont le grand pénaliste Henri Géraud, mettent en avant sa démence. Ils argumentent aussi sur l’acte d’un homme isolé, ce qui résultait de son interrogatoire par Célestin Hennion, le préfet de police de Paris, dans la nuit du 31 juillet 1914. Il est acquitté le 29 mars 1919 par onze voix sur douze, un juré ayant même estimé qu’il avait rendu service à sa patrie : « Si l’adversaire de la guerre, Jaurès, s’était imposé, la France n’aurait pas pu gagner la guerre. » La veuve de Jaurès est condamnée aux dépens (paiement des frais du procès).
14 mars 1919, le 3e conseil de guerre de Paris, juridiction militaire, condamnait à la peine de mort Émile Cottin, l’anarchiste qui avait blessé de plusieurs balles Clemenceau le 19 février précédent.
Raoul Villain s’exile alors à Santa Eulalia, plus précisément à la cala San Vicente, sur l’île d’Ibiza dans les Baléares, où les locaux le surnomment « le fou du port ».Peu après le début de la guerre d’Espagne en juillet 1936, l'ile tombe rapidement aux mains des franquistes, puis est reconquise par les républicains, qui la quittent rapidement. Celle-ci est alors reprise par des groupes anarchistes, mais l'île est bombardée par l'aviation franquiste et dans le chaos, le 13 septembre 1936, les anarchistes l’exécutent pour espionnage au profit de l’armée franquiste, sans que l'on sache s'ils savaient qui il était …
Cottin est gracié. La peine capitale est commuée en dix ans de réclusion.
La journée de 8 heures et la réforme électorale sont votées.
Mécontente d’une déclaration du président Wilson qui refuse Fiume à l’Italie, la délégation italienne quitte Paris.
1er mai 1919 chômage presque général dans toute la France. Bagarres sanglantes à Paris.
Nombreuses grèves dans la région parisienne ; situation très grave ; augmentation du coût de la vie. (8)
Le traité de Paix est communiqué aux Allemands au château de Versailles.
L’affaire Landru
Les Allemands ont jusqu’au 28 juin 1919, 7 heures du soir, pour accepter les conditions définitives de paix. Vifs incidents à Versailles. Les plénipotentiaires allemands sont sifflés par le public et reçoivent des pierres. M Clémenceau révoque le préfet de Seine et Oise Chaleil et M Oudeille, commissaire spécial, pour défaut de mesures d’ordre.
La délégation allemande décide de rejeter les conditions des alliés Démission du cabinet italien et du cabinet allemand.
Les équipages allemands coulent leur flotte internée aux Orcades (73 navires sont coulés).
Des drapeaux français sont brûlés en Allemagne.
Cette fois, nous arrivons au dénouement du grand drame ; il n’y a plus aucun doute l’Allemagne capitule. L’assemblée de Weimar décide de signer la paix par 237 voix contre 138 et 5 abstentions.
Le 23 juin 1919, l’Allemagne capitule sans conditions.
Les Allemands s’expliquent par cette note adressée à M. Clémenceau : « Il est apparu au gouvernement de la république allemande consternée par la dernière communication des gouvernements alliés et associés que ceux-ci sont décidés à arracher à l’Allemagne par la force l’acceptation des conditions de paix même de celles qui, sans présenter une signification matérielle, poursuivent le but de ravir au peuple allemand son honneur. Ce n’est pas un acte de violence qui peut atteindre l’honneur du peuple allemand. Le peuple allemand, après des souffrances effroyables de ces dernières années n’a aucun moyen de le défendre par une action extérieure. Cédant à la force supérieure et sans renoncer pour cela à sa manière de concevoir l’injustice inouïe des conditions de paix, le gouvernement de la république allemande déclare qu’il est prêt à accepter et à signer les conditions de paix imposées par les gouvernements alliès et associés.
Le traité de Versailles de 1919 est un traité de paix signé entre l'Allemagne et les Alliés à l'issue de la Première Guerre mondiale.
Élaboré au cours de la conférence de Paris, le traité fut signé le samedi 28 juin 1919, dans la galerie des Glaces du château de Versailles et promulgué le 10 janvier 1920. Il annonça la création d'une Société des Nations et détermina les sanctions prises à l'encontre de l'Allemagne et de ses alliés. Celle-ci, qui n'était pas représentée au cours de la conférence, se vit privée de ses colonies et d'une partie de ses droits militaires, amputée de certains territoires et astreinte à de lourdes réparations économiques. Ces indemnités restent cependant inférieures, par rapport à la richesse nationale, à ce que la France avait dû payer aux Alliés en 1815.
Le lieu de la signature du traité permet à la France d'effacer symboliquement l'humiliation de la défaite lors de la guerre franco-allemande de 1870. C'est en effet dans la même galerie des Glaces, au château de Versailles, qu'avait eu lieu la proclamation de l'Empire allemand, le 18 janvier 1871.
Choix de la date
La signature du traité de Versailles le 28 juin 1919 commémore le 28 juin 1914, date de l'attentat de Sarajevo, cause de l'ultimatum austro-hongrois adressé à la Serbie, dont le refus a déclenché la Première Guerre mondiale.
nditions de la rédaction et de la signature du trait
On invita des représentants de territoires du monde entier à la conférence de paix, mais aucun responsable des États vaincus et de la Russie, qui avait quitté la guerre en 1917. Certaines personnalités eurent une influence déterminante. On en retient habituellement les dirigeants de cinq des principales puissances victorieuses : Lloyd George, Premier ministre britannique, Vittorio Orlando, président du Conseil italien, Milenko Vesnić ministre de Serbie, Georges Clemenceau, son homologue français et Woodrow Wilson, le président des États-Unis.
Chaque représentant est libre de travailler à la rédaction du traité, mais les positions de ces hommes divergent. Le président américain veut mettre en place la nouvelle politique internationale dont il a exposé les principes directeurs dans ses Quatorze points. Pour lui, la nouvelle diplomatie doit être fondée sur le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et sur la collaboration entre États. Il dispose d'un grand prestige et surtout d'une puissance économique sans égale, face aux Européens ruinés et saignés. Il cherche à ménager l'Allemagne, à la fois pour éviter que le esprit revanchard ne s'y développe et pour y retrouver un partenaire économique. Les responsables anglais tiennent aussi à laisser à l'Allemagne une certaine puissance. Fidèles à leur théorie d'équilibre entre les puissances, et peu conscient que la France sort très affaiblie du conflit, ils tiennent à empêcher la France d'acquérir une hégémonie en Europe continentale. Clemenceau, au contraire, cherche à imposer de lourdes indemnités pour limiter la puissance économique et politique de l'Allemagne, et pour financer la reconstruction de la France.
L'affaire de Fiume
Article détaillé : Régence italienne du Carnaro.
La signature du traité fut retardée de plusieurs mois par le coup de force de Gabriele D'Annunzio qui s'empara de la ville de Fiume. Il fallut attendre l'intervention de la marine italienne en décembre 1920 pour que le traité de Rapallo, instaurant l'État libre de Fiume, puisse s'appliquer et permettre la proclamation officielle du traité de Versailles. C'est lors de ces événements que Georges Clemenceau fait appel au général Humbert, mis à disposition de son gouvernement militaire quelques mois plus tôt par le général Mordacq, et l'envoie en Adriatique par Fiume et les territoires revendiqués par les Italiens. Les forces interalliées dans les Balkans et l'Adriatique constatent cet impérialisme italien qui se porte à l'encontre de l'esprit du Traité de Versailles embryonnaire ; Lloyd George et Georges Clemenceau s'inquiètent de ce comportement agressif qui prolonge les tensions de la fin de guerre, tandis que Woodrow Wilson voit par ces revendications une menace au « droit des Serbes et des Slaves à disposer d'eux-mêmes ». La prise de Fiume laisse entrevoir le militarisme et le nationalisme de l'Italie six ans avant Mussolini.
Contenu
La première partie établit une charte pour une Société des Nations. Elle reprend l'idéal wilsonien d'une diplomatie ouverte, organisée par un droit international. La treizième partie pose les principes du Bureau International du Travail. Le reste du traité est essentiellement consacré aux conditions de la paix en Europe. Un principe, énoncé à l'article 231, structure l'ensemble : l'Allemagne et ses alliés sont déclarés seuls responsables des dommages de la guerre (que l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie avaient effectivement déclarée en 1914). Ce principe justifie les exigences très lourdes des vainqueurs à l'égard de l'Allemagne. Les principales dispositions du traité sont :
Remaniements territoriaux
La seconde partie du traité définit les frontières de l'Allemagne, mais dans plusieurs régions, le tracé définitif est remis à plus tard. L'indépendance des nouveaux États de Pologne et de Tchécoslovaquie est également affirmée. L'indépendance de l'Autriche est également protégée : il est interdit à l'Allemagne de l'annexer (art. 80).
L'Allemagne se voit amputée de 15 % de son territoire et de 10 % de sa population au profit de la France, de la Belgique du Danemark, et surtout de la Pologne, nouvellement recréée. Il s'agit essentiellement de régions qu'elle avait naguère conquises par la force. Les principales transformations territoriales sont :
la restitution à la France de l'Alsace et de deux départements lorrains (La Moselle et La Meurthe) (art. 27) ;
l'intégration à la Belgique des cantons d'Eupen et de Malmedy, dont la Vennbahn (art. 27) ;
la possibilité pour le Danemark de récupérer certains territoires du nord de l'Allemagne où se trouvent des populations danoises. La décision doit être soumise à un vote de la population locale. (art. 109 à 111). Le référendum est mené en 1920. Les villes d'Aabenraa, Sønderborg et Tønder, et leurs environs passent alors au Danemark
Le Territoire du Bassin de la Sarre est placé sous administration internationale pour 15 ans. Son statut définitif doit être soumis à référendum.
D'importants territoires qui se trouvaient dans l'est de l'Allemagne sont attribués au nouvel État polonais (art.28). Dans certaines régions, le statut définitif n'est pas décidé. Il doit être déterminé par une commission ou par un référendum dans la zone concernée (art 87 à 93). Dantzig devient une ville libre, ce qui garantit l'accès de la Pologne à la mer, mais a aussi pour effet de séparer la Prusse orientale, restée allemande, du reste de l'Allemagne.
Dispositions militaires
De nombreuses mesures sont prises pour limiter le pouvoir militaire de l'Allemagne et protéger ainsi les États voisins. Les clauses militaires forment la cinquième partie du traité.
L'Allemagne doit livrer 5 000 canons, 25 000 avions, ses quelques blindés et toute sa flotte (qui se sabordera dans la baie écossaise de Scapa Flow).
Son réarmement est strictement limité. Elle n'a plus droit aux chars, à l'artillerie et à l'aviation militaire.
Son armée sera limitée à un effectif de 100 000 hommes et le service militaire aboli.
La rive gauche du Rhin, plus Coblence, Mayence et Cologne, sont démilitarisées.
Dispositions économiques et financières
Page couverture de la version en anglais du traité. (Document publié vers le 28 juin 1919.)
À la suite des dommages de guerre causés pendant toute la durée de la guerre dans le Nord de la France et en Belgique, l'Allemagne - considérée comme principale responsable de la guerre - doit payer de fortes réparations à ces deux pays. Le montant à payer est fixé par une commission en mai 1921. Il s'élève à 132 milliards de marks-or, une somme très élevée. Le montant total des dommages causés par la guerre aux alliés a toutefois été estimé à 150 milliards de marks-or.
Plusieurs sanctions commerciales et des livraisons en nature complètent ce volet économique : l'Allemagne perd la propriété de tous ses brevets (l'aspirine de Bayer tombe ainsi dans le domaine public). Les fleuves Rhin, Oder et Elbe sont internationalisés et l'Allemagne doit admettre les marchandises en provenance d'Alsace-Moselle et de Posnanie sans droits de douane. En outre, le pays doit livrer aux Alliés du matériel et des produits.
Renoncement de l'Allemagne à son empire colonial
Dans la quatrième partie du traité, l'Allemagne, toujours à titre de compensations, est sommée de renoncer à son empire colonial. Il s'agit pour les puissances victorieuses d'agrandir leurs empires coloniaux aux dépens de l'Allemagne, mais aussi de punir moralement l'Allemagne. L'Allemagne, responsable de la guerre, avait commis auparavant des actes de barbarie, notamment le massacre des Héréros (1904-1911, en Namibie). En ce sens, elle est incapable d'assumer la mission civilisatrice que les contemporains attachent au colonialisme. C'est ainsi que, au sein des Alliés, les puissances coloniales riveraines des possessions allemandes en Afrique (Grande-Bretagne, France, Belgique et Union sud-africaine) se partagent ces dernières : le Cameroun, le Togo, l'Afrique-Orientale allemande (actuels Tanzanie, Rwanda et Burundi) et le Sud-ouestafricain (actuelle Namibie). Cette dernière colonie allemande a déjà été conquise militairement en 1914-1915 par l'Union sud-africaine, qui la reçoit en mandat par la SDN en 1920. Dans la foulée, l'Allemagne devra également renoncer à ses intérêts commerciaux (ses comptoirs et ses conventions douanières) de par le monde (Chine, Siam, Maroc, Égypte, Turquie, etc.).
Les traités annexes
Répartition des peuples européens du sud et de l'est avant le conflit.
Des traités annexes au traité de Versailles sont signés séparément avec chacun des vaincus : Les traités de Saint-Germain-en-Laye puis du Trianon avec l'Autriche-Hongrie qui est partagée en :
Une Autriche réduite au territoire majoritairement occupé par des germanophones ;
un État hongrois indépendant, réduit au territoire majoritairement occupé par des magyarophones, moins certains comtés de Slovaquie, Voïvodine et Transylvanie, notamment ceux enclavés dans d'autres majorités linguistiques ;
La Tchécoslovaquie, État principalement binational (Tchèques et Slovaques), mais avec une forte minorité germanophone (Sudètes) et d'autres minorités : polonaise, hongroise, ruthène.
d'autres parties de son territoire vont à :
La Roumanie (la Transylvanie avec de fortes minorités hongroise et germanophone, enclavées au milieu des Roumains) ;
L’Italie (les provinces germanophone de Bolzano et italienne de Trento, la ville de Trieste, la péninsule de l'Istrie et la ville de Zara en Dalmatie). Toutefois, la province de Bolzano est officiellement bilingue depuis la 2e moitié du XXe siècle, grâce à Alcide de Gasperi (nom allemand : Süd Tirol Bozen Provinz).
pour répondre aux vœux de la majorité des Slaves du sud à l'époque, et pour récompenser la Serbie, une fédération des Slaves du sud est créée : la Yougoslavie (dite alors officiellement Royaume des Serbes, Croates et Slovènes), comportant Serbie, Monténégro, Croatie et Slovénie, plus la Bosnie-Herzégovine (région multinationale) et une minorité hongroise en Voïvodine. Cette clause du traité de Versailles sera abrogée en 2003, et son abrogation, définitivement effective en 2006 : La Yougoslavie n'existe plus. Cependant, les anciennes régions austro-hongroises (Slovénie et Croatie), sont des pays à part entière, membres de l'UE (XXIe siècle).
L'Entente signe le traité de Neuilly-sur-Seine avec la Bulgarie, et celui de Sèvres avec l'Empire ottoman.
Le traité de Paix, signé à Versailles, le 18 juin 1919, semblait mettre le point final aux nombreuses épreuves que la France avait connu, mais réservait, hélas ! Bien de mauvaises surprises qu'on ne soupçonnait pas … (2)
Acceptation du traité de paix par les allemands
Le matin du 24 juin 1919 à 8 heures une dépêche de Mr le Préfet annonce officiellement à Mr le Maire, l’acceptation par les allemands, hier, 23 juin, à 5 heures du traité de paix présenté par les alliés
Dépêche ainsi conçue :
Veuillez dès réception de ce message prendre toutes les dispositions nécessaires pour que cloches d’églises sonnent à toute volée à l’occasion de l’acceptation des conditions de paix par l’Allemagne. En outre concertez vous s’il y a lieu avec les autorités militaires pour que salves d’artilleries soient tirées à blanc.
Mr le Maire, à 10h1/2se présente aux écoles et 1é élèves garçons sont envoyés sonner les cloches jusqu’à 11 heures. En même temps des drapeaux sont arborés aux fenêtres de la mairie.
Les cœurs sont réjouis de voir enfin se terminer la sanglante tragédie de cinq années bientôt de calamités et de deuils.
Le samedi 28 juin, dès la première heure arrive une dépêche officielle prescrivant pour le soir, à l’occasion de la signature de la Paix que doit être donné au château de Versailles (galerie des glaces) à 3 heures ; le pavoisement des monuments publics et en même temps congé aux enfants des écoles.
Une seconde dépêche vient ensuite corroborer la première et indique aussi l’illumination des édifices publics.
Le soir, après les nouvelles reçues de Paris, annonçant que les signatures des allemands, des puissances alliées ont été données, la commune prend son air de fête, les drapeaux sont arborés aux maisons particulières, la Mairie s’illumine de sa rampe de gaz, les pétards résonnent et claquent de toutes parts. (10)
Le samedi 28 juin 1919, la paix est signée à Versailles. Les réjouissances commencent, les drapeaux alliés ornent les fenêtres, le 24 juin, à Taverny, les cloches de l’Eglise carillonnent en fête, le canon annonce que le grand jour si longtemps attendu est enfin arrivé. Il faut cependant reconnaître que l’emballement du public ne fut pas aussi vif que le jour de l’armistice.
Le 9 juillet 1919, l’Allemagne ratifie le traité de paix.
Les fêtes de la victoire
Je ne me sens pas assez d’aptitudes pour décrire mon impression sur ces journée inoubliables des 13 et 14 juillet 1919 à Paris. Plus de 4 millions sont dépensés par l’état pour célébrer ces magnifiques fêtes. Le 13 juillet, la foule est déjà nombreuse. Plusieurs cérémonies se déroulent à l’Etoile, à l’Hôtel de ville, aux Tuileries, puis c’est la Veillée des armes à l’Arc de Triomphe, autour du cénotaphe. A 7 heures du soir, je remarque des milliers vde personnes déjà installées pour voir le défilé qui ne passera que lez lendemain à 9h du matin.
Le 14 juillet, les troupes alliées et françaises défilent sous l’arc de triomphe sous le commandement des maréchaux Foch et Joffre. Les troupes françaises, sous le commandement du maréchal Pétain. Les maréchaux, généraux, officiers et poilus sont acclamés par 4 millions de personnes qui s’entassent dans la foule, sur les bancs, des arbres, des échelles, les fenêtres ; les toits et les balcons sont surchargés par le public en délire qui jette des fleurs et de l’argent aux troupiers. Pendant le défilé, le canon tonne, les musiques militaires jouent, le public acclame l’armée et se découvre devant les drapeaux. Il n’est plus question d’antipatriotisme … Tout le monde est ému et impressionné. Le soir la fête continue ; illuminations, bals, cortèges lumineux, feux d’artifice etc.…. en un mot, ces fêtes furent splendides et il est à peu près certain que jamais Paris ne sera aussi beau et aussi enthousiaste.
20 décembre 1919 : les réverbères à gaz ne sont pas encore tous allumés la nuit sur la voie publique. (4)
1920
La gare de Saint-Leu-la-Forêt est transformée avec les ressources provenant de surtaxes perçues sur les prix payés par les voyageurs. (1)
Luise de Bettignies
Louise Marie Jeanne Henriette de Bettignies, née le 15 juillet 1880 à Saint-Amand-les-Eaux, morte le 17 septembre 1918 à Cologne, est un agent secret français qui espionna, sous le pseudonyme d’Alice Dubois, pour le compte de l’armée britannique durant la première Guerre mondiale.
Lilloise depuis 1903, elle décide, dès l’invasion allemande de la ville en octobre 1914, de s’engager dans la résistance et l’espionnage. Polyglotte (français-anglais-allemand-italien), elle dirige depuis son domicile de Lille un vaste réseau de renseignements dans le Nord de la France pour le compte de l’armée britannique et de l’Intelligence Service. Sous le pseudonyme d’Alice Dubois, elle centralise des informations sur les opérations de l'armée allemande qui, via la Dame blanche, réseau de renseignements de Walthère Dewé en Belgique, sont transmises aux Britanniques par les Pays-Bas restés neutres. On estime qu’elle sauve la vie de plus d’un millier de soldats britanniques pendant les 9 mois de sa pleine activité (janvier à septembre 1915).
Son réseau, le réseau Alice d’une centaine de personnes signala le jour et l’heure de passage à Lille du train impérial transportant le kaiser en visite secrète sur le front. Lors de l’approche de Lille, deux avions anglais surgirent et bombardèrent le train, mais manquèrent leur cible. Le commandement allemand ne comprenait pas la situation unique de ces quarante kilomètres de front « maudits » (tenus par les anglais) sur près de sept cents kilomètres de front. L’un des derniers messages de Louise de Bettignies fut d’annoncer la préparation d’une gigantesque attaque allemande pour début 1916 sur Verdun. L’information fut relayée au commandement français, mais celui-ci refusa d’y croire.
Louise de Bettignies est arrêtée par les Allemands le 20 octobre 1915 près de Tournai et condamnée à mort le 16 mars 1916 à Bruxelles, puis sa peine est commuée en travaux forcés à perpétuité. Détenue pendant 3 ans, elle meurt le 27 septembre 1918, à l'hôpital Sainte-Marie de Cologne, des suites d'un abcès pleural mal opéré.
Sa dépouille est rapatriée le 21 février 1920 et, le 16 mars 1920, une cérémonie funéraire est organisée à Lille au cours de laquelle elle reçoit à titre posthume la croix de la Légion d'honneur, la Croix de guerre 1914-1918 avec palme, la médaille militaire anglaise et est faite officier de l'ordre de l'empire britannique. Son corps est inhumé au cimetière de Saint-Amand-les-Eaux.
20 juin 1920 : l’état verse 2016 francs d’indemnités aux communes « pour bouchage de tranchées ». (4)
L’aviateur Adolphe Pégoud repose au cimetière Montparnasse à Paris où sa dépouille a été transférée en octobre 1920 avec cérémonie à Notre-Dame.
8 novembre 1920 (discussion du projet de loi relatif à la translation des restes du soldat inconnu)
11 novembre 1920 Plantation à Saint-Leu-la-Forêt d'un arbre de la victoire près du passage à niveau de la rue de Boissy (2)
1921
29 janvier 1921 De nouvelles classes, devenues nécessaires, sont crées à Saint-Leu, notamment dans la propriété Landrieux (angle rue Emile Bonnet et Grande-rue). (1)
192 ?…à Saint-Leu-la-Forêt dans l’entreprise de menuiserie Demange (rue de Chauvry angle rue de la Marée) fabrication industrielle des cercueils pour les morts de 14/18.
1922
14 août 1922 inauguration à SAINT-LEU LA FORET du monument aux 153 morts
Sous lequel sont enterrés, dans la crypte, 19 soldats, dont 4 décédés à l'hôpital auxiliaire N°104, les quinze autres sont des Saint-Loupiens morts au champ d'honneur. (1)
Les soldats, mort au Champ d'honneur, au front, ou des suites de leurs blessures, dont les restes avaient pu être identifiés, furent ramenés au cimetière de Saint-Leu-la-Forêt. Beaucoup d'entre eux furent inhumés dans le caveau de leur famille. Pour les autres, des cases furent réservées dans la crypte construite sous le Monument aux Morts qui se dresse dans l'allée principale du cimetière, et devant lequel, chaque année, le 11 novembre, vont se recueillir les délégations des Associations d'Anciens Combattants et des Sociétés Locales. (2)
À compléter par tous…
1-Saint-Leu-la-Forêt à travers les siècles - MAILLARD, André
2-Saint-Leu-la-Forêt (Val-d'Oise) - CAIGNARD, Henry
3-Mémoires Du Général GALLIENI Défense de Paris du 25 Août au 11 Septembre 1914
4-Domont Histoire d’un village d’Ile-de-France – François & Jacques BOUSQUET
5-Alfred DREYFUS Officier en 14-18 Souvenirs, lettres et Carnet de guerre
6-Objectif Taverny- Gérard SOURY
7-Taverny au XXe siècle-TEMOIGNAGES DE TABERNATIENS.
8- Taverny pendant le grand drame européen 1914-1918 par Albert VOISIN.
9- Paris est un leurre par BOISSEL, Xavier
10- Bessancourt
Les ponts détruits dans le Val d'Oise : Les ponts détruits
D'après un article pour Domont et sa région d'un contributeur voulant rester anonyme .